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Le combat d’un sergent-chef

Le sergent-chef Damiegou Carieri, sous-officier de l’armée togolaise, est monté au front il y a deux ans, dans le seul but de terrasser son ennemi, le VIH/SIDA, et de protéger ses frères d’armes.

Dépisté positif au VIH en décembre 2004, le sergent-chef n’a jamais cessé ses activités: à la tête d’une association de militaires vivant avec le VIH/SIDA, il enchaîne, avec énergie et conviction, les séances de sensibilisation, le plaidoyer en faveur du dépistage et les entraînements physiques.

«Mon statut sérologique n’a rien changé à ma vie de militaire», explique le sous-officier Carieri. «J’ai informé mes supérieurs que j’allais mener une lutte contre le VIH/SIDA au sein de l’armée et il n’y a pas eu de réticence».

L’armée togolaise bénéficie depuis 2002, année du lancement de l’opération Haute Protection (OHP) de programmes pionniers de vulgarisation des connaissances sur le VIH/SIDA et de dépistage systématique des soldats, qui ont permis de limiter la propagation de l’épidémie au sein d’un groupe à haut risque.

Selon l’ONG américaine Population Services International (PSI), le taux de prévalence du VIH parmi les des militaires togolais peut être estimé, en l’absence d’études ciblées, à plus de 25 pour cent, soit un militaire sur quatre, contre un taux national officiellement établi à 3,2 pour cent.

PSI considère qu’en tenant compte de la situation socio-économique togolaise, comparée aux pays voisins, le taux d’infection dans l’armée «doit être au moins trois fois supérieur au taux enregistré dans l’ensemble de la population adulte».

Dans l'une des ses plus récentes études sur la question, la Banque mondiale explique que les recrues dans l’armée, des hommes généralement jeunes, sexuellement actifs et souvent célibataires, peuvent céder à la pression du groupe, notamment quand ils sont cantonnés loin de chez eux.

«En temps de guerre, le risque de contracter le VIH et les infections sexuellement transmissibles, IST, peut sembler faible comparé au risque de décès au combat. Pour ces raisons, le personnel militaire présente souvent des taux d’IST et d’infection au VIH plus élevé que l’ensemble de la population», affirme l’institution financière.

Tentations

Le sergent-chef Cariari est bien placé pour connaître les tentations des hommes en uniforme et les risques qu’ils courent.

«J’ai une seule femme mais il m’est arrivé d’avoir des relations sexuelles avec d’autres femmes et c’est possible que ce soit par là que je me suis infecté», dit-il. «Ca peut arriver à tout le monde, car nul n’est parfait. En fait, la vérité c’est que 82 pour cent des personnes infectées l’ont été à travers les rapports sexuels non protégés, même si certains cherchent à faire croire le contraire.»

Pour le sous-officier, l’un des 450 pairs éducateurs qui sensibilisent les membres des forces armées du Togo aux modes de prévention et de soins, l’heure n’est pas à la condamnation mais au dépistage.

«Ce sont eux qui ne connaissent pas leur statut sérologique qui sont dangereux», estime-t-il. «Je veux me battre pour que [mes pairs] puissent le connaître à temps afin de pouvoir être pris en charge en cas de test positif et ainsi pouvoir continuer à exercer dans l’armée comme il se doit».

Le sergent-chef a appris son statut en 2004 lors d’un dépistage au centre du camp militaire Gnassingbe Eyadema, de Lomé, la capitale togolaise. Il avait alors 44 ans et tombait régulièrement malade.

«Un homme qui est en bonne santé ne doit pas tomber tout le temps malade. C’est parce que c’était mon cas que j’ai fait le test», raconte-t-il.

Et c’est tout aussi normalement que cet homme athlétique en a parlé à sa femme, toujours séronégative.

«C’est étonnant, mais c’est la preuve que sans le test, il ne faut rien avancer. Avec ma femme, je porte le préservatif : je la protège et je me protège», affirme le sous-officier.

Outre les sensibilisations aux moyens de prévention et de prise en charge, le programme Haute Protection prévoit le dépistage systématique des nouvelles recrues et un test au VIH tous les ans pour les membres des forces armées.

Ainsi, chacune des quatre principales bases militaires du Togo dispose d’un centre de dépistage anonyme, soit quatre centres pour 7 000 soldats et leurs 35 000 dépendants.

En 2005, après un an d’activités, le projet affichait des résultats jugés ‘remarquables’ par PSI, corroborés par une enquête de surveillance du comportement : 60 pour cent des soldats mariés affirmaient utiliser les préservatifs en-dehors de leur foyer, contre huit pour cent auparavant.

Selon PSI, près de 100 pour cent des soldats ont été concernés par ce programme Haute Protection. Et pour convaincre les plus réticents, Damiegou Carieri ne ménage pas sa peine, ni sa réputation.

«Je fais de la sensibilisation à visage découvert, je n’ai pas besoin de me cacher car c’est à nous, personnes infectées, de sortir parler aux gens pour qu’ils prennent conscience. Nous pouvons réussir à changer les gens», explique-t-il.

Pour l’y aider, et secourir «ceux qui tiennent difficilement le coup», il a fondé en août 2005 l’Association des militaires, anciens combattants, amis et corps habillés (Amacach), forte aujourd’hui de 147 membres.

«Mes camarades qui vivent avec le VIH ont le moral bas… mais avec les conseils des uns et des autres, ils arrivent à retrouver l’espoir», dit-il.

jeg/ab/cd

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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