«Les médicaments sont irritants lorsqu’ils sont en contact avec les parois de l’estomac, ce qui multiplie les effets secondaires des ARV. Lorsque les malades n’ont pas les moyens d’acheter de quoi manger, les médicaments deviennent leur seule nourriture», a expliqué Monica Joseph, une infirmière qui dispense des conseils sur le VIH/SIDA à l’hôpital Shree Hindu Mandal, situé à Dar es Salaam, la capitale tanzanienne.
La plupart des personnes porteuses du virus vivent dans des régions rurales ou dans des bidonvilles en périphérie des villes, dans une pauvreté extrême.
«Les travailleurs sanitaires sont confrontés à un nouveau défi. Certains patients arrêtent leur traitement après avoir développé des effets secondaires qui sont souvent liés à des carences alimentaires», a expliqué Monica Joseph.
Le gouvernement tanzanien, via la Commission tanzanienne de lutte contre le sida (TACAIDS, en anglais), a annoncé la mise en place d’un programme de distribution d’aide alimentaire gratuite destiné aux patients séropositifs.
«Les programmes de distribution d’ARV doivent être intégrés aux programmes nationaux de santé et de sécurité alimentaire, les ARV à eux seuls ne peuvent renforcer le système immunitaire du malade», a affirmé Herman Lupogo, directeur général de la TACAIDS.
Si la distribution d’aide alimentaire ne va pas de pair avec la distribution gratuite d’ARV, a-t-il ajouté, «le sida demeurera un problème sanitaire majeur».
Même si les modalités de cette distribution conjointe n’ont pas encore été révélées, l’initiative gouvernementale bénéficie déjà d’un large soutien de la part des politiques.
Pourtant, ce programme sera difficile à mettre en place car près de 55 pour cent de la population vit avec moins d’un dollar par jour, a rétorqué Monica Joseph. La mise en place du programme à l’échelle nationale fera face à des problèmes logistiques et financiers, a-t-elle ajouté.
On estime à 44 000 le nombre de personnes séropositives qui bénéficient gratuitement d’une thérapie ARV.
La Tanzanie a récemment été frappée par une grave sécheresse, et selon le Programme alimentaire mondial (PAM), quelque 565 000 personnes sont confrontées à une pénurie alimentaire. Par conséquent, parvenir à mobiliser suffisamment de ressources pour nourrir un nombre croissant de malades séropositifs se révèle être une tâche extrêmement difficile.
Les plus critiques ont tiré la sonnette d’alarme et ont déclaré que les mauvaises récoltes contraindraient le gouvernement à importer des denrées alimentaires afin de pouvoir continuer à proposer son programme, ce qui engendrerait des coûts supplémentaires.
Monica Joseph craint également que certains patients vendent la nourriture qui leur a été distribuée afin d’obtenir en échange de l’argent pour acheter de l’essence et de l’eau.
Des organisations ont déjà mis un terme à leurs programmes de distribution d’aide alimentaire car un grand nombre de malades, notamment des femmes, étaient si pauvres qu’ils donnaient la nourriture à leurs enfants, alors que leur état de santé continuait à se dégrader.
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