1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. South Africa

Mauvaise note attendue pour la prévention du VIH

Les pays africains ne sont pas parvenus à atteindre les objectifs de prévention fixés lors de la Session spéciale de l'Assemblée générale des Nations unies (UNGASS, en anglais) sur le sida en 2001, selon une déclaration publiée dernièrement par plus de 80 représentants de la société civile africaine. Aucun pays d’Afrique n’a respecté ses engagements qui consistaient à réduire de 25 pour cent le taux de prévalence parmi les jeunes et à garantir l’accès à l’information et à l’éducation sur le VIH/SIDA à 90 pour cent de la population. Ces échecs vont être certainement examinés lors de la réunion qui aura lieu du 31 mai au 2 juin à New York, au cours de laquelle les représentants des gouvernements débattront des progrès accomplis dans le cadre des engagements pris en 2001 en vue de lutter contre le VIH/SIDA. La prévention fait figure de priorité dans la déclaration d’engagement sur le VIH/SIDA : «Etant donné que les efforts visant à élargir l’accès au traitement se multiplient, une prévention efficace est essentielle afin d’assurer la pérennité de ces programmes pour les personnes déjà contaminées.» Lors de la session spéciale de 2001, les gouvernements s’étaient engagés à encourager l’échange d’informations, à établir de nouvelles normes sociales, à promouvoir l’utilisation du préservatif et à permettre à la population de se protéger contre le virus. Cependant, les données figurant dans les rapports préliminaires fournis par les pays en prévision de la rencontre indiquent qu’en Afrique australe, la région la plus touchée par la pandémie, l’utilisation du préservatif et les connaissances sur les moyens de prévention sont encore très faibles. Dans la plupart des pays de la région, moins de la moitié des personnes interrogées, âgées entre 15 et 24 ans, ont utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel avec un partenaire non régulier. Au Mozambique, en Zambie et au Malawi, ce nombre est encore plus faible et atteint respectivement les 31, 32 et 39 pour cent. Les connaissances sur les méthodes de prévention du VIH sont extrêmement limitées dans la région. Par exemple, le Mozambique est le plus mauvais élève en matière de sensibilisation. En effet, seuls 27 pour cent des jeunes âgés entre 15 et 24 ans connaissent les méthodes de prévention et savent comment se transmet le virus. C’est également au Mozambique que le plus fort pourcentage de jeunes garçons et filles ayant eu des rapports sexuels avant l’âge de 15 ans (27 pour cent) a été enregistré – un facteur qui contribue au taux de prévalence du VIH élevé dans le pays. L’Afrique du Sud ne se situe pas très loin derrière avec 25 pour cent. Selon Sisonke Msimang, responsable du programme VIH/SIDA auprès d’Open Society Initiative for Southern Africa (OSISA), les conséquences du Plan d’urgence du président Bush contre le sida (Pepfar), qui impose aux pays bénéficiaires de promouvoir davantage l’abstinence que l’utilisation du préservatif, sont désormais visibles. En outre, si les pays d’Afrique australe ne sont pas parvenus à atteindre les objectifs de prévention, cela est en partie dû à un manque de ressources et d’infrastructures, mais également à un manque de volonté de la part des gouvernements d’investir dans le domaine de l’éducation, a-t-elle souligné. «L’une des choses les plus faciles et les plus fondamentales à accomplir concerne l’éducation sexuelle dans les écoles. Il ne faut pas avoir peur de parler des questions relatives au VIH», a-t-elle ajouté. L’Afrique du Sud dispose de bien plus de ressources que les autres pays d’Afrique australe pour mener des campagnes d’éducation et de sensibilisation. De plus, selon les chiffres avancés dans le rapport, les jeunes sud-africains sont mieux informés sur la prévention du VIH que leurs voisins, mais rares sont ceux qui utilisent des préservatifs. En effet, seuls 53 pour cent des jeunes âgés entre 15 et 24 ont utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel avec un partenaire occasionnel. Les gouvernements ont certes reconnu la nécessité de distribuer des préservatifs, mais ils n’ont toujours pas établi de plan pour les distribuer aux populations, a souligné Sisonke Msimang. Pour Dumisani Rebombo, coordinateur des programmes de prévention dédiés aux hommes d’EngenderHealth, une ONG internationale sur la santé reproductive, le problème en Afrique du Sud n’est pas lié à une faible distribution de préservatifs. «Dans la province du Gauteng, 12 millions de préservatifs sont distribués par mois, mais combien de personnes en utilisent vraiment ? Pourquoi le taux d’incidence est-il toujours si élevé ?» Le problème est lié aux attitudes et aux comportements, a-t-il ajouté. «Cela ne suffit pas de distribuer des préservatifs. Il faut parler du préservatif, des barrières et de la manière de négocier l’utilisation du préservatif avec ses partenaires. On distribuera peut-être moins de préservatifs, mais cela sera plus utile.» La promotion du préservatif féminin encore anecdotique Selon Sisonke Msimang, convaincre les gens d’utiliser un préservatif avec un nouveau partenaire ou lors d’une aventure sans lendemain ne constitue pas le principal défi. En revanche, parvenir à les convaincre d’utiliser un préservatif pendant plusieurs mois avec le même partenaire pose davantage de problèmes. «Les être humains peuvent apprendre à changer de comportements lorsqu’ils courent un risque, mais lorsqu’ils sont dans une relation amoureuse et qu’ils ont confiance en leur partenaire, ils ne se considèrent plus en danger», a-t-elle affirmé. Une enquête nationale, publiée l’année dernière, par le Conseil de recherche en sciences humaines (HSRC) d’Afrique du Sud, a également souligné que ce faux sentiment de sécurité constituait un des principaux obstacles à la prévention du VIH/SIDA. Les résultats de l’enquête ont révélé que la moitié des personnes séropositives interrogées ne s’étaient pas considérées vulnérables au virus, non pas parce qu’elles avaient eu des rapports protégés, mais parce qu’elles avaient été fidèles à leurs partenaires et avaient confiance en eux. «Dans certains cas, le préservatif est perçu comme une barrière à l’intimité», a expliqué Pierre Brouard, directeur adjoint du Centre pour l’étude du sida à l’université de Pretoria. «Pour certains couples, ne pas utiliser de préservatif est une preuve d’engagement et de confiance.» En outre, certaines femmes voudraient avoir des rapports sexuels protégés, mais elles ne sont pas toujours en position de négocier l’utilisation du préservatif, a-t-il ajouté. Les préservatifs féminins accordent aux femmes plus de contrôle, mais malgré quelques rapports anecdotiques sur leur popularité, ils sont plus chers que les préservatifs masculins et le ministère sud-africain de la Santé ne les distribue pas à grande échelle. En 2004, seuls 1,2 million de préservatifs féminins ont été distribués contre 346 millions de préservatifs masculins. Parvenir à modifier les comportements afin de permettre l’inversion de la propagation de l’épidémie n’est pas une tâche qui incombe uniquement aux gouvernements, a affirmé Pierre Brouard. «Les gouvernements doivent travailler avec les principaux acteurs de la société civile qui façonnent les comportements et les attitutes, comme l’Eglise, les écoles et les cliniques. Ils doivent tous travailler de concert pour faire passer le message.» Pour Pierre Brouard et Dumisani Rebombo, si en Ouganda, la stratégie de prévention a été couronnée de succès, c’est grâce à une approche cohérente et intégrée. En revanche, le gouvernement sud-africain a fait passer des messages discordants sur la gravité de l’épidemie et la manière de la combattre, a souligné M.Brouard. L’étude du HSRC a analysé les contenus de diverses campagnes de prévention soutenues par le gouvernement en Afrique du Sud et a révélé que de nombreux messages étaient contradictoires. En se fondant sur l’expérience de l’Ouganda, l’étude a conseillé qu’à l’avenir les programmes de prévention s’inscrivent dans «une stratégie de communication globale, qui s’inscrit elle-même dans un plan national général.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join