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Une bande dessinée sur le sida pour les personnes malentendantes

Une bande dessinée s'appuyant sur des illustrations en langage des signes plutôt que sur des dialogues vient d’être publiée en Afrique du Sud afin d'informer la communauté sourde et malentendante de ce pays ravagé par le VIH/SIDA sur l'épidémie, la violence et les droits sexuels.

La bande dessinée, composée de 14 planches, est intitulée «Vos droits sont-ils respectés ?» et met en scène un groupe d’amis scolarisés dans une école pour sourds et malentendants. Dans cet établissement, la question de la sexualité et des droits à la santé et à l’éducation est abordée ouvertement et les élèves apprennent la manière de se protéger contre le VIH et les abus sexuels.

A l’occasion d’une exposition organisée, samedi dernier, en marge de la publication de la bande dessinée, Edwin Cameron, juge à la Cour suprême et militant de la lutte contre le sida, a déclaré que les personnes souffrant de déficience auditive continuaient d’être «un groupe marginalisé d’un point de vue politique, linguistique et socio-économique».

L’information et l’éducation en matière de VIH/SIDA, de sexualité et de diversité sexuelle ne s’adressent pas suffisamment à la communauté malentendante, a-t-il ajouté.

«Les sourds meurent sans avoir subi un test de dépistage, ils ne reçoivent pas de traitement et sont délaissés par leur famille et leur communauté», a-t-il déploré.

Selon les chiffres avancés par les Nations unies, l’Afrique du Sud enregistre l’un des taux d’infection au VIH les plus élevés au monde : près de 21 pour cent de la population adulte est séropositive.

Les programmes nationaux de sensibilisation au VIH/SIDA ont en grande partie négligé les populations handicapées, dont les sourds, au sein desquelles la maladie demeure largement méconnue.

La bande dessinée a vu le jour à l’initiative du Gay and Lesbian Archives (GALA) – un projet indépendant des archives historiques sud-africaines de l’Université de Witwatersrand de Johannesburg – et a été financée par la Fondation pour les droits de l’homme. Elle sera distribuée dans l’ensemble des écoles pour sourds et malentendants du pays, ainsi qu’au sein de la communauté.

Bien qu’elles soient l’un des plus grands groupes de personnes handicapées d’Afrique du Sud, «les personnes sourdes et malentendantes ont des connaissances très limitées en matière de VIH/SIDA», a fait savoir John Meletse, coordinateur du projet de GALA destiné aux sourds.

«Elles [les personnes sourdes] ne savent pas pourquoi elles meurent. Nous nous sommes rendus compte qu’aucun programme de sensibilisation au VIH mené par le ministère de la Santé ne s’adressait spécifiquement aux sourds. C’est la raison pour laquelle j’ai commencé à aller vers ces communautés et à les informer», a-t-il expliqué en langue des signes.

Le VIH vu comme une peine de mort

En rencontrant de jeunes sourds et malentendants, John Meletse a réalisé que le peu d’informations sur le VIH/SIDA que recevaient ces jeunes n’était pas assimilé et qu’ils avaient des difficultés à établir un lien entre ces informations et leur propre situation.

«Un grand nombre d’entre eux considèrent le VIH comme une peine de mort. Ils ne comprennent pas la différence qu’il existe entre le VIH et le sida», a-t-il ajouté.

Près de 500 000 sourds communiquent en langage des signes en Afrique du Sud. Cependant peu d’agents sanitaires ont reçu une formation pour pouvoir s’exprimer dans ce langage.

«On voit de jolies affiches en langage des signes sur les murs des cliniques, mais aucun agent ne connaît cette langue», a-t-il regretté. «La première chose qu’ils disent, c’est ‘Dommage, il est sourd’, de telles paroles sont vraiment démotivantes. La dernière chose que nous voulons c’est que l’on nous traite avec condescendance.»

John Meletse a fait part à PlusNews de sa propre expérience et de la manière dont il a dû se battre pour se faire dépister. La façon dont il a appris sa séropositivité – un bout de papier sur lequel un médecin avait inscrit son statut – est malheureusement largement répandue.

A moins de venir avec leur propre interprète, les personnes souffrant de déficience auditive n’ont souvent pas accès aux conseils pré et post-test de dépistage.

La bande dessinée met en scène les obstacles que les personnes sourdes sont susceptibles de rencontrer lorsqu’elles souhaitent se renseigner sur l’épidémie. Par exemple, au fil de la lecture, on rencontre un professeur en train de confisquer une brochure sur les préservatifs masculins à ses élèves.

Plus loin, on fait la connaissance d’un enseignant plus éclairé qui indique à ses élèves où se procurer gratuitement des préservatifs et qui organise une sortie dans une clinique. Dans d’autres passages du livre, de jeunes garçons harcèlent un de leurs camarades homosexuels, mais l’histoire nous apprend qu’ils vont finir par l’accepter.

Une initiative saluée

Selon le docteur Ruth Morgan, directrice de GALA, l’ouverture d’esprit dont fait preuve M. Meletse par rapport à sa séropositivité et son homosexualité est rare au sein de la communauté malentendante.

«La communauté malentendante est très conservatrice dans sa façon de penser, par conséquent nous voulions la sensibiliser à l’hétérosexualité, mais également aux questions de la sexualité en général», a-t-elle affirmé.

«Nous souhaitions aussi mettre l’accent sur les viols et les sévices que subissent les jeunes sourds – des crimes souvent passés sous silence», a-t-elle poursuivi.

Un professeur fait subir des sévices sexuels à l’une des héroïnes de la bande dessinée. Après avoir longtemps hésité, cette dernière se confie finalement à une amie, qui la convainc d’en parler à un professeur digne de confiance. L’histoire se termine sur l’arrestation de l’agresseur.

Il est particulièrement difficile de sensibiliser au VIH/SIDA les personnes souffrant de déficience auditive, car beaucoup d’entre elles ne savent ni lire ni écrire. Selon John Meletse, ce faible taux d’alphabétisation parmi les sourds est lié au système éducatif sud-africain qui n’offre pas les mêmes chances à l’ensemble de la population.

La bande dessinée a été illustrée par l’artiste Tommy Motswai, lui-même malentendant, et élaborée par John Meletse et d’autres personnes sourdes.

Les dialogues que l’on retrouve dans les bandes dessinées classiques ont laissé la place à des textes courts sous forme de SMS, à des signes et parfois à des pensées, car «ils [les dialogues] font partie du monde des entendants et les personnes sourdes ne s’y seraient pas identifiées», a expliqué M. Meltse.

Neil Verlaque-Napper et Andre Croucamp, les auteurs de «Vos droits sont-ils respectés ?», ont travaillé en collaboration avec Simphiwe Mkhize du Département de la langue des signes sud-africaine de l’Université de Witwatersrand.

«En Afrique du Sud, nous avons beaucoup de langages des signes différents, par conséquent, j’ai dû choisir celui utilisé par le plus grand nombre d’individus», a-t-elle expliqué.

Pour lire la bande dessinée: Are your rights respected? pdf Format

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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