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La prévention du VIH, pas encore une réalité dans la Sangha

Des éducateurs sur le VIH/SIDA ont été formés pour sensibiliser les populations rurales du département de la Sangha, dans le nord du Congo, mais en l’absence de voies de communication, ils ne peuvent remplir leur mission et le virus continue à se propager, s’alarment les acteurs de la lutte sur place.

Il y a près d’une décennie, la localité de Pikounda, située à 165 kilomètres en aval de Ouesso, la préfecture du département, sur la rivière Sangha, l’un des affluents du fleuve Congo, était desservie régulièrement, de nuit comme de jour, par des navettes affrétées par l’Agence transcongolaise des communications (ATC).

Mais depuis la faillite de la section Voies navigables et transports fluviaux de l’ATC, le port fluvial de cette sous-préfecture de 3 000 âmes n’est plus visité que par des embarcations particulières ou des navettes très irrégulières, tandis que le réseau routier de la région est dans un tel état de délabrement que de nombreuses voies sont partiellement ou totalement impraticables en voiture.

Un manque de voies de communication qui gène considérablement les efforts déployés par les autorités et les organisations locales pour limiter la vulnérabilité des populations locales face à l’infection au VIH, dans un département qui affiche un taux de prévalence du VIH de 3,9 pour cent, à peine moins que la moyenne nationale estimée à 4,2 pour cent selon les autorités.

«Le problème est là, latent, les jeunes gens ont la volonté de travailler et d’atteindre un maximum de gens mais ils sont limités par le manque de moyens», a regretté François Mbilo Ayebato, secrétaire général de la sous-préfecture.

M. Mbilo Ayebato est l’un des prestataires en communication sociale formés par le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS) pour sensibiliser les populations sur le VIH/SIDA, mais qui ne peuvent pas se déplacer pour transmettre leurs connaissances aux habitants des zones les plus enclavées.

Une trentaine de facilitateurs a également été formée récemment à Pikounda pour organiser des conversations communautaires sur le VIH/SIDA, et ainsi permettre aux communautés de proposer elles-mêmes une réponse efficace à la propagation de l’épidémie, a ajouté Gabriel Ewounga, président de l’ONG locale Organisation pour l’éducation et la réinsertion des jeunes de Pikounda (OERJP) et partenaire du CNLS dans ces projets de formation.

Ces facilitateurs rencontrent les mêmes problèmes que les prestataires, a déploré M. Ewounga.

«Si, par la route, notamment celle qui relie Pikounda au village d’Ekouomou [à 65 kilomètres de là], on peut se débrouiller à pied ou avec la moto mise à notre disposition pour sensibiliser les populations sur le VIH, [pour les habitants des villages situés] sur la rivière Sangha, on ne peut rien faire parce que les bateaux sont trop rares», a-t-il expliqué.

[Congo] Educators have been trained on HIV/AIDS in Pikounda, in the province of Sangha, north west of the country. [Date picture taken: August 2006]
Les facilitateurs formés en conversations communautaires sur le VIH/SIDA ne peuvent se rendre auprès des populations
Impuissantes, les autorités sanitaires et les organisations de lutte contre le sida ne peuvent que constater les conséquences d’un tel isolement sur la population, davantage exposée au risque d’infection au VIH –une vulnérabilité prouvée par la prolifération des infections sexuellement transmissibles (IST).

Célestin Ngakosso, nommé infirmier chef au centre de santé intégré (CSI) de Pikounda il y a deux ans, a constaté que le nombre de cas de syphilis, gonococcie et autres infections uro-génitales -toutes des IST- était en hausse.

D’autre part, depuis son arrivée, «sur les 250 préservatifs mis en vente au CSI [au prix unitaire de 0,05 dollar], seuls 50 ont été achetés. C’est bien la preuve que les gens sont vulnérables au VIH et à d’autres IST», a-t-il estimé.

M. Ngakosso en est certain, l’épidémie a bel et bien touché la ville et ses environs,
et en l’absence d’une véritable prévention, elle prospère, même si les populations continuent d’en douter, persuadées que le sida est un mal qui ne frappe que les citadins.

L’absence de centres de dépistage du VIH –le plus proche se trouve à Pokola, à 120 kilomètres de là, en direction de Ouesso- ne permet pas d’avoir une idée exacte de la situation à Pikounda, et ne facilite pas la tâche des prestataires en communication sociale pour convaincre les populations de la réalité du danger.

Pourtant, «des tests de dépistage [du VIH] révéleraient sans doute des dizaines de personnes vivant avec le VIH dans la sous-préfecture», a affirmé M. Ngakosso.

Mais les acteurs de la lutte contre le sida le reconnaissent aussi: dépister les populations sans pouvoir leur proposer de prise en charge médicale en cas d’infection est difficile, or le département de la Sangha ne dispose pour l’instant d’aucun centre de distribution d’antirétroviraux (ARV).

«J’ai reçu il y a quelques mois deux femmes qui affichaient déjà des signes d’une ‘maladie grave’ [le VIH/SIDA]», s’est souvenu M. Ngakosso. «J’ai fait ce que je pouvais avec les moyens du bord, mais aux dernières nouvelles, l’une d’entre elles a vu son état de santé se dégrader et a fini par décéder. L’autre serait grabataire en ce moment, faute de soins appropriés.»


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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