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Des progrès, mais la transmission du VIH mère-enfant reste élevée

Le service VIH/SIDA de l’hôpital du district de Machakos déborde d’activité: les dizaines de femmes qui attendent d’être prises en charge prouvent, selon le personnel, que les efforts déployés afin de réduire la transmission du virus de la mère à l’enfant portent leurs fruits. «Comme vous pouvez le voir, le service est plein. De plus en plus de personnes viennent nous voir pour des services de conseil et de dépistage volontaire, de prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant (PTME), pour recevoir un traitement antirétroviral (ARV)», a expliqué le docteur Simon Mueke, directeur de l'hôpital. Machakos, une ville située à environ 50 kilomètres à l’est de Nairobi, sur l’autoroute qui relie la capitale kényane à la ville côtière de Mombasa, a été sévèrement touchée par l’épidémie de VIH/SIDA. Lors de la Session spéciale de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGASS, en anglais) sur le sida en 2001, la communauté internationale s’était engagée à ce que 80 pour cent des femmes enceintes aient accès aux services de prévention du VIH. Bien que le Kenya n’ait pas atteint cet objectif, selon le gouvernement, les services de PTME se sont améliorés. «Entre 40 et 50 pour cent des femmes enceintes ont désormais accès aux services de PTME et des milliers de travailleurs sanitaires ont reçu une formation», a souligné le docteur Robert Ayisi, coordinateur de ces services auprès du Programme national kényan de contrôle du sida et des infections sexuellement transmissibles (NASCOP). Le docteur Simon Mueke a indiqué que le service de soins prénatals de Machakos proposait systématiquement aux femmes enceintes de se soumettre à un test de dépistage volontaire du VIH. Selon Margaret Kibutu, une infirmière qui travaille au sein du service PTME de l’hôpital, «depuis janvier, sur la totalité des femmes ayant subi un test de dépistage, 600 d’entre elles sont séropositives, soit le nombre de cas le plus élevé depuis la mise en place des services, en 2003.» Pourtant, malgré les progrès, les défis persistent, a reconnu le docteur Ayisi. «Il faut que nous développions la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant au niveau de la communauté. Nous avons des services au niveau du district, mais nous devons en avoir à tous les niveaux de manière à ce que toutes les femmes puissent y avoir accès», a-t-il insisté. Davantage de moyens sont nécessaires Une meilleure prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant nécessite davantage de personnel sanitaire, notamment dans les régions rurales. «Nous formons actuellement des sages-femmes traditionnelles à la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant», a déclaré le docteur Ayisi. «Nous voulons qu’elles deviennent des acteurs de changement et qu’elles fassent passer le message aux mères.» En prévision de l’UNGASS, qui se tiendra du 31 mai au 2 juin, le gouvernement kényan a exhorté les pays donateurs à tenir compte de la place qu’occupent les traditions, notamment le rôle des sages-femmes traditionnelles, et à orienter leur politique davantage sur les coutumes africaines afin d’y intégrer des acteurs de poids. En effet, les sages-femmes traditionnelles sont souvent plus présentes lors des accouchements que le personnel médical formé. Le gouvernement les encourage donc à participer à la lutte contre le VIH/SIDA en réduisant la stigmatisation à laquelle sont confrontées les femmes séropositives. La stigmatisation qui accompagne le VIH/SIDA contraint souvent les mères séropositives à ne pas respecter les règles de la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. Par exemple, elles continuent à allaiter leurs enfants, alors qu’un enfant allaité court plus de risques d’être contaminé au VIH qu’un enfant nourri avec du lait de substitution. «Si une mère n’allaite pas son bébé, les gens se demandent pourquoi et pensent qu’elle est séropositive. Par conséquent, un grand nombre de mères continuent à allaiter leurs enfants et à leur faire courir des risques», a expliqué Margaret Kibutu. La pauvreté oblige également les femmes à allaiter leurs nourrissons, car elles n’ont pas les moyens d’acheter des substituts de lait maternel. En outre, une grande partie du Kenya est en proie à une sécheresse et ces substituts sont souvent trop chers pour la population, dont plus de la moitié vit avec moins d’un dollar par jour. Le substitut du lait maternel réduit d’un tiers le risque de transmission du virus. Cependant, sa préparation nécessite de l’eau potable et du bois afin d’assurer une alimentation stérile. En outre, la pression familiale est importante, et les mères qui n’allaitent pas leurs nourrissons sont regardées avec suspicion. Une autre façon de réduire les risques de contamination consiste à allaiter l’enfant pendant les trois ou six premiers mois qui suivent la naissance, puis à le sevrer rapidement, car l’allaitement mixte peut créer des complications au niveau des intestins de l’enfant et augmenter le risque d’infection. «Lorsque les mères n’ont pas les moyens d’acheter de substituts, nous leur disons d’allaiter leur enfant pendant seulement six mois. De cette façon, elles ne nourrissent pas leur bébé avec des aliments étrangers qui pourraient les rendre malades et accroître le risque d’infection», a expliqué Margaret Kibutu. Impliquer les hommes dans la PTME Compte tenu de la stigmatisation qui accompagne le virus, rares sont les hommes qui se sentent concernés par les soins prodigués aux mères et aux enfants, par conséquent ils entravent les efforts liés au développement de la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. «La plupart des hommes font preuve d’arrogance et ne veulent pas entendre parler de dépistage», a-t-elle souligné. «Nous recevons très peu d’hommes dans nos services, pourtant la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant est un véritable problème familial qui concerne également les hommes.» Selon Margaret Kibutu, un grand nombre de femmes ne suivent pas un traitement ARV car elles n’ont pas dévoilé leur statut sérologique à leur mari. Par conséquent, elles font courir des risques à la fois à leur famille et à elles-mêmes. Afin d’encourager une plus grande participation des hommes, l’hôpital de Machakos a ouvert le service ‘hommes - partenaires’ dans ses services de PTME. «Les hommes ont un rôle à jouer dans la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant, puisque ce sont eux qui ont un droit de regard sur ce qui se passe au sein du foyer», a expliqué Alice Wambugu, une jeune femme séropositive qui milite pour le changement de comportement au sein de Population services international (PSI), une ONG internationale dédiée à la lutte contre le VIH/SIDA. En outre, certaines femmes ne peuvent suivre un traitement car elles vivent dans des régions rurales éloignées et la plupart d’entre elles n’ont pas les moyens de prendre le bus afin de se rendre à l’hôpital du district, a ajouté Margaret Kibutu. Pour conclure, selon Alice Wambugu de PSI, toutes les femmes doivent entendre le message sur la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant et en saisir l’importance. «Lorsque j’explique aux femmes que j’ai découvert ma séropositivité à la clinique prénatale et que mon enfant n’est pas infecté par le virus, elles disent souvent qu’elle ne savaient pas qu’une mère séropositive pouvait avoir un bébé en bonne santé», a-t-elle témoigné. Ce qui prouve, selon elle, qu’«il faut mettre en place une campagne médiatique de plus grande envergure pour que toutes les femmes comprennent qu’elles peuvent avoir des enfants en bonne santé.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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