«Parmi les plus jeunes détenus, certains sont obligés de coucher avec les plus vieux qui, en échange, leur donnent de la nourriture et les protègent», a expliqué Júlio Vicente Mundai, un mécanicien de 41 ans qui purge une peine de huit ans pour avoir volé une voiture.
Júlio Vicente Mundai a appris sa séropositivité après avoir subi un test de dépistage volontaire proposé par le service sanitaire de la prison.
Les relations homosexuelles au sein des prisons exposent les détenus au VIH/SIDA pour trois raisons : les hommes ont des rapports anaux non protégés, ils sont victimes de viols et sont exposés aux infections sexuellement transmissibles (IST).
L’homosexualité est un sujet tabou dans la société mozambicaine ; les responsables de la prison de Machava, dans la banlieue de Maputo, la capitale, refusent ainsi de distribuer des préservatifs aux détenus, l’homosexualité n’existant pas au sein du centre de détention.
Or, la position du Programme commun des Nations unies sur le VIH/SIDA (Onusida) est très claire: «Les contacts sexuels entre hommes sont fréquents dans les prisons pour hommes du monde entier et ne cesseront jamais. Il est donc primordial, compte tenu du risque élevé de transmission du VIH en milieu carcéral, de fournir des préservatifs et du lubrifiant à l’ensemble des détenus, soit par le bais de distributeurs soit dans le cadre d’une consultation en privé avec un médecin de l’établissement.»
Comme les visites conjugales sont interdites au sein des prisons mozambicaines, la plupart des prisonniers séropositifs déclarent avoir été contaminés avant leur incarcération, niant ainsi l’existence d’activités homosexuelles dans les établissements pénitentiaires.
«Parmi les détenus ayant subi un test de dépistage, certains ont été contaminés avant leur incarcération. Cependant, la majorité d’entre eux a été infectée en prison», a affirmé le docteur Noorjehan Abdul Magid, responsable médical de l’hôpital général de Machava.
Le surpeuplement, le climat général de violence, l’injection de drogue avec du matériel non stérilisé et les rapports sexuels non protégés font de la prison un lieu propice à la propagation du VIH.
Le manque d’information sur le virus et les équipements sanitaires adéquats favorise également la propagation de l’épidémie.
Cependant, le taux de prévalence du VIH au sein de la population carcérale mozambicaine n’est toujours pas clairement établi.
Des signes de changement
Le centre DREAM (Drug Resource Enhancement against AIDS and Malnutrition), mis en place par l’ONG catholique italienne Sant’Egidio, propose des programmes de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, des traitements antirétroviraux (ARV) et une aide nutritionnelle aux personnes séropositives. Mais il ne distribue pas de préservatifs au sein des prisons.
Or Amós Sibambo, coordinateur de Rensida, le réseau national d’associations de personnes vivant avec le VIH/SIDA, a expliqué que «la distribution de préservatifs dans les prisons n’encouragerait pas les pratiques homosexuelles, mais contribuerait plutôt à la prévention.»
Situé à à peine 300 mètres de la prison de Machava, le centre DREAM reçoit deux samedis par mois 26 détenus séropositifs, qui viennent faire des examens et recevoir leurs ARV.
Issufo Potina, un jeune homme de 30 ans, a débuté une thérapie ARV au centre alors qu’il était détenu à Machava, faussement accusé d’avoir tué sa femme. Il a été libéré 14 mois plus tard grâce à l’aide d’un prêtre et il est désormais engagé dans la lutte contre le sida.
Issufo Potina se souvient des difficultés qu’il a rencontrées lorsqu’il était incarcéré, dans un milieu insalubre où l’alimentation était inadaptée à son état de santé.
Chaque patient suivi par le centre DREAM reçoit un colis de 35 kg, contenant du riz, du soja, des arachides, de l’huile, du lait et des savons. Les animateurs proposent également des séances éducatives en matière de santé dans chacune des prisons du pays.
Selon le docteur Noorjehan Abdul Magid, la situation change peu à peu. «Autrefois, beaucoup de personnes mouraient en prison car elles ne recevaient pas de soins ; aujourd’hui elles sont moins nombreuses, cela prouve que les choses s’améliorent progressivement.»
Pour en savoir plus sur la position de l’Onusida
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