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La tuberculose et le sida, des épidémies jusque-là contenues

Son expérience en matière de lutte contre la tuberculose et un taux de prévalence au VIH assez bas ont permis au Sénégal de limiter les cas de co-infection à ces deux épidémies mais le pays reste vulnérable, a prévenu un responsable de la lutte contre la tuberculose. Pour le docteur Cheikh Seck, coordonnateur du plan national de lutte contre la tuberculose (PNT), 10 pour cent des patients tuberculeux étaient infectés au VIH en 2002 au Sénégal, contre 75 pour cent dans certains pays africains plus touchés par l’épidémie de VIH/SIDA, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ainsi, le taux de séroprévalence au Sénégal est estimé à environ un pour cent de la population, une situation enviable en Afrique de l’Ouest, où le taux moyen d’infection au VIH s’établit à environ cinq pour cent. Quant à la tuberculose, l’OMS estime l’augmentation des cas à 0,1 pour cent en 2005. «On n’a pas cette flambée de la tuberculose, la maladie est prise en charge dans l’ensemble des services généraux [de santé]», a dit le docteur Seck à PlusNews, ajoutant que l’implication des communautés dans la lutte contre la pandémie et «un excellent système de remontée des informations permet de faire le point tous les six mois». Première infection opportuniste des personnes vivant avec le VIH, la tuberculose a fait un retour en force dans les années 90, accompagnant les premiers cas de sida. L’OMS estime dans son rapport 2006 que près de la moitié des patients séropositifs développent la maladie et recommande, dès lors, une meilleure coordination des réponses nationales. Au Sénégal, la lutte contre la tuberculose a démarré en 1969, avec la mise en place d’une structure devenue «programme national» en 1986, un an après la mise en place du programme de lutte contre le VIH/SIDA. Pourtant, il a fallu 20 ans pour voir émerger un premier plan d’action intégré TB/VIH, une collaboration qui est loin d’être évidente. «C’est un peu le mariage d’un vieux monsieur avec une jeune demoiselle riche et courtisée», a expliqué le docteur Seck, qui a précisé que ce plan, coordonné par un comité ad-hoc, devrait être testé en 2006 dans six des 30 districts que compte le pays. Il s’agira «par exemple de proposer un test du VIH à tous les tuberculeux et inversement, et de sensibiliser l’ensemble du personnel médical qui ne donne pas suffisamment d’informations» sur les deux pandémies, a expliqué le docteur Seck. Le VIH est un facteur aggravant de la maladie, a-t-il rappelé, car le virus affaiblit le système immunitaire du patient qui devient alors très vulnérable à la tuberculose : elle est aujourd’hui la première infection opportuniste liée au virus, et la première cause de mortalité des patients atteints par le VIH au Sénégal. «On ne meurt pas du VIH mais de la tuberculose», a expliqué le docteur Seck. Tandis que le taux de dépistage au VIH est estimé à environ 10 pour cent de la population sénégalaise, il atteint 56 pour cent pour la tuberculose, avec un taux de guérison de l’ordre de 72 pour cent, selon le docteur Seck. L’OMS a fixé les objectifs à atteindre d’ici 2010 à 70 pour cent en terme de dépistage et à 85 pour cent en terme de guérison, des taux que le Sénégal pourrait atteindre à condition de maîtriser l’épidémie de VIH et les résistances à la tuberculose, a prévenu le médecin. Les résistances, de nouveaux défis pour les programmes de lutte «Il ne faut pas s’endormir sur nos lauriers, la tuberculose reste un problème de santé publique, les tranches d’âge concernées sont les populations actives d’adultes de 25 à 44 ans et même si le taux de co-infection est peu élevé, nous n’arrivons pas à le contenir», a-t-il dit. Tandis que les personnes infectées par le VIH doivent prendre leurs médicaments antirétroviraux (ARV) à vie dès que le sida se déclare, les patients tuberculeux sont contraints à un traitement de six à huit mois, qui leur permet de guérir dans la plupart des cas. Malheureusement, a souligné le docteur Seck, nombreux sont ceux qui abandonnent en cours de route. «Dès que le patient se sent mieux, souvent au bout de quelques mois à peine, il ne vient plus prendre ses médicaments», a-t-il regretté. En interrompant leur traitement, les malades prennent le risque de développer des résistances aux médicaments de première ligne, ce qui nécessite d’avoir recours à des thérapies beaucoup plus coûteuses. Ainsi, un traitement pour une infection normale coûte 11 dollars, contre 2 000 dollars pour une infection multi-résistante, dont les chances de guérison ne sont pas garanties. La Journée mondiale de la tuberculose, le 24 mars, a été l'occasion pour l'OMS d'avertir de l'augmentation spectaculaire du nombre de cas de tuberculose résistante aux deux premiers antibiotiques habituellement prescrits dans cette maladie, qui tue encore près de deux millions de personnes par an. "C'est une sentence de mort. Si les traitements de première et deuxième intention échouent, et que nous n'avons pas d'alternative à utiliser immédiatement, c'est une crise", a expliqué vendredi le docteur Marcos Espinale, secrétaire executif du partenariat Halte à la tuberculose (Stop TB) de l'OMS. Pour le docteur Seck, les médecins ont une grande part de responsabilité dans ces interruptions. «Même dans les structures de soins les tuberculeux sont parfois mis en quarantaine», a-t-il reconnu. D’autres facteurs entrent en ligne de compte, comme la stigmatisation qui frappe les personnes tuberculeuses, contagieuses et donc mises à l’écart par leurs communautés. «Pour ne pas être remarqués, les malades vont dans les soins de santé éloignés de chez eux, mais ça leur coûte cher en transport, et au bout d’un moment, ils ne viennent plus», a expliqué le docteur Seck. Afin de limiter les résistances au traitement et de simplifier la gestion de l’infection, le programme prévoit d’introduire une combinaison de quatre médicaments en une seule dose, a-t-il ajouté. Pour les autorités sanitaires, l’objectif est d’obtenir la gratuité de la prise en charge des deux épidémies. Tandis que le dépistage du VIH est gratuit au Sénégal, celui de la tuberculose coûte 3 000 francs CFA (5,5 dollars). Le suivi des patients infectés par le VIH est payant (de l’ordre de 5 200 francs CFA, 9,5 dollars), alors qu’il est gratuit dans le cas de la tuberculose. Mais le docteur Seck est confiant, le Sénégal parviendra à éradiquer la tuberculose d’ici 2050, comme l’a souhaité l’OMS. «Nous y arriverons», a-t-il affirmé.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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