1. Accueil
  2. East Africa
  3. Kenya
  • News

Les veuves qui refusent d’être 'héritées' s’occupent des orphelins

L’orphelinat St Claire, situé dans la ville de Kisumu, dans l’ouest du Kenya, accueille des enfants, mais également des femmes qui ont perdu leur mari, pour certaines des suites du VIH/SIDA, et qui refusent d’être ‘héritées’ par leur beau-frère comme le veut la tradition.

«Lorsqu’un homme meurt, sa femme doit être héritée par le frère ou l’un des cousins proches du défunt. Si elle refuse, elle est rejetée par la communauté», a expliqué Sœur Philomena Adhiambo, responsable de l’orphelinat. «Pour la famille du défunt, la maladie qui a tué l’homme est sans importance, ce qui importe, en revanche, c’est que l’épouse soit ‘nettoyée’ [par le remariage] et qu’elle puisse ainsi se mélanger librement au reste de la communauté.»

Cette pratique, appelée lévirat, contribue à la propagation de l’épidémie de VIH/SIDA au sein de la communauté Luo, a-t-elle ajouté.

«A la mort de mon mari, sa famille a fait en sorte qu’il ne me reste plus rien. Je n’avais plus rien à manger et ma maison tombait en ruine», a témoigné Caroline Atieno, une jeune veuve de 23 ans. «Je n’avais pas les moyens d’envoyer ma fille à l’école. Ici [à l’orphelinat], en revanche, je mange à ma faim, j’ai un toit, je peux laver les vêtements de mes enfants et ma fille peut aller à l’école.»

L’orphelinat a ouvert ses portes il y a à peine un an, et accueille cinq veuves et leurs huit enfants. Ces ‘locataires’ doivent partager les trois petites chambres que compte l’orphelinat avec une quarantaine d’enfants orphelins.

Helena Ogada, une Kenyane de 50 ans, a perdu son mari il y a deux ans. Après avoir été rejetée par sa belle famille, elle est arrivée à l’orphelinat Ste Claire avec ses deux petits-enfants, qui ont perdu leurs parents à cause du sida. Helena recherchait une maison qui lui permettrait d’élever ses petits-enfants.

Les veuves participent au bon fonctionnement de l’orphelinat et proposent leur aide à la crèche. La crèche dépend de l’établissement de Sœur Philomena Adhiambo et accueille chaque jour 30 enfants supplémentaires.

Les femmes doivent non seulement nourrir, laver, habiller et distraire 70 enfants, mais elles sont également responsables du ménage de l’orphelinat et de la crèche. Par conséquent, la vie à l’orphelinat n’est pas de tout repos pour ces femmes, mais aucune d’entre elles ne regrette de s’être opposée au lévirat.

Constalata Atieno, une jeune femme de 32 ans, vit et travaille à l’orphelinat depuis qu’elle a refusé de se marier avec son beau-frère il y a un an.

«Ils voulaient que je me remarie, mais je m’y suis opposée car je savais que j’étais malade. Lorsque j’ai refusé de me remarier, ils m’ont chassée», a-t-elle confié. «Je suis venue vivre ici à Kisumu, avec mon frère. Puis j’ai rencontré Sœur Philomena Adhiambo qui m’a proposé de venir l’aider.»

Trois mères et cinq enfants sont séropositifs, tous suivent un traitement antirétroviral (ARV), distribué gratuitement dans les hôpitaux publics situés à proximité de l’orphelinat.

La ville de Kisumu affiche un taux de prévalence du VIH/SIDA de 15 pour cent, soit un taux plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale estimée à six pour cent.

«Cela fait un mois que je prends des ARV et je me sens déjà mieux. J’ai quelques problèmes par-ci par-là. Parfois, je ne me sens pas bien, j’ai la tête qui tourne», a raconté Constalata Atieno.

L’orphelinat ne lui verse pas d’argent, par conséquent Constalata Atieno doit souvent se battre pour se faire soigner lorsqu’elle souffre d’infections opportunistes.

«A l’heure actuelle, nous sommes complets, mais si j’apprends que quelqu’un a besoin d’aide, la porte lui sera ouverte. On peut toujours se serrer», a affirmé Sœur Philomena Adhiambo. «On vient de m’annoncer qu’il y a deux enfants séropositifs qui n’ont plus de parents. Ils ont une grand-mère, mais elle est très vieille et aveugle. Leurs oncles ne veulent pas s’occuper d’eux et les ont chassés. Il faut que je les aide.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join