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La société civile monte au front en faveur des minorités

Pour la première fois en vingt ans de lutte contre le VIH/SIDA, le Sénégal a décidé de s’attaquer aux difficultés rencontrées par les travailleuses du sexe, les homosexuels et les orphelins, accédant ainsi à de nouveaux financements internationaux.

Entérinée en août dernier par le plan stratégique de lutte contre le sida pour la période 2007-2011, cette réorientation de la stratégie du Sénégal en faveur des groupes les plus vulnérables a permis l’octroi, en novembre, d’une deuxième subvention du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, d’un montant de 28,9 millions de dollars pour cinq ans.

«C’est un grand pas que nous venons de franchir, au moins ils [les membres du Conseil national de lutte contre le sida, CNLS] ont accepté d’ouvrir leurs yeux», s’est félicitée Magatte Mbodj, secrétaire exécutive de l’Alliance nationale contre le sida (ANCS), qui représente au Sénégal le partenariat international Alliance, basé au Royaume uni, une ONG très active dans la prise en charge et la prévention au sein de ces minorités.

L’ANCS est depuis avril 2006 co-bénéficiaire, avec le CNLS, des subventions du Fonds mondial au Sénégal, depuis l’interruption du premier financement géré par la structure publique, faute de résultats.

Par conséquent, les deux récipiendaires des financements du Fonds sont jusqu’en 2008 en charge de la deuxième phase de la subvention de 2003, de l’ordre de trois millions de dollars, et de la deuxième subvention accordée ce mois-ci.

Selon Magatte Mbodj, l’ANCS n’a pas attendu la deuxième subvention pour commencer à financer des programmes, lancés dès le mois d’avril à destination des orphelins et des enfants vulnérables, des travailleuses du sexe et des homosexuels, mais aussi en faveur du dépistage et de la décentralisation des services de prévention.

«Avec l’argent de la deuxième phase, nous avions prévu d’intervenir auprès d’au moins 250 homosexuels et 1 700 travailleuses du sexe. En six mois d’exécution, on est déjà au-delà de l’estimation», a expliqué Magatte Mbodj. «Toutes ces composantes seront poursuivies et renforcées grâce à la deuxième subvention.»

Selon la proposition de l’ANCS, retenue par le Fonds mondial en novembre, 6 000 travailleuses du sexe et homosexuels, ainsi que plus de trois millions de jeunes gens et d’adultes, hommes et femmes, devront bénéficier d’un programme de prévention de la transmission sexuelle.

Quelque 5 000 personnes vivant avec le VIH et 2 000 orphelins seront pris en charge financièrement et psychologiquement dans huit des 11 régions du pays, identifiées comme les plus vulnérables et les moins soutenues par les partenaires au développement.

Jusqu’à 25 000 enfants seraient orphelins du sida au Sénégal et 5 000 enfants de moins de 15 ans seraient porteurs du VIH/SIDA, selon les Nations unies.

En outre, les financements du Fonds mondial accordés au CNLS permettront le renforcement des capacités de dépistage au VIH à travers le pays et la décentralisation des programmes de prévention de la transmission de la mère à l'enfant dans les cliniques prénatales.

L’institution internationale financera également l’achat des traitements antirétroviraux d’un tiers des patients vivant au Sénégal, soit 3 498 personnes d’ici 2011. Ces thérapies sont délivrées gratuitement par l’Etat depuis 1998.

«Il y a eu beaucoup de pression de la part de la société civile pour que les groupes vulnérables soient pris en compte par les autorités. Les chiffres nous ont donné raison. Quelle que soit la situation qui nous a emmené là, plus rien ne peut se faire aujourd’hui sans nous», a dit Magatte Mbodj.

Selon Mme Mbodj, le taux d’infection au VIH chez les prostituées et les homosexuels au Sénégal atteint respectivement 30 et 21,5 pour cent, des taux bien au-dessus du taux national de prévalence, estimé en 2005 à 0,7 pour cent de la population générale.

«Des taux aussi importants dans des groupes donnés signifient d’ores et déjà que c’est sérieux. Nous avons au Sénégal une épidémie de type concentré, qui fragilise les groupes qui ont un facteur de vulnérabilité comme les travailleuses du sexe, les pêcheurs ou les migrants», a-t-elle expliqué.

Mais jusqu’à présent, aucun programme spécifique n’avait été mis en œuvre au niveau national pour soigner et prévenir l’infection parmi ces populations dites ‘passerelles’», malgré les appels du pied des associations.

Ainsi, en janvier 2005, l’Observatoire de la société civile, un collectif d’organisations de lutte contre le VIH/SIDA dont font partie l’ANCS et l’ONG internationale Enda Tiers Monde, s’interrogeait publiquement sur la pertinence des stratégies nationales de lutte contre l’épidémie, en l’absence «d’objectifs clairs et de projets ciblés sur les orphelins, les prostituées, les populations vulnérables».

«Très tôt, les associations se sont intéressées à ces groupes spécifiques, à la façon de les encadrer, de renforcer leurs capacités et de les écouter», a expliqué Magatte Mbodj, ajoutant que l’ANCS met en œuvre ces programmes depuis 2000 malgré la lourdeur de l’environnement et des mœurs.

Comme dans la plupart des pays d’Afrique, l’homosexualité est illégale au Sénégal et toute personne qui s’adonnerait à ces pratiques sexuelles non acceptées ou douteuses s’expose à de sérieux problèmes dans ce pays d’Afrique de l’ouest conservateur et musulman à 95 pour cent.

sab/ab/cd


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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