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La sous-alimentation annihile les bienfaits d’un traitement ARV

En Zambie, la sous-alimentation des personnes séropositives suivant une thérapie antirétrovirale (ARV) annihile les bienfaits du traitement, ont alerté les experts sanitaires.

«Chaque fois que je prends mes ARV le ventre vide, je commence à avoir des vertiges et parfois il m’arrive même de vomir. De façon générale, je me sens très faible et si je ne mange pas après avoir pris mon traitement, je dois aller me coucher quelques heures», a dit Elizabeth Mukwendi, qui compte parmi les milliers de malades séropositifs vivant à Lusaka, la capitale zambienne.

Lorsque son mari est tombé malade, «nous avons vendu tous nos biens, y compris notre unique voiture, afin de payer son traitement, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas d’argent pour acheter de la nourriture aujourd’hui. Les médecins m’ont souvent déconseillé de prendre les ARV à jeun, mais je sais que si je ne les prends pas, le virus risque de développer des résistances», a-t-elle ajouté.

Les médicaments ARV freinent la reproduction du virus dans les cellules et ralentissent la progression du sida. Cependant, prendre des médicaments sans avoir une alimentation équilibrée est tout aussi néfaste que ne pas observer un traitement, ont souligné les experts sanitaires.

«C’est comme si deux maux rongeaient le corps. Prendre des ARV le ventre vide ne fait qu’aggraver le problème. En effet, certains médicaments contiennent des substances toxiques et à défaut d’une alimentation équilibrée, ils peuvent se révéler nocifs pour l’organisme», a expliqué Nkandu Luo, professeur et ancien ministre de la Santé.

Le Président Levy Mwanawasa et son gouvernement distribuent gratuitement des traitements ARV afin de s’approcher le plus possible de l’objectif de l’accès universel au traitement d’ici à 2010.

Cependant, sur 1,6 million de Zambiens porteurs du virus (soit 17 pour cent de la population adulte sexuellement active), quelque 75 000 personnes seulement suivent une thérapie ARV.

Justine Mwinga, porte-parole du Conseil national de lutte contre le sida, a déclaré que le programme de traitement traversait une passe difficile car «en Zambie, le personnel de santé qualifié continue de s’expatrier en masse pour exercer dans d’autres pays. En outre, la plupart des établissements hospitaliers publics manquent cruellement de matériel médical et ne peuvent, par exemple, faire subir des tests CD4 aux patients.»

Un test CD4 permet d’évaluer la résistance du système immunitaire.

Jusqu’en 2005, les patients séropositifs devaient s’acquitter de dix dollars américains par mois pour recevoir un traitement ARV.

Depuis le mois d’avril 2006, l’ensemble des soins médicaux sont prodigués gratuitement dans les cliniques et les hôpitaux publics des zones rurales, des régions ravagées par l’insécurité alimentaire et la pauvreté.

Les malades reçus dans les établissements sanitaires des régions urbaines doivent payer jusqu’à deux dollars par mois.

«En Zambie, la pénurie alimentaire est plus importante et plus grave aujourd’hui qu’autrefois. Certaines familles, notamment dans les zones rurales, ne mangent qu’un jour sur deux. Dans certains foyers, chaque membre de la famille est contraint de jeûner un jour sur deux, y compris les personnes porteuses du virus et celles qui suivent un traitement», a souligné Nkandu Luo, consultant en matière de VIH/SIDA.

Au cours des dernières années, la Zambie est parvenue à enregistrer des excédents de maïs, la nourriture de base. Toutefois, le Programme alimentaire mondial (PAM) a fourni une aide alimentaire à quelque 555 000 personnes depuis le mois de juillet 2006.

Le gouvernement et les agences des Nations Unies n’ont pas encore déterminé le nombre de personnes séropositives souffrant de faim. Cependant, selon le Bureau central des statistiques, 68 pour cent des 11,7 millions de Zambiens vivent avec moins d’un dollar par jour.

Jo Woods, chargée de l’information au PAM en Zambie, a déclaré que la pénurie alimentaire qui frappait les foyers composés de personnes séropositives était un problème complexe.

«De toute évidence, la production [alimentaire] varie d’une région à l’autre. En outre, la période de soudure approche et les réserves alimentaires que la population avait accumulées lors de la récolte précédente s’épuisent», a dit Joe Woods.

Les habitants des villes «n’ont pas accès à la terre pour faire planter des cultures et n’ont parfois pas d’emploi. Par conséquent, la pauvreté est un véritable problème et les Zambiens n’ont pas les moyens d’acheter suffisamment de nourriture», a-t-il ajouté.

Des agences humanitaires, dont le PAM et la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, travaillent en collaboration avec le ministère de la Santé afin de mettre en place un programme d’intervention destiné aux personnes qui suivent une thérapie ARV, mais qui n’ont pas une alimentation conséquente.

Le PAM distribue des produits hyperprotéinés et du matériel agricole à quelque 9 610 personnes sous traitement ARV. La Société de la Croix-Rouge zambienne, quant à elle, fournit des suppléments alimentaires et propose des activités génératrices de revenus (élevage de bétail et de poisson) à près d’un millier de malades séropositifs.

«Ce que nous faisons en tant qu’agences humanitaires n’est pas suffisant, car l’épidémie de sida qui ravage la Zambie, et l’Afrique australe en général, est une question de vie et de mort. Nous devons faire beaucoup plus, mais nous nous heurtons à des contraintes budgétaires», a signalé Mukesh Kapila, chargé de la pandémie au sein de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, basée à Genève.

La meilleure façon de lutter contre le VIH/SIDA «n’est pas la mise sous traitement des patients. Le traitement donne de l’espoir aux malades, mais ce n’est pas la solution. Pour que le traitement soit efficace, les patients doivent avoir accès à la nourriture et aux informations sanitaires de base», a estimé Mukesh Kapila.

Jo Woods a indiqué que le projet d’aide alimentaire du PAM manquait de financement et que l’agence onusienne avait besoin de 7,8 millions de dollars américains pour la mise en place du programme en 2007.

[Article réalisé en collaboration avec la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge : www.ifrc.org]

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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