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Dans la région de Meru, des hommes à risques

Cela peut sembler être un cliché, mais certains hommes continuent à croire qu’utiliser un préservatif, c’est comme manger un bonbon dans son emballage. C’est du moins l’opinion d’Erasmus Nyaga (un nom d’emprunt), un chauffeur de bus âgé de 36 ans qui travaille à Meru, dans le centre du Kenya. Pour cet homme, avoir des rapports sexuels c’est comme prendre un médicament : une femme le matin, une autre le midi et enfin une troisième le soir. Assis sous un arbre, Erasmus Nyaga et 15 de ses collègues, dont la plupart est mariée, participent à une séance de sensibilisation au VIH/SIDA. Ces hommes au volant de leur bus coloré d’où s’échappe une musique tonitruante, sont la ‘proie’ des jeunes Kényanes. A l’exception d’un seul, tous ont affirmé avoir au moins une petite amie. Tom Kariuki (un nom d’emprunt), un chauffeur de bus âgé de 56 ans, est à la tête du groupe de sensibilisation des chauffeurs de bus après des séminaires sur le VIH/SIDA, organisés par l’organisation confessionnelles Ripples International. «Je leur parle du VIH, je leur dit comment mener une vie saine, mais je ne peux pas les forcer à aller se faire dépister», a-t-il expliqué. Dans une région qui affiche un taux de prévalence du VIH/SIDA de 30 pour cent, il demeure difficile d’arriver à faire changer les comportements sexuels. «Vous dites à un homme séropositif d’utiliser un préservatif afin de ne pas contaminer sa femme, mais quelques mois plus tard il revient avec sa femme, qui est désormais, elle aussi, séropositive et il vous dit : ‘Je n’ai pas pu utiliser un préservatif, comment aurais-je pu lui expliquer que l’on devait avoir des rapports protégés – elle est ma femme’», a raconté Mercy Chidi. La directrice de programme de Ripples International avoue commencer à perdre courage, tant les hommes ignorent ses conseils. Dans cette région pauvre du Kenya, la stigmatisation qui accompagne le VIH/SIDA décourage la population de révéler son statut sérologique et de se faire dépister. Bien qu’ils en aient peur, ils pensent qu’ils ne peuvent pas être contaminés. «Il est difficile pour les hommes, surtout pour les plus âgés, d’aller de l’avant», a témoigné John Mugombi, qui avait lui-même, dans un premier temps, nié les dangers du VIH/SIDA. «Ils préfèrent essayer de cacher leur statut en se remariant lorsque leur femme meurt.» Jusqu’à quelques années de cela, John Mugombi menait une vie normale. Il tenait un petit commerce dans son village, était marié, avait cinq enfants et une maîtresse. Son épouse est tombée malade avant de décéder des suites de complications liées au sida. Puis sa maîtresse meurt à son tour. John Mugombi s’est donc rendu à l’évidence et est allé se faire dépister. Après avoir appris sa séropositivité, il a complètement changé son mode de vie. «J’ai décidé de ne jamais me remarier, de ne plus avoir de rapports sexuels, de pratiquer l’abstinence», a-t-il témoigné. «Au début, cela a été difficile, mais Dieu et l’Eglise m’ont beaucoup aidé.» John Mugombi a appris qu’il était séropositif il y a dix ans, son fils de huit ans est lui aussi porteur du virus. Ils sont tous deux membres d’une organisation communautaire dédiée aux personnes vivant avec le VIH/SIDA. Cette organisation a été créée par le programme VIH/SIDA de l’Eglise méthodiste – une nouveauté à Meru, où la plupart des groupes de soutien est dominée par des femmes. Celui de John tente de collecter des fonds afin d’éduquer les populations vivant en zone rurale et a mis en place une campagne de lutte contre le VIH au sein du marché local : il est désormais convaincu qu’en parlant ouvertement de sa séropositivité, d’autres hommes révèleront leur statut et comprendront que le sida existe et qu’il doit être maîtrisé. «Certains hommes viennent me voir en privé [après la séance d’information au marché] et me demandent des renseignements sur les centres de conseils et de dépistage volontaire», a expliqué M. Mugombi, qui estime «qu’un problème partagé est un problème résolu.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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