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Les communautés s’entraident et sauvent des vies

Fatiguées d’attendre une aide qui ne vient jamais, les communautés rurales de l’ouest du Kenya, une région très pauvre, ont décidé d’apporter de l’espoir aux familles qui, sans elles, seraient mortes de faim ou des suites du VIH/SIDA. «Un grand nombre de nos voisins ont vu leurs parents, leurs enfants et d’autres membres de leur famille mourir du VIH/SIDA, par conséquent, nous devons agir et aider là où nous le pouvons», a déclaré Steven Walele, membre de Bungoma Orphans, HIV/AIDS and Poverty Organisation (BOHAPO), une association communautaire, basée dans le village de Kabula. La population de l’ouest du Kenya a été particulièrement touchée par la pandémie de VIH/SIDA et ce en raison de sa pauvreté, de son ignorance et des traditions qu’elle continue à pratiquer, comme la polygamie ou le lévirat. Selon les responsables de la santé publique, Bungoma affiche un taux de prévalence du VIH/SIDA d’environ sept pour cent. Le virus a décimé des familles entières, et les grands-parents, qui sont souvent trop âgés pour se prendre en charge, doivent en plus s’occuper de leurs petits-enfants orphelins. L’ouest du Kenya est une région agricole riche où l’on cultive le maïs et la canne à sucre. Cependant, la majorité des habitants ne possède pas, ou très peu, de terres. Les personnes qui parviennent à cultiver la terre pratiquent une agriculture de subsistance, ne tirant aucun profit de leurs cultures. La BOHAPO, qui est financée uniquement par la communauté locale et qui compte huit assistants à temps complet et 14 autres à temps partiel, distribue de la nourriture aux familles, fournit des uniformes aux jeunes écoliers orphelins et informe la population sur le VIH/SIDA. L’organisation travaille en collaboration avec un réseau d’associations de jeunes et de femmes, elle aide les personnes trop âgées ou trop faibles pour se prendre en charge, en préparant leurs repas et en nettoyant leur maison. Pamela Adhiambo (un nom d’emprunt), une jeune femme peu éduquée qui ne perçoit aucun revenu, compte parmi les personnes bénéficiant des services de la BOHAPO. Lorsque son mari et sa co-épouse sont morts suite à des complications liées au VIH/SIDA en 2001, elle s’est retrouvée seule à élever sept enfants. La BOHAPO lui distribue de la nourriture une fois par semaine ce qui lui permet de donner deux fois par jour des haricots et de la farine de maïs à manger à ses enfants. «Les deux plus grands ne vont plus à l’école, les petits, eux, ont reçu des uniformes de la part de la BOHAPO, c’est la raison pour laquelle ils peuvent continuer à aller à l’école», a-t-elle expliqué. «La BOHAPO me donne parfois de l’argent pour prendre le bus jusqu’à l’hôpital de Busia [situé à une soixantaine de kilomètres, à la frontière ougandaise] où je reçois un traitement ARV.» Etant donné que les activités de la BOHAPO dépendent des dons qui sont faits à l’organisation, Pamela Adhiambo et sa famille ne sont pas toujours sûres de recevoir de la nourriture ou de l’aide. «Il arrive que certaines personnes qui cultivent la terre pour ensuite vendre leurs récoltes ne vendent pas tout leur stock et nous donnent de la nourriture que nous redistribuons ou de l’argent pour acheter des uniformes aux enfants et des médicaments», a expliqué Jacqueline Amogola, membre de la BOHAPO. «Quand nous ne recevons pas de dons, ces familles souffrent.» Des soins et une éducation pour les plus démunis L’association dirige également une clinique ambulatoire dans un village voisin afin de soigner les personnes trop malades qui ne peuvent se rendre à Bungoma, située à une dizaine de kilomètres. La BOHAPO emploie des infirmières, mais de temps à temps le personnel médical de l’hôpital public du district de Bungoma propose gratuitement ses services. «Parfois, vous vous rendez dans des maisons et il y a une personne avec une plaie qui suinte depuis des jours, mais cette personne ne peut pas payer les 20 shilling [0,28 dollar] pour prendre le bus et se rendre à l’hôpital», a ajouté Jacqueline Amogola. «A plusieurs reprises, la situation aurait empirée, et les gens seraient morts sans l’existence de la clinique ambulatoire.» L’association propose également des programmes d’éducation par les pairs sur le virus, un outil crucial dans une région où les idées fausses concernant le VIH/SIDA sont nombreuses. En effet, un grand nombre de personnes continuent à attribuer les milliers de décès liés au VIH/SIDA à des actes de sorcellerie et refusent de reconnaître que la poligamie et le lévirat, pratiques ancrées depuis très longtemps dans leur culture, peuvent encourager la propagation de l’épidémie. «Lorsque nous nous rendons dans les écoles locales pour éduquer les jeunes, nous continuons à entendre les écoliers dire qu’avoir des rapports sexuels avec une fille vierge permet de soigner le sida ou de se protéger contre le virus», a déclaré Edwin Walele, membre de la BOHAPO. «Ici, avoir plusieurs femmes est un signe de richesse, nombreux sont les hommes, âgés de tout juste 20 ans, à avoir plus d’une épouse.» Ainsi, la BOHAPO lance des programmes de sensibilisation dans les écoles. Mais beaucoup d’enfants n’y vont pas. Même si depuis 2003, l’éducation primaire gratuite est en principe devenue une réalité, les enfants doivent apporter leur bureau et acheter leur uniforme, ce qui contraint les familles les plus démunies à renoncer à envoyer leurs enfants à l’école. «Beaucoup d’enfants restent chez eux, toute la journée, à ne rien faire. Cela est un problème en soi. Ils se mettent à traîner dans les bars et ne deviennent pas des membres actifs de la société», a ajouté Edwin Walele. «Et bien entendu, quand ils sont dans les bars, ils finissent par [avoir des relations sexuelles], ce qui complique davantage la situation.» Afin de tenir les plus jeunes du village éloignés des bars, la BOHAPO organise des rencontres sportives et d’autres activités. «On organise parfois des tournois de football qui peuvent durer tout un mois, ainsi les jeunes absorbés par le jeu ne s’intéressent pas aux bars», a expliqué Jacqueline Amogola. «Les commerçants locaux offrent des récompenses, comme des bouteilles thermos, pour encourager la participation des enfants.» Sans l’aide de la communauté, beaucoup de ces enfants seraient devenus «des mendiants ou des voyous», a souligné une habitante de Kabula. «Chacun donne ce qu’il peut, nous voulons changer notre société et aider nos voisins», a-t-elle conclu.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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