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La prévention positive

Lorsque Zodwa [un nom d’emprunt] a appris sa séropositivité, elle a vécu six mois douloureux avant de finalement se sentir capable d’annoncer son statut sérologique à son compagnon.

«Il fallait que je sache dans quel état d’esprit il se trouvait», a-t-elle confié. «Nous avions des rapports protégés, mais je craignais que le préservatif ne se déchire et je me sentais coupable.»

Bien que Zodwa ait reçu le soutien de son ami, le couple s’est défait quelques mois plus tard.

«Faire l’amour avec lui me rendait très mal à l’aise et par conséquent, notre relation n’a pas tenu», a déclaré Zodwa. «Maintenant, je suis avec quelqu’un qui est séropositif comme moi et les choses sont plus faciles, mais cela m’a pris du temps de considérer de nouveau la sexualité normalement.»

Les Sud-Africains porteurs du virus sont de plus en plus nombreux à avoir accès gratuitement aux médicaments antirétroviraux (ARV) et à vouloir mener une vie plus saine, ainsi l’amour et la sexualité gagnent inéluctablement en importance.

Les agents sanitaires doivent relever un défi de taille qui consiste à reconnaître les droits des personnes séropositives à avoir une vie sexuelle tout en les aidant à minimiser les risques sanitaires.

Même pour des couples dont les deux partenaires sont porteurs du virus, avoir des rapports sexuels non protégés présente des risques sanitaires graves.

Les gens vivant avec le VIH/SIDA sont plus susceptibles de contracter des infections sexuellement transmissibles (IST) que les personnes séronégatives et risquent de retransmettre le virus à leur partenaire, sous la forme d’une nouvelle souche ou d’une souche résistante au traitement.

A l’heure actuelle, outre les rapports sexuels sans pénétration, la seule protection contre de tels risques est l’utilisation de préservatifs masculins ou féminins.

«Les femmes membres de nos groupes de soutien qui continuaient à avoir des rapports sexuels [non protégés] avec leurs partenaires ne sont plus des nôtres aujourd’hui», a regretté Prudence Mabele, directrice de Positive Women’s Network (PWN, Réseau des femmes séropositives), une organisation destinée aux femmes porteuses du virus. «Nous devons parler de la prévention positive car pendant longtemps je ne pensais pas que la prévention me concernait.»

La majorité des campagnes de prévention s’adresse aux personnes qui ne sont pas porteuses du virus ou qui ne connaissent pas leur statut sérologique. L’Alliance pour la recherche sur les aspects sociaux du VIH/SIDA (SAHARA en anglais) effectue une étude dans huit pays africains afin d’expérimenter des interventions visant à réduire les comportements à risque au sein de la population séropositive.

Selon les résultats de la première phase de l’étude, sur les 1 054 participants séropositifs, 85 pour cent avaient des rapports sexuels. Parmi ces personnes sexuellement actives, 42 pour cent ont indiqué avoir eu, au cours des trois derniers mois, des rapports sexuels avec un partenaire qui ne connaissait par leur statut sérologique.

Vaincre les obstacles à la sexualité sans risque

En outre, l’étude a signalé que les participants qui ne révélaient pas leur séropositivité étaient beaucoup plus susceptibles d’adopter des comportements à risque – partenaires sexuels multiples, rapports sexuels non protégés – et de ne pas connaître le statut sérologique de leurs partenaires que les autres.

Selon le docteur Leickness Simbayi, chercheur auprès du Conseil sud-africain de recherche sur les sciences humaines (HSRC en anglais) et coordonnateur de l’étude dans quatre pays, la stigmatisation et la discrimination découragent les personnes séropositives à révéler leur statut et constituent un obstacle majeur à une sexualité sans risque.

Les personnes séropositives craignent de révéler leur statut sérologique pour des raisons concrètes. Par exemple, 40 pour cent des personnes participant à l’étude ont été victimes de discrimination et une sur cinq a perdu son domicile ou son emploi à cause de sa séropositivité.

En outre, les homosexuels porteurs du virus sont confrontés à une plus forte discrimination que les autres malades séropositifs. Une personne victime de stigmatisation éprouve des sentiments de honte et souffre de dépression, ce qui l’encourage à adopter des comportements sexuels à risque.

Lors de la prochaine phase de l’étude, SAHARA expérimentera deux interventions dont le but est d’aider les personnes porteuses du virus à combattre la stigmatisation, à révéler leur statut sérologique à leurs partenaires et à éviter les comportements sexuels à risque.

Dans le cadre de la première intervention, les participants seront en groupe et partageront leurs compétences et expériences. En revanche, pour la seconde intervention, ils seront reçus individuellement par des conseillers.

Les personnes séropositives ont signalé qu’elles recevaient davantage d’informations sur la santé sexuelle et reproductive de la part de groupes de soutien ou d’amis vivant avec le virus que de conseillers ou d’agents sanitaires.

«La majorité des travailleurs sanitaires ont de très mauvaises attitudes [à l’égard des personnes séropositives]», a déploré Zodwa. «Dès que vous leur dites que vous souffrez d’une IST, ils se mettent à porter des jugements, même s’il ne s’agit que d’une infection opportuniste.»

Pour le docteur Leickness Simbayi, les conseillers doivent cesser d’adopter de tels comportements à l’égard des personnes séropositives et être davantage formés. En outre, les conseillers sont submergés de travail et n’ont tout simplement pas le temps d’aborder ces questions avec leurs patients.

«Peut-être qu’il suffirait de former davantage de conseillers et l’on n’aurait plus besoin de mettre en place de nouvelles interventions», a-t-il suggéré.

Une personne séropositive rencontre un conseiller pendant quelques minutes dans le cadre des conseils post-test de dépistage, où elle est notamment informée sur les rapports sexuels à moindre risque.

Cependant, elle devra souvent attendre jusqu’à sa mise sous traitement pour être de nouveau accueillie par un conseiller. En outre, une fois que le patient débute une thérapie, la discussion avec le conseiller porte essentiellement sur l’observation du traitement et les effets secondaires.

«Nous encourageons sans cesse les gens à aller se faire dépister et à connaître leur statut, mais une fois qu’ils franchissent le pas et qu’ils apprennent qu’ils sont porteurs du virus, nous leur souhaitons ‘bonne chance’», a regretté Mark De Clark. «Un grand nombre de personnes ne sait pas ce que vivre positivement signifie vraiment.»

VIH ou non, la sexualité demeure

Catherine MacPhail, chercheur auprès de l’Unité de recherche sur le VIH et la santé de la reproduction de l’Université de Witwatersrand, à Johannesburg, préconise une démarche plus holistique qui engloberait à la fois les traitements, les soins ainsi que les informations sur la prévention et la santé de la reproduction.

«Nous devons aider les gens à adopter des comportements sexuels à moindre risque, et ce pour le restant de leurs jours», a-t-elle signalé.

Catherine MacPhail étudie actuellement la mise en place d’une intervention, semblable à celle prévue par SAHARA. Dans le cadre de cette intervention, Mme MacPhail se servira d’une technique appelée ‘entretien de motivation’ qui aidera les personnes vivant avec le VIH/SIDA à évaluer leurs comportements à risque et à décider de la manière de modifier ces comportements.

Selon Prudence Mabele, de PWN, les campagnes de prévention adressées aux personnes séropositives doivent tenir compte du fait que les gens, notamment ceux qui viennent d’apprendre leur séropositivité, ont des rapports difficiles vis-à-vis de la sexualité et qu’ils connaissent des sentiments de colère, de peur et de déni.

«Après avoir appris mon statut, pour moi, le sexe était synonyme de mort, et je n’ai pas eu de rapport sexuel pendant trois années», a-t-elle confié.

Des gens de son entourage refusent d’assumer leur responsabilité alors qu’ils ont contaminé leur partenaire, a-t-elle expliqué.

Mark De Clark, qui avait une relation stable avec son partenaire lorsqu’il a appris sa séropositivité, a déclaré avoir vécu une période difficile avec son compagnon.

«Il avait peur que je le contamine et j’avais peur de le contaminer. Pendant longtemps, la seule solution était de s’abstenir», a-t-il dit.

Cinq ans plus tard, M. De Clark et son partenaire sont toujours ensemble. «Mais même aujourd’hui, la peur persiste. En conséquence, tu prends beaucoup de précautions et ta vie sexuelle devient un peu ‘coincée’», a-t-il reconnu.

Pour Prudence Mabele, les discussions sur le sexe à moindre risque devraient être moins techniques.

«Ce n’est pas parce que vous avez subi un test de dépistage que vous n’avez plus de sentiments», a-t-elle rappelé. «Outre l’existence du virus, le sexe est censé être synonyme de plaisir.»

C’est avec ces idées en tête que Mme Mabele et son organisation organisent les ‘soirées de l’amour’ – des ateliers où des femmes séropositives discutent des différentes façons de mettre un peu de plaisir et de romance dans les pratiques sexuelles à moindre risque.

«[Ces ateliers] permettent aux participantes de se libérer partiellement de leur gêne. Dans notre culture, nous ne parlons pas beaucoup de la sexualité et il faut que cela change», a-t-elle conclu.

ks/he/cd/ail

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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