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Les langues se délient sur la ligne d’écoute anonyme « Wegen »

Bien que son nom signifie ‘famille’ en amharique, la langue officielle de l'Ethiopie, la ligne d’écoute ‘Wegen’ doit sa popularité au soutien anonyme qu’elle apporte aux personnes qui cherchent des informations sur le VIH/SIDA, dans une société où la maladie est toujours un sujet tabou.

Lorsque que Wegen a été mise en service en septembre 2004, ce n’était qu’un projet pilote. Depuis, la ligne ne cesse d’étendre sa couverture, et plus de 70 000 personnes appellent gratuitement chaque mois.

Une équipe de conseillers composée de médecins, de sociologues et de psychologues propose ainsi un large éventail de services d’assistance : elle rassure les personnes qui craignent de subir un test de dépistage du VIH et informe celles qui s’interrogent sur les conséquences du non respect de la prise d’antirétroviraux (ARV) – le traitement qui allonge l’espérance de vie des personnes vivant avec le sida.

«Nous nous attendions à recevoir moins de 1 000 appels par jour, mais c’est 6 000 appels que nous recevons en réalité ! Nous n’aurions jamais cru que la ligne d’écoute serait si populaire», a expliqué Gashaw Mengistu, le coordinateur du Centre éthiopien de ressources sur le sida (AIDS Resource Centre) qui gère ce numéro vert.

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose et le Plan d’urgence du président américain contre le sida (Pepfar) financent en grande partie son budget annuel, évalué à 250 000 dollars.

«Dès la mise en service de la ligne, nous avons reçu 56 000 appels en un mois et nous avons décidé d’étendre la couverture. Nous sommes passés de huit lignes à 24 et travaillons désormais 39 heures par semaine, de huit heures à 24 heures au lieu de huit heures à 20 heures, comme lors du lancement du projet», a-t-il précisé.

Au début, les conseillers parlaient uniquement l’amharique et le tigrinya, deux langues parlées en Ethiopie. Aujourd’hui, ils s’expriment en six langues et la ligne est accessible depuis n’importe quelle région du pays.

Lorsqu’un correspondant appelle, il est orienté vers le conseiller le plus apte à répondre à ses préoccupations. Par exemple, la sociologue Genene Tariku s’occupe essentiellement de ceux qui souhaitent obtenir des conseils, soit environ huit pour cent des appels reçus.

«Ce qui me surprend le plus, c’est la manière dont les gens se sentent libres lorsqu’ils sont au téléphone. En règle générale, personne ne parle aussi ouvertement en Ethiopie», a-t-elle expliqué.

Elle a raconté qu’un jour, un jeune homme de 17 ans l’a appelé, pour lui raconter comment un autre homme l’avait forcé à avoir des rapports sexuels après une soirée bien arrosée.

Un numéro vert qui permet d’améliorer le système de santé

«Je ne pense pas qu’une personne parlerait de cela si elle se trouvait directement face à quelqu’un d’autre. Mais au téléphone, les gens vous racontent tout parce qu’ils savent qu’ils peuvent raccrocher s’ils ne se sentent pas à l’aise», a ajouté Genene Tariku.

Selon les membres de l’équipe de Wegen, le correspondant typique est un jeune homme qui n’a jamais subi de test de dépistage au VIH et qui vit à Addis Abeba, la capitale éthiopienne.

Les habitants d’Addis Abeba ont plus facilement accès au téléphone que le reste de la population. Selon Genene Tariku, l’usage des téléphones portables s’est également révélé très pratique.

«En Ethiopie, il y a toujours beaucoup de monde dans les maisons, il y a des gens dans la cuisine, dans le salon, etc. Et puis, c’est difficile d’appeler depuis un télécentre [une cabine téléphonique publique]. Par conséquent, l’accès gratuit depuis un téléphone portable joue un rôle crucial», a-t-elle dit.

L’équipe de Wegen cherche également à étendre les heures d’ouverture de ses services afin de permettre aux correspondants d’appeler lorsqu’ils sont seuls chez eux ou lorsque les membres de leur famille dorment.

Bien que 56 pour cent des 1,3 millions d’Ethiopiens qui vivent avec le virus soient des femmes, elles ne sont que 28 pour cent à composer le numéro vert.

D’une manière générale, il s’agit d’un problème qui, selon Gashaw Mengistu, doit être résolu, car, en Ethiopie, les hommes sont plus nombreux que les femmes à avoir accès aux services VIH, y compris au test de dépistage.

En outre, la ligne d’écoute fournit d’importantes informations aux responsables de la lutte contre le sida, en permettant notamment la création d’une base de données intégrant toutes les informations relatives aux correspondants : leur sexe, leur âge, le lieu de résidence et leurs commentaires.

«Lorsque nous apprenons, par exemple, que des médicaments périmés sont distribués, nous pouvons prévenir les autorités», a expliqué Gashaw Mengistu.

Ainsi, l’équipe de Wegen peut aider des patients à se soigner dans la capitale, même s’ils ont été renvoyés chez eux par les services médicaux de référence après la découverte de leur statut.

Mais selon M. Mengistu, il ne s’agit pas seulement de résoudre les problèmes des gens qui appellent. «Ils nous donnent aussi des idées sur la manière dont le système peut être amélioré».


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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