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Fonder une famille, un droit pour tous

Phindile Madonsela, une jeune femme séropositive, a toujours utilisé un préservatif lors de ses rapports sexuels avec son partenaire. Mais un jour, le préservatif a craqué: quelques semaines plus tard, elle apprenait qu’elle était enceinte.

Avant qu’elle n’apprenne sa séropositivité, lorsqu’un «accident de préservatif» se produisait, Phindile se rendait dans une clinique locale où on lui délivrait une contraception d’urgence, communément appelée la pilule du lendemain. Mais cette fois-ci, elle n’est pas allée à la clinique car elle craignait d’être jugée par les infirmières.

Phindile Madonsela, une activiste membre du groupe de lutte contre le VIH/SIDA, Treatment Action Campaign (TAC), s'est alors trouvé en proie à des sentiments contradictoires.

«J’encourage les gens à utiliser des préservatifs, par conséquent, je me sentais coupable d’être enceinte», a-t-elle déclaré à PlusNews. «Mais j’ai dit aux gens : ‘même si je suis séropositive, j’ai le droit d’avoir un bébé’.»

N’ayant reçu aucun soutien de la part des conseillers ou des travailleurs sanitaires, elle s’est tournée vers les aînés de sa paroisse et vers sa mère.

«Ma mère était très en colère et ne voulait pas que j’ai un enfant. Elle ne croyait pas que je pouvais mettre au monde un bébé séronégatif», a-t-elle confié.

Grâce à son travail au sein du TAC, Phindile Madonsela savait qu’en prenant de la névirapine, un médicament antirétroviral (ARV) disponible auprès des services de santé publics, au moment de l’accouchement, puis en administrant une dose à son enfant peu après la naissance, les risques de transmission du virus étaient fortement réduits.

Elle savait également que pour éviter de contaminer son enfant, elle devait non pas l’allaiter, mais le nourrir avec du substitut du lait maternel. Sa petite fille a maintenant deux ans et est en bonne santé.

Selon le Guttmacher Institute, une organisation non gouvernementale (ONG) consacrée à la santé sexuelle et reproductive, les résultats d’une étude menée dans les pays développés et en voie de développement ont indiqué que le fait d’être séropositif ne réprimait pas le désir d’avoir des enfants.

En outre, de plus en plus de Sud-Africains séropositifs ont accès au traitement ARV qui prolonge l’espérance de vie. Par conséquent, les questions de la procréation et des moyens de fonder une famille en toute sécurité sont débattues.

Critiqué pour vouloir un enfant

Les travailleurs sanitaires ne disposent d’aucun cadre officiel qui puisse les guider lorsqu’ils informent les malades séropositifs sur leurs droits et leurs choix en matière de reproduction.

Le docteur Anna Amos, responsable de la santé des femmes au sein du ministère de la Santé, a signalé que des directives seraient élaborées et qu’un document serait publié en 2007.

«Je pense que le gouvernement s’est rendu compte qu’il y avait un besoin d’information dans ce domaine, mais pour l’instant, les démarches sont encore très désordonnées», a expliqué le docteur Vivienne Black du département de la recherche sur la santé reproductive et le VIH de l’université de Witwatersrand (RHRU en anglais).

Les patientes séropositives qui souhaitent avoir un enfant sont souvent blâmées par leur entourage, et parfois même par certains professionnels de la santé. Aussi celles qui ne sont pas aussi bien informées sur la question que Phindile Madonsela ne sont pas encouragées à connaître les différents choix qui se présentent à elles.

«La plupart des gens croit que les personnes séropositives n’ont pas le droit d’avoir des relations ou un enfant», a-t-elle dit.

Dans de nombreux pays, les travailleurs sanitaires incitent les femmes enceintes séropositives à avorter ou à se faire stériliser, a dénoncé la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH (ICW).

Malgré tous ces obstacles, les femmes et les hommes séropositifs sont de plus en plus nombreux à vouloir fonder une famille.

Dans les pays riches, plusieurs solutions s’offrent aux couples. Par exemple, ils peuvent se voir proposer un lavage du sperme, qui consiste à éliminer par des techniques de purification les cellules cibles du VIH mélangés aux spermatozoïdes.

Après avoir obtenu des spermatozoïdes purifiés et lavés, les médecins procèdent à une insémination. Grâce à cette technique, un homme séropositif peut devenir père sans risquer de transmettre le virus à sa partenaire séronégative ou de surinfecter sa partenaire séropositive.

Pour les couples sérodiscordants, où la femme est séropositive et l’homme séronégatif, la méthode de procréation la plus sûre est l’insémination artificielle.

Des techniques coûteuses et peu disponibles

Dans les pays en développement, où la plupart des femmes enceintes séropositives n’a toujours pas accès aux programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant (PTME), le lavage du sperme et l’insémination artificielle sont, en règle générale, des techniques qui ne sont pas proposées ou trop chères. En Afrique du Sud, seuls les établissements sanitaires privés les proposent.

«Nous savons qu’il existe des méthodes permettant aux femmes de tomber enceintes sans avoir de rapports sexuels, mais la plupart des femmes séropositives n’y a pas accès», a regretté Phindi Malaza, une activiste membre de AIDS Consortium, une organisation nationale regroupant diverses ONG engagées dans la lutte contre l’épidémie.

Dans le cadre des nouvelles directives qu’il est en train d’élaborer, le ministère de la Santé se penche sur le nombre de personnes que les services d’aide à la procréation pourraient intéresser et sur leur coût, a expliqué Mme Amos.

Selon Vivienne Black, si les services de santé de la reproduction destinés aux personnes séropositives n’ont pas fait figure de priorité jusqu’à présent, c’est parce que dans les mentalités, les personnes vivant avec le virus n’avaient pas le droit d’avoir des enfants.

«Comme un grand nombre de femmes n’a toujours pas accès aux programmes PTME, beaucoup d’enfants continuent à naître avec le virus», a-t-elle dit. «A mon avis, si l’on veut que les mentalités changent, il faut dans un premier temps promouvoir l’accès à ces services.»

Selon les chiffres avancés par le ministère de la Santé, 23 pour cent des enfants nés de mères séropositives, entre avril 2004 et avril 2005, étaient porteurs du virus. Des études ont prouvé qu’il était plus efficace d’administrer une combinaison de plusieurs médicaments ARV qu’une simple dose de névirapine afin de prévenir la transmission du virus de la mère à l’enfant.

Cependant, seules les femmes enceintes de la province du Cap occidental ont accès à cette combinaison médicamenteuse. En outre, si autant d’enfants continuent à être contaminés en Afrique du Sud, c’est parce que les mères ne reçoivent aucun soutien ou conseil et continuent d’allaiter leurs bébés.

Les couples séropositifs qui souhaitent fonder une famille, mais qui n’ont pas les moyens de subir un lavage du sperme ou une insémination artificielle, doivent suivre un traitement ARV et limiter leurs rapports sexuels à la phase féconde du cycle de la femme, a rappelé Vivienne Black.

Le couple doit également réfléchir à l’avenir de l’enfant au cas où l’un des partenaires, ou les deux, venaient à mourir prématurément d’une maladie liée au sida.

«Le problème avec le système de santé actuel, c’est que nous n’avons pas le temps d’aborder ces questions avec les patients», a déploré le docteur Black.

En effet, les services de planning familial accueillent des centaines de patients par jour et le personnel n’a pas été formé, ou que très peu, et ne sait quels conseils donner aux malades séropositifs.

Cependant, aucun de ces obstacles ne pourra décourager un homme et une femme qui ont décidé de fonder une famille.

«Si j’ai décidé d’avoir un bébé, je sais ce qui m’attend, mais je sais aussi que je suis libre et que j’ai des droits», a conclu Phindi Malaza. «Je ne laisserai jamais quelqu’un me dire que je n’ai pas le droit de devenir mère.»

ks/he/kn/cd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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