Selon des experts médicaux, la stavudine (également appelée zerit ou d4t), un médicament prescrit dans le cadre du programme sud-africain de distribution gratuite d’ARV, pourrait entraîner l’apparition d’acidose lactique chez certains patients, notamment les femmes présentant une surcharge pondérale.
Le docteur Henry Sunpath, se référant à une étude menée à l’hôpital McCord de Durban, une ville de la côte est, a indiqué que 14 des 849 malades qui avaient été placés en observation pendant six mois avaient développé une acidose lactique.
«Sur les 14 patients, trois, dont une infirmière membre de notre équipe médicale, ont succombé aux effets secondaires. Il y a donc matière à s’inquiéter et il est nécessaire de surveiller plus attentivement les patients au cas où ils réagiraient au traitement», a expliqué le docteur Henry Sunpath.
L’acidose lactique est une complication métabolique rare, mais grave qui se déclare lorsque l’acide lactique, au lieu d’être éliminé, est accumulé dans le sang et les cellules. Les symptômes sont des douleurs abdominales, des nausées, des vomissements et des faiblesses musculaires.
Il semblerait que l’acidose lactique soit provoquée par les analogues nucléosidiques (une catégorie de médicaments qui empêche que les cellules saines soient infectées par le VIH) et plus particulièrement par la stavudine.
«Ce n’est pas la vie de tous les patients qui est en jeu : des études menées aux Etats-Unis ont révélé qu’une prédisposition génétique semblait également être responsable du développement de l’acidose lactique. Ainsi, la population afro-américaine court davantage de risques de contracter cette maladie que le reste de la population américaine», a ajouté le docteur Sunpath.
Aux Etats-Unis, la stavudine a été progressivement supprimée des traitements ARV prescrits aux patients séropositifs et remplacée par le tenofovir, un médicament plus sûr approuvé par l’Agence américaine pour l’alimentation et les médicaments.
«A l’heure actuelle, la seule chose que nous puissions faire est de remplacer le d4t par l’AZT [zidovudine] chez les patients souffrant d’ [acidose] lactique. C’est la meilleure solution que nous ayons trouvée : le tenofovir présente plus d’avantages, ses effets secondaires sont plus faibles et il peut être prescrit sur une longue période avant que le patient ne développe naturellement une résistance», a expliqué Henry Sunpath.
Afin d’éviter l’apparition des effets secondaires, le docteur Sunpath conseille de remplacer le d4t par l’AZT, que ce soit pour les patients souffrant d’acidose lactique que pour ceux qui débutent pour la première fois une thérapie ARV.
Pourtant, plus de trois ans après que le laboratoire américain Gilead Sciences ait annoncé son intention de commercialiser le tenofovir à une plus grande échelle, le médicament n’est toujours pas disponible dans un grand nombre de pays en développement, au grand dam des activistes du monde entier.
Pour pallier au coût élevé du médicament, Gilead Sciences a récemment autorisé le laboratoire pharmaceutique sud-africain Aspen Pharmacare à produire et distribuer une version générique du médicament dans 95 pays, dont l’Afrique du Sud.
«Bien que minimes, les effets secondaire du d4t chez certains patients séropositifs ne doivent pas être négligés. (…) Nous pensons que le tenofovir permettra de nous attaquer à ce problème», a déclaré Stavros Nicolaou, haut responsable d’Aspen.
Le laboratoire a déposé une demande d’enregistrement du médicament auprès du Conseil sud-africain de contrôle des médicaments (MCC) il y a sept mois, selon Aspen.
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