Follow our new WhatsApp channel

See updates
  1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. South Africa

Test de dépistage du VIH: volontaire ou obligatoire?

Edwin Cameron, juge à la Cour suprême et militant de la lutte contre le sida, lui-même séropositif, a choisi de faire entendre sa voix sur la question du dépistage du VIH qui alimente un débat international depuis plusieurs mois. Bien qu’une grande partie de la population sache que le VIH/SIDA existe et que le secteur de la santé publique distribue davantage de médicaments antirétroviraux (ARV), qui prolongent l’espérance de vie des personnes séropositives, environ un tiers des six millions de Sud-Africains qui seraient séropositifs, selon les estimations, ne connaît pas son statut sérologique. Plus tôt dans le mois, lors d’une cérémonie à la mémoire de son ami et professeur de droit, Raymond Louw, Edwin Cameron a rappelé la manière dont Raymond Louw avait volontairement ignoré les signes précurseurs de la maladie. En effet, Raymond Louw a attendu d’être très malade pour suivre un traitement, si bien qu’il a été dépisté au VIH/SIDA sept semaines seulement avant sa mort. Selon le magistrat sud-africain, les démarches et les protocoles spécifiques au dépistage du VIH accentuent «la dimension interne de la stigmatisation» et ont découragé Raymond Louw et d’autres Sud-Africains à se faire dépister. «Les gens sont réticents à l’idée de se faire dépister à cause des formalités et des conseils qui accentuent le caractère différent et horrible du sida», a expliqué Edwin Cameron. Edwin Cameron a affirmé que les protocoles visant à protéger les droits des personnes se faisant dépister au VIH étaient anachroniques, qu’ils avaient été élaborés à une époque où une grande stigmatisation été associée au VIH et où les personnes séropositives n’avaient pas toujours accès à un traitement ARV. «Le monde et l’épidémie ont changé», a insisté M.Cameron. Selon lui, dans la mesure où les ARV sont disponibles et le test du dépistage confidentiel, ce dernier devrait être intégré dans les examens médicaux de base. Ainsi, le patient subirait automatiquement un test de dépistage du VIH, à moins qu’il ne s’y soit expressément opposé. En Afrique du Sud, le dépistage du VIH sur la base du volontariat reste la norme, tandis que dans d’autres régions du monde, les tests de dépistage dits de routine, effectués systématiquement au cours d’examens médicaux de base, gagnent du terrain. Ainsi, le Botswana est le premier pays d’Afrique à avoir proposé des tests de dépistage de routine, en 2004, après s’être aperçu que le programme national de distribution d’ARV n’avait pas attiré le nombre de personnes escompté. En proposant des tests de dépistage de routine dans l’ensemble des centres sanitaires du pays, le Botswana a permis une forte augmentation du nombre de personnes dépistées. Ainsi en 2005, 83 pour cent des Botswanais se sont faits dépister au VIH contre 64 pour cent en 2004. Les tests de dépistage de routine ont également permis à un plus grand nombre des femmes enceintes séropositives d’accéder aux médicaments ARV afin de réduire la transmission du virus de la mère à l’enfant. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande désormais que des tests de dépistage de routine soient proposés lorsque les traitements ARV sont disponibles. En outre, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (Centers for Disease Control - CDC) devraient publier le mois prochain de nouvelles directives pour que de tels tests de dépistage soient proposés dans l’ensemble des centres sanitaires des Etats-Unis. La plupart des médecins, activistes et experts du domaine VIH/SIDA interrogés par PlusNews partagent le point de vue du magistrat sud-africain. Selon eux, les tests de dépistage de routine permettraient à l’Afrique du Sud de réduire à la fois la stigmatisation et la transmission du VIH/SIDA et de soigner les patients récemment infectés lorsque les traitements sont plus efficaces. Selon le docteur Janet Giddy, coordinatrice des programmes VIH/SIDA à l’hôpital McCord situé dans la ville de Durban, une ville de la côte est, les tests de dépistage de routine pourraient permettre de considérer le VIH/SIDA comme une maladie chronique pouvant être traitée. «La plupart des gens croient que les tests de dépistage du VIH s’adressent uniquement aux personnes malades, mais d’un autre côté, ils pensent que les examens gynécologiques et la surveillance de la pression artérielle doivent être effectués régulièrement», a-t-elle déclaré. «Cela devrait être la même chose avec le dépistage du VIH, il devrait faire partie des examens cliniques généraux.» La question du conseil pré-test de dépistage créé aussi le débat Cependant, plus rares sont ceux qui partagent l’idée d’Edwin Cameron selon laquelle le conseil pré-test de dépistage est «un luxe que l’on ne peut plus se permettre.» Selon lui, compte tenu du peu de ressources disponibles et partant du principe que les conseils pré-test de dépistage font perdre du temps et de l’énergie aux agents sanitaires, les services de conseils sont devenus «un obstacle à la bonne gestion de la maladie.» Jason Wessenaar, facilitateur auprès du Stigma Project, un projet du Centre pour l’étude du sida de l’université de Pretoria, considère le test de dépistage de routine comme un moyen efficace de lutter contre la stigmatisation. Cependant, il ne partage pas le point de vue d’Edwin Cameroun sur la question du conseil pré-test de dépistage. «Je parle en tant que personne vivant avec le VIH, qui n’a reçu aucun conseil pré-test de dépistage», a confié Jason Wessenaar. «Nos recherches ont démontré que sans ces conseils, il était très difficile pour de nombreuses personnes d’accepter et de révéler leur statut sérologique et qu’elles continuaient à mettre en danger la vie des gens qu’elles aimaient. Je pense vraiment que nous ne devons pas aller dans cette direction.» Selon le docteur Janet Giddy, le manque de conseillers formés, associé à «toute la comédie qui entoure le dépistage», pourraient dissuader les gens d’aller se faire dépister. Tout comme Edwin Cameroun, elle pense que la distribution des ARV doit être repensée. «A mon avis, si le ministère de la Santé annonce qu’il va proposer gratuitement des tests de dépistage à chaque fois qu’il le peut, la population va croire que le VIH est une maladie comme une autre.» Le docteur Janet Giddy travaille sur un nouveau projet de recherche à la clinique prénatale de McCord afin d’évaluer la qualité et l’utilité des conseils pré-test de dépistage dans le cadre des services traditionnels de conseils et de dépistage volontaire. En fonction des résultats de la recherche, un système de test de dépistage de routine pourrait être mis en place dans la clinique. Le médecin a ajouté que les conseils post-test de dépistage continueront à jouer un rôle essentiel, comme cela est le cas après le dépistage de toute maladie grave. Cependant pour Christine Stegling, directrice du Réseau du Botswana pour la loi et l’éthique (Botswana Network of Law and Ethics, Bonela), vouloir renoncer aux services de conseil à cause d’un manque de moyens est inconcevable. «Nous avons toujours été favorables aux tests de dépistage de routine, mais le patient doit pouvoir prendre une décision éclairée», a-t-elle estimé, ajoutant que le conseiller devait être capable d’évaluer les connaissances du malade. «Une conversation sérieuse avec un patient ne coûte pas des millions de dollars.» Qu’elles partagent ou non le point de vue d’Edwin Cameron, les personnes qui pensent que les services de conseils et de dépistage volontaire doivent être repensés se sont dit satisfaites du débat qui s’est ouvert. Le docteur Janet Giddy a noté que selon Edwin Cameron, les services de conseils pré-test de dépistage n’avaient jamais été exigés par la loi sud-africaine et étaient tout juste recommandés par la profession médicale comme devoir éthique. «Pendant plusieurs années, [ces conseils] ont été certainement utiles, puis ils sont devenus un automatisme, qui n’a pas été remis en question depuis», a-t-elle souligné. «Seule la profession médicale peut changer la situation.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join