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Pas de médecins pour les patients séropositifs dans le nord

Le district de Kitgum, dans le nord de l’Ouganda, connaît une pénurie de personnel médical qui compromet les efforts déployés pour porter assistance aux patients séropositifs dans cette région ravagée par la guerre. L’insécurité permanente et les conditions de vie difficiles dans les camps de personnes déplacées ont incité le personnel médical qualifié à quitter le district de Kitgum pour aller chercher de meilleures conditions de travail ailleurs, laissant derrière eux des centres sanitaires mal équipés et vidés de leur personnel. «C’est une véritable bataille d’avoir du personnel qualifié à Kitgum», a déclaré le docteur Vincent Oringa, directeur médical du district. «Les conditions de travail sont difficiles dans les camps, car il n’y a tout simplement pas [le confort] de base, comme un logement décent, l’eau courante et l’électricité.» Le manque de personnel de santé met à mal les efforts déployés par le ministère de la Santé pour étendre ses programmes d’accès au traitement antirétroviral (ARV) dans la région. Au début des années 1980, le VIH/SIDA n’existait pas dans le nord de l’Ouganda – les quelques cas répertoriés étaient attribués à des actes de sorcellerie. Mais aujourd’hui, le taux de prévalence du VIH/SIDA dans les districts de Kitgum et de Gulu dépasse les neuf pour cent, soit trois points de plus que la moyenne nationale. La campagne de terreur menée pendant plus de vingt ans par les rebelles de l’Armée de résistance du Seigneur a contraint plus de 90 pour cent de la population de Kitgum à vivre dans des camps surpeuplés et insalubres. Le virus du VIH/SIDA s’est répandu dans un environnement où les hommes ne trouvent rien d’autre à faire que boire de l’alcool, où les femmes et les jeunes filles sont victimes de sévices sexuels et où les services sanitaires sont extrêmement inadaptés. Le service VIH/SIDA de l’hôpital St Joseph de la ville de Kitgum a été fortement touché par la pénurie de personnel médical. Le docteur Pamela Atim a expliqué que deux médecins et quatre responsables de clinique étaient nécessaires pour exécuter l’ensemble du travail. Pourtant, à l’heure actuelle, seuls un médecin et deux responsables de clinique doivent faire face à la demande massive de dépistage du VIH et de traitement. «Les gens ne veulent pas venir travailler dans le nord du pays alors que le nombre de patients n’arrête pas d’augmenter. Nous aimerions accueillir davantage de patients, mais le départ des médecins et des responsables de clinique vers des contrées plus accueillantes nous empêche de le faire», a-t-elle ajouté. Une inquiétude grandissante Les responsables sanitaires et les travailleurs humanitaires se disent de plus en plus inquiets face à l’incapacité des services de santé du district à faire face à une demande de conseil, de dépistage volontaire et de traitement ARV toujours plus importante. Ils craignent que cela ne compromette les progrès accomplis dans le domaine de la sensibilisation au VIH/SIDA. L’association médicale internationale Médecins Sans Frontières (MSF), qui gère actuellement un service de consultations dans cinq camps du district de Kitgum, projette, dans un premier temps, de proposer des services de conseil et de dépistage volontaire, puis dans un second temps, de distribuer des ARV. «La situation est la suivante: les populations sont fortement sensibilisées au VIH/SIDA et il y a une demande de services de conseils et de dépistage volontaire, mais les services en place ne permettent pas de satisfaire cette demande», a expliqué Heather Thomson, coordonnatrice du projet de MSF. Les capacités du district sont «limitées», a-t-elle ajouté. Katie Opoka, directrice de Meeting Point, une organisation communautaire qui apporte une aide aux personnes séropositives, craint que la pénurie de personnel médical n’alimente la frustration des gens vivant dans les camps. «Les personnes risquent ne plus vouloir subir un test de dépistage du VIH. On entend les gens dire ‘pourquoi ils nous apprennent toutes ces choses si les services ne sont pas là ?’» Grâce à un nouveau programme d’urgence, l’accès aux services médicaux dans la région doublera d’ici les six prochains mois, a annoncé le ministère de la Santé, à Kampala, la capitale ougandaise. Le docteur Oringa a précisé que dans le district de Kitgum, les services de conseils et de dépistage volontaire avaient déjà été étendus à 11 sites. En outre, les autorités du district s’apprêtent à ouvrir deux centres de distribution d’ARV, dans le nord et l’est de Kitgum, a-t-il ajouté. Il a néanmoins reconnu que l’élargissement du programme avait été difficile. «Etendre la distribution d’ARV demande du temps compte tenu du manque de personnel sanitaire dans la région. Il faut un personnel qualifié pour prescrire des ARV et assurer le suivi des patients», a-t-il expliqué. «Pourquoi des gens voudraient vivre ici, dans un tel environnement, alors qu’ils peuvent aller à Kampala et recevoir le même salaire ?», s’est interrogé le docteur Oringa. «Nous avons demandé au ministère de la Santé d’augmenter les salaires afin d’inciter les agents sanitaires à venir travailler dans la région, mais rien n’a été fait.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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