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Le secteur privé prête main forte pour la distribution d'ARV

Freiné par les capacités limitées du secteur public de la santé, le programme d’accès aux antirétroviraux (ARV) au Ghana bénéficie désormais du renfort du secteur privé, un partenariat avec des structures de santé annoncé mercredi. Le ‘réseau Arc-en-ciel’ (Rainbow Network), lancé dans la capitale ghanéenne, est le fruit de négociations menées depuis deux ans par le Programme national de lutte contre le sida (NACP) ; il s’inscrit dans le cadre du programme pilote initié en octobre 2005, et financé pour un an à hauteur de 200 000 dollars par l'organisation américaine Family Health International (FHI). Grâce à un système de «franchise sociale» délivrée au secteur privé, qui assure déjà près de 40 pour cent de la prise en charge sanitaire nationale, ce programme, également expérimenté au Kenya, a pour objectif de permettre à des structures sanitaires de répondre aux besoins de traitement de populations vivant dans des zones où le secteur public est absent. Actuellement, seuls cinq centres publics, tous situés dans la moitié sud du pays, sont habilités à distribuer ces médicaments qui prolongent et améliorent la vie des personnes vivant avec le VIH/SIDA. Sur les 72 000 personnes qui auraient besoin de ces traitements, moins de 5 000 en bénéficient dans le cadre du programme national. «Le besoin de qualité et de standardisation de l'accès aux soins dans le pays a donné naissance à ce nouveau partenariat public-privé», s'est félicité le docteur Derek Aryee, directeur de FHI au Ghana. «Ce partenariat s'intensifie et il constitue une part essentielle de notre lutte contre cette épidémie.» Ainsi, un centre de santé franchisé s'engage à acheter les médicaments et les fournitures via le NACP, à se conformer aux standards nationaux en matière de qualité, à se soumettre à des évaluations, et à ne pas dépasser des prix convenus au préalable dans le cadre du programme pour la délivrance des traitements. En échange, le franchisé reçoit la garantie d'un approvisionnement régulier en ARV, un soutien technique et une formation permanente de son personnel. Il est associé à un 'label qualité' dont la promotion est assurée par des campagnes nationales de publicité. Les membres du réseau Arc-en-ciel ont également établi des passerelles avec le secteur public pour diriger les patients vers des services spécifiques ; pour effectuer les analyses biologiques et assurer l'approvisionnement en ARV et autres médicaments -un soutien que le Ridge hospital, un hôpital public de la capitale, et le NACP leur ont déjà accordé. Trois cliniques privées de la capitale ghanéenne, qui collaboraient déjà avec le NACP, ont immédiatement adopté cette franchise. Cinq autres structures, dont quatre à Accra et une à Tema, le principal port ghanéen à 20 kilomètres de la capitale, ont reçu le feu vert du NACP pour être inscrits prochainement sur la liste des sites partenaires du programme. Hormis la capitale, quatre structures sanitaires supplémentaires, situées dans les provinces de l'Ouest et du Centre, ont été identifiées comme partenaires potentiels. Le docteur Aryee a dit espérer pouvoir fournir à ces centres de santé les capacités nécessaires, en termes de ressources humaines et d'équipements, pour leur permettre de rejoindre le réseau Arc-en-ciel d'ici le mois d'août. Pour poursuivre ce programme au-delà de septembre 2006, FHI a expliqué avoir sollicité le soutien de la coopération britannique (DFID), qui étudie actuellement la possibilité de débloquer une enveloppe de 1,1 million de dollars pour financer l'extension du réseau. Un rêve devenu réalité Les trois cliniques pionnières ont salué la mise en place de ce partenariat. «C'était un rêve, il est devenu réalité», s'est réjoui le docteur Felix Anyah, directeur de Holy Trinity Hospital, à Accra. Le même sentiment domine du côté des autorités, car avant la mise en place de ce programme de franchise, les cliniques privées, dans leur hâte de délivrer des services VIH/SIDA, ignoraient les sessions de formation organisées par le NACP et utilisaient leur système d'approvisionnement auprès des principales firmes pharmaceutiques. Résultat, le coût élevé du traitement, vendu au patient 100 dollars par mois en moyenne dans les structures privées -contre environ cinq dollars dans le cadre du programme national-, ajouté à un approvisionnement irrégulier, menaçait d'anéantir les efforts d'élargissement de l'accès aux ARV. Le docteur Aryee a précisé qu'un protocole d'accord avait été signé entre les trois structures et le NACP, qui a déjà commencé à approvisionner les membres du réseau Arc-en-ciel en ARV largement subventionnés, afin que les cliniques privées puissent délivrer ces médicaments aux patients à un coût mensuel n'excédant pas 40 dollars. Ce coût inclut les tests de suivi biologiques, qui, à Accra, seront effectués par le centre hospitalier partenaire du réseau, le Ridge Hospital. La baisse du coût du traitement et la régularité des approvisionnements dans les structures privées, généralement fréquentées par des personnes qui préfèrent éviter les hôpitaux publics et se faire soigner plus discrètement pour éviter la stigmatisation, devrait permettre de limiter le nombre de patients qui abandonnent leur thérapie, a espéré FHI. Le protocole d'accord prévoit également que le NACP fournisse gratuitement aux partenaires privés des traitements pour les infections opportunistes, qui s'attaquent aux organismes affaiblis par le VIH -des médicaments qui seront revendus aux patients au même prix que dans les hôpitaux publics. Parallèlement, FHI a apporté un soutien technique et logistique aux cliniques privées en les aidant à mettre en place des bases de données, grâce à des dons d'ordinateurs et de logiciels. Sakyi Awuku Amoa, le directeur général de la Commission nationale sur le sida (GAC, en anglais), a souligné que l'implication du secteur privé dans les efforts de lutte contre le sida s'inscrivait dans la logique de la stratégie développée par le Ghana pour freiner la propagation du virus. Les autorités ont à plusieurs reprises ces derniers mois affirmé leur intention d'augmenter rapidement le nombre de centres de distribution d'ARV, avec pour objectif affiché de mettre ces médicaments à disposition des patients dans les dix régions du pays avant la fin 2006. Mais de nombreux acteurs de la lutte contre le sida au Ghana ont estimé que le manque de moyens du secteur public de la santé et la pénurie de professionnels à laquelle est confronté ce secteur rendait l'élargissement de l'accès aux ARV utopique sans l'aide du secteur privé.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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