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«Pas de préservatif, pas de sexe», avertissent les femmes

Les jeunes femmes kényanes prennent peu à peu le contrôle de leur sexualité, selon une récente étude qui montre qu’elles sont de plus en plus nombreuses à utiliser des préservatifs pour éviter les grossesses, le VIH/SIDA et autres infections sexuellement transmissibles (IST).

Dans un mouvement de rejet du rôle traditionnellement passif de la femme lorsqu’il s’agit des questions liées à la sexualité, de plus en plus de jeunes femmes insistent maintenant sur le fait que «[sans] préservatif, pas de sexe», selon une étude menée par le groupe de recherche Infotrak Research and consulting, en collaboration avec ‘Eve girl’, un magazine féminin local.

Dans le cadre de cette étude, 2 400 femmes âgées entre 18 et 25 ans ont été interrogées dans les huit provinces que compte le Kenya, et les résultats ont montré que si 24 pour cent des jeunes femmes n’utilisaient pas de préservatif lors de l’acte sexuel, 54 pour cent d’entre elles l’utilisaient «en permanence».

Selon le gouvernement kényan, l’augmentation remarquable du nombre de jeunes femmes utilisant le préservatif n’est pas le fruit du hasard.

«L’intégration d’[une éducation sur le] VIH/SIDA dans les programmes scolaires de l’enseignement primaire et secondaire depuis 2002 a eu un impact positif», a dit à IRIN/PlusNews Alice Natecho, chargée de la communication du Conseil national de lutte contre le sida (NACC, en anglais). «Cela a aidé à rompre le silence autour de l’épidémie, avec pour résultat une hausse très importante de l’utilisation du préservatif chez les jeunes femmes.»

Le ministère de la Santé a fourni des efforts pour que la disponibilité des préservatifs soit élargie dans le cadre de son programme ‘Decentralised AIDS and Research Health’, un programme de distribution de préservatifs financé par la Banque mondiale, qui a considérablement accru le nombre de préservatifs mis sur le marché et a contribué à les rendre plus acceptables aux yeux des populations.

«Les statistiques de la distribution montrent une hausse importante du nombre de préservatifs demandés : 50 millions en 2002, 80 millions en 2003 et 110 millions en 2004», a dit le ministère dans un rapport publié en décembre 2005. «Si les tendances se confirment, le prochain plan triennal d’approvisionnement [2005-2007] devrait prévoir au moins 500 millions de préservatifs. Ces estimations n’incluent pas les 150 millions de préservatifs qui sont vendus chaque année.»

Allan Abong’o, l’un des auteurs de l’étude Infotrack, a souligné que le coût élevé et les effets secondaires des méthodes alternatives de contraception, sous forme de médicaments ou d’injections, ajoutés au fait que ces contraceptifs ne protègent pas des IST, ont rendu le préservatif plus attractif aux yeux des femmes.

Catherine Wanjiku, 22 ans, serveuse dans un restaurant populaire de Nairobi, la capitale kényane, a attribué la forte augmentation du nombre de femmes insistant pour utiliser des préservatifs aux campagnes vigoureuses de lutte contre le sida mettant en scène de jeunes musiciens très populaires et des vedettes de la télévision qui encouragent les populations à utiliser le préservatif.

«Tu ne peux pas ignorer l’existence de la maladie lorsqu’elle est peinte sur les murs, l’information sur les risques d’un comportement sexuel non protégé est partout : la radio, la télévision, les journaux, les affiches et panneaux publicitaires, et les pairs éducateurs, te rappellent le danger imminent», a-t-elle expliqué.

Les barrières culturelles qui ont longtemps empêché les jeunes femmes de contrôler leur vie sexuelle ont commencé à tomber avant l’apparition du VIH/SIDA, a-t-elle estimé.

«Quand tu sors pour un rendez-vous [amoureux], les sacs à main renferment beaucoup de secrets, parmi lesquels des préservatifs», a-t-elle dit. «Conscientes de la tentation d’avoir des relations sexuelles à risque, les jeunes femmes préfèrent avoir des préservatifs lorsqu’elles vont retrouver leur petit ami.»

Livingstone Ruhuni, un jeune habitant de Nairobi, a confirmé cette nouvelle exigence de protection de la part des femmes.

«C’est difficile d’avoir un rendez-vous [amoureux] avec une femme si tu n’es pas prêt à utiliser le préservatif», a-t-il dit.

Des résultats encourageants, mais il reste beaucoup à faire

En dépit de ces tendances encourageantes, l’étude Infotrack a aussi révélé des statistiques beaucoup moins roses : la plupart des femmes interrogées a dit avoir perdu sa virginité avant 16 ans.

Malgré un taux élevé d’utilisation du préservatif lors des premières relations sexuelles, les jeunes filles ont tendance à relâcher leurs efforts par la suite, avec pour conséquences des IST ou des grossesses non désirées, une tendance qui met en lumière la nécessité d’intensifier les efforts d’éducation.

Encore plus inquiétant, seul un tiers des femmes interrogées a admis être allé faire un test de dépistage du VIH. Ce taux peu élevé peut être attribué à la rareté des centres de dépistage et de conseil volontaires (CDV) dans plusieurs zones du pays : à peine neuf pour cent des répondantes dans les zones pauvres et semi-arides de la province Orientale, se sont faites dépistées. Elles sont plus nombreuses à Nairobi et dans la province de la Vallée du Rift, mieux équipés en CDV, où les chiffres atteignent 25 pour cent.

De nombreuses femmes ont aussi exprimé leurs craintes face à la stigmatisation et la discrimination auxquelles elles seraient confrontées si on découvrait qu’elles étaient séropositives, et seules 31 pour cent d’entre elles avaient discuté de questions liées à la sexualité avec des membres de leur famille, un signe que les barrières culturelles empêchant les femmes de discuter ouvertement de la sexualité restent présentes.

«Le pourcentage élevé de femmes qui ont peur de faire le test de dépistage appelle à mobiliser les générations plus jeunes qui ne sont pas infectées [au VIH] pour que ces dernières connaissent leur statut sérologique et se protègent contre les comportements sexuels à risque», a dit Abong’o d’Infotrack.

Mme Natecho du NACC a cité des problèmes logistiques, comme les transports ou un stockage inapproprié, ainsi que les conflits entre les principaux bailleurs de fonds sur les stratégies de lutte contre l’épidémie à adopter, parmi les raisons qui ont aussi retardé la distribution de préservatifs dans certaines régions du pays.

Le Kenya a un taux de prévalence national de 5,9 pour cent, mais les niveaux d’infection parmi les jeunes femmes atteignent 7,7 pour cent. Ces jeunes femmes sont deux fois plus susceptibles d’être infectées par le virus que les hommes de leur âge.

jlk/kr/he/kn/ail


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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