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Les enfants séropositifs passent entre les mailles du filet

La Zambie manque d’outils de dépistage du VIH pédiatrique et de personnel médical spécialisé, empêchant les enfants séropositifs de ce pays d’Afrique australe d’avoir accès aux traitements antirétroviraux (ARV).

Bien que le Conseil national de lutte contre le sida (NAC en anglais) ait suffisamment de médicaments ARV pour soigner quelque 19 000 enfants, 5 000 jeunes patients seulement ont accès à un traitement ARV.

On estime à 1,6 million le nombre de Zambiens vivant avec le VIH/SIDA – soit environ 17 pour cent de la population adulte. A l’heure actuelle, 75 000 personnes suivent un traitement ARV.

Les programmes d’accès aux traitements se mettent lentement en place et selon les analystes, les adultes séropositifs sont mieux pris en charge que les enfants porteurs du virus.

Mary Katepa, spécialiste en VIH pédiatrique au centre hospitalier universitaire de Lusaka, la capitale, a expliqué que la pénurie de tests de dépistage destinés aux enfants ralentissait la mise sous traitement des jeunes patients.

«A l’heure actuelle, nous ne disposons pas suffisamment de matériel pour faire subir des tests de dépistage du VIH aux enfants, notamment à ceux qui ont moins de deux ans», a-t-elle expliqué. «En conséquence, nous leur faisons subir des tests d’anticorps, mais un enfant né de femme séropositive acquiert les anticorps VIH de sa mère, transmis par le sang ou le lait.»

Le statut sérologique de l’enfant «ne peut être établi qu’après le 18ème mois qui suit la naissance. Alors, les anticorps de la mère sont en général éliminés du système de l’enfant. C’est également à cette période que l’on peut envisager de mettre un enfant sous traitement ARV», a-t-elle ajouté.

Le NAC et le Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (Onusida) tentent de compiler des statistiques sur le nombre exact d’enfants séropositifs en Zambie.

Selon le ministère de la Santé, sur les quelque 500 000 naissances enregistrées, environ 40 000 nouveaux-nés sont porteurs du virus. Entre 30 et 50 pour cent de ces derniers meurent avant leur deuxième anniversaire, a indiqué Justine Mwinga, porte-parole du NAC.

«La transmission du virus de la mère vers l'enfant in utero est la principale cause d'infection du VIH chez le nouveau-né. La plupart des enfants meurt malheureusement avant d’avoir subi un test de dépistage», a dit Mme Mwinga. «C’est la raison pour laquelle, nous souhaitons améliorer l’accès aux programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant et faisons subir un test de dépistage systématique à l’ensemble des femmes enceintes qui se rendent en consultation dans les hôpitaux et les cliniques du pays.»

Le ministère de la Santé s’est fixé comme objectif cette année de réduire de plus d’un quart le nombre de naissances d’enfants séropositifs, mais comme les autres pays de la région, la Zambie est confrontée à une grave pénurie de personnel de santé, les travailleurs sanitaires préférant émigrer à la recherche de meilleurs salaires et conditions de vie.

L’accès aux ARV pédiatriques a donc été entravé par un manque d’outils diagnostiques du VIH chez les nourrissons et une pénurie de travailleurs formés à la prise en charge du VIH/SIDA chez les enfants, a souligné Mme Mwinga.

Selon les résultats d’une étude menée en 2004 par le ministère de la Santé, la Zambie compte quelque 10 000 infirmières diplômées pour une population d’environ 10 millions d’habitants.

En outre, d’après une enquête effectuée récemment par le Fonds des Nations unies pour la population, Fnuap, chacun des services du plus grand hôpital de Zambie, le centre hospitalier universitaire de Lusaka, est pris en charge par une seule et unique infirmière.

«Comme les enfants ne peuvent s’exprimer, il est très difficile de les soigner», a expliqué Katuta Mulenga, conseiller en matière VIH/SIDA pour les enfants. «Nous nous reposons, en grande partie, sur les parents ou les tuteurs [pour obtenir des informations] et soigner l’enfant.»

Mais certains parents ne veulent pas que leur enfant subisse un test de dépistage, «même s’il y a des risques que ce dernier soit porteur du virus. Les choses deviennent plus faciles lorsque l’enfant malade a plus de 10 ans», a-t-il ajouté.

La Société de la Croix-Rouge zambienne, qui mène des programmes de sensibilisation au VIH/SIDA et de mobilisation de la communauté, a eu des difficultés à proposer des ARV aux enfants. Cependant, elle est parvenue à mettre une trentaine d’orphelins et d’enfants vulnérables sous traitement, dans le cadre de ses programmes de soins à domicile.

«S’il est très difficile de proposer des traitements à beaucoup d’enfants, c’est à cause du dosage. En effet, seules des personnes très spécialisées peuvent prescrire des médicaments à de jeunes patients, car la plupart des ARV s’adressent à des malades adultes», a reconnu James Zulu, porte-parole de la Société de la Croix-Rouge zambienne. «Les choses auraient été plus simples si les cliniques et les hôpitaux avec lesquels nous travaillions disposaient de médicaments pédiatriques.»

Etant donné que «la plupart des médicaments ARV contiennent des substances toxiques, nous sommes contraints d’attendre que l’enfant ait plus de dix ans pour lui prescrire un traitement. Malheureusement, beaucoup d’enfants meurent avant cet âge », a-t-il regretté.

«Nous exhortons donc le gouvernement à proposer davantage d’ARV pédiatriques afin de nous aider à étendre notre programme et à sauver des vies», a plaidé M. Zulu.

nm/go/he/cd/ail

[Article réalisé en collaboration avec la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : www.ifrc.org]

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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