Des résistances aux médicaments antituberculeux apparaissent dans différentes régions du monde, mais dans la province du KwaZulu-Natal, sur la côte est de l’Afrique du Sud, des tuberculoses à bacilles ultrarésistants ont été récemment diagnostiquées et selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), il s’agit d’une maladie pratiquement incurable.
Les premiers rapports publiés sur cette TB à bacilles ultrarésistants ont indiqué que 53 personnes souffraient de cette maladie. Sur ces 53 personnes, 52 sont mortes dans les 16 jours qui ont suivi le diagnostic et les patients étaient tous des malades séropositifs sous traitement antirétroviral (ARV) - la tuberculose est la principale infection opportuniste liée au VIH/SIDA.
«La TB a toujours représenté un problème, mais l’apparition de la TB à bacilles ultrarésistants est de très mauvais augure pour l’Afrique australe, qui est ravagée par le VIH et la TB», a déclaré le docteur François Venter, membre de l’Association des cliniciens du VIH d’Afrique australe.
L’Afrique australe affiche l’un des taux de prévalence du VIH/SIDA les plus élevés au monde. En effet, dans certains pays de la région, un adulte sur cinq est porteur du virus. En Afrique du Sud, la TB touche la moitié de la population adulte et se présente la plupart du temps sous forme latente.
La TB est aussi contagieuse qu’un simple rhume : une personne peut être contaminée par un malade déjà infecté qui a toussé ou éternué dans un lieu confiné.
Les premiers symptômes de la maladie sont la perte de poids, la fièvre et une transpiration excessive pendant la nuit. Puis, à mesure que se développe le virus, le malade crache du sang. Lorsque la TB n’est pas traitée, elle est mortelle et attaque les poumons du patient.
Plusieurs facteurs favorisent le développement de résistances aux médicaments antituberculeux, notamment lorsque le patient n’a pas observé le traitement antibiotique qui lui a été prescrit, ou lorsque le traitement est de mauvaise qualité.
Or, près de 15 pour cent des patients atteints de TB normale n’observent pas le traitement de première ligne qui leur est prescrit, selon le Conseil sud-africain de la recherche médicale (MRC en anglais). Ce traitement doit être suivi pendant six mois et se présente sous la forme d’une combinaison de plusieurs médicaments antibiotiques.
Environ un tiers des malades souffrant de TB multirésistante ne suivent pas correctement leur traitement de deuxième génération. Ce traitement dure deux ans et requiert l’hospitalisation du patient pendant plusieurs mois.
D’autre part, le MRC a souligné que seule la moitié des cas de TB curables est en fait soignée. La tuberculose a tué plus d’un demi million de personnes en Afrique en 2004, d’après les Nations unies.
Des experts sanitaires de l’OMS, du Centre pour le contrôle de la maladie, basé aux Etats-Unis, ainsi que des représentants de la région et du pays se sont donc rencontrés la semaine dernière à Johannesburg pour discuter des moyens de lutter contre cette tuberculose à bacilles ultrarésistants.
«Nous devons commencer à élaborer des stratégies. Cette rencontre tentera d’esquisser une stratégie au niveau national et régional afin de lutter contre la TB à bacilles ultrarésistants et les autres formes de TB résistantes aux traitements», a affirmé l’une des coordinatrices de la réunion, le docteur Karin Weyer, membre du MRD.
Tous les participants craignent que la TB à bacilles ultrarésistants ne se propage rapidement en Afrique australe en raison du nombre élevé de personnes co-infectées au VIH et à la TB vivant dans la région.
Une personne dont le système immunitaire est affaibli par le VIH, par exemple, et qui est déjà atteinte de TB, est susceptible de développer une forme active de la maladie ou d’être contaminée par un autre individu.
La forme active de la TB est plus infectieuse que la forme latente. En outre, certains experts sanitaires pensent que la TB à bacilles ultrarésistants est encore plus virulente.
«Cette souche est déjà plus virulente que les autres, mais elle peut l’être encore plus», a expliqué le professeur Willem Sturm, microbiologiste à l’Ecole de médecine Nelson Mandela, à l’Université du KwaZulu-Natal.
Le professeur Willem Sturm et son équipe effectuent des recherches afin de déterminer si la TB à bacilles ultrarésistants a causé d’autres décès en Afrique du Sud. Ils cherchent aussi à identifier les personnes contaminées, dans le but de limiter sa propagation.
La TB à bacilles ultrarésistants étant considérée comme une maladie incurable, la méthode utilisée pour lutter contre sa propagation est de mettre les personnes infectées en quarantaine – une méthode autrefois utilisée pour endiguer la maladie.
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