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Bateaux, camions, discothèques et VIH/SIDA

Après plusieurs mois passés en mer ou plusieurs jours enfermés dans un camion, loin de leur domicile, des hommes, en majorité jeunes, arrivent à Walvis Bay avec de l’argent à dépenser, contribuant ainsi à alimenter l’épidémie de VIH/SIDA dans la région. Le port en eau profonde de Walvis Bay vit de l’industrie de la pêche et bénéficie d’une localisation stratégique: situé à mi-chemin entre la frontière angolaise et la frontière sud-africaine, il possède un accès direct aux principales routes commerciales de la région, le commerce et le traitement du poisson étant parmi les secteurs les plus porteurs de l’économie namibienne. Les axes routiers Trans-Caprivi et Trans-Kalahari relient Walvis Bay au Botswana, à l’Afrique du Sud, la Zambie et le Zimbabwe, des pays qui figurent parmi les plus touchés au monde par le VIH/SIDA. De par leur profession, les pêcheurs et les chauffeurs routiers sont sans cesse amenés à se déplacer, ce qui les rend particulièrement vulnérables au VIH/SIDA. Cette population, dont le niveau de vie est relativement élevé, forme la principale clientèle des professionnelles du sexe de Walvis Bay, une ville portuaire où le taux de prévalence du VIH/SIDA oscille entre 25 et 30 pour cent. Alors que d’innombrables programmes de sensibilisation au VIH/SIDA s’adressent aux chauffeurs routiers et aux professionnelles du sexe, à l’inverse, les pêcheurs ont tendance à être négligés dans les campagnes de lutte contre l’épidémie. Par ailleurs, une récente étude menée par l’Institute of Public Policy Research (IPPR) de Namibie a révélé que les pêcheurs étrangers travaillant sur de gros bateaux étaient encore plus marginalisés: les chalutiers provenant des pays d’Europe ou d’Asie, où le taux de prévalence du VIH/SIDA est peu élevé, étaient donc particulièrement exposés au risque d’infection au VIH. L’étude a révélé que les pêcheurs étrangers établissaient des ponts entre les régions du monde à faibles risques et celles à hauts risques, a expliqué Christiaan Keulder, chercheur auprès de l’IPPR. La plupart de ces pêcheurs n’ont jamais reçu d’éducation sur le VIH/SIDA, avant leur arrivée ou pendant leur séjour en Namibie. Par conséquent, leurs connaissances sur le virus sont limitées, ce qui les entraîne à avoir des rapports sexuels non protégés avec les professionnelles du sexe, a expliqué Christiaan Keulder, lors d’un atelier sur ‘le VIH/SIDA dans le secteur de la pêche en Afrique’, qui s’est tenu à Lusaka, la capitale zambienne, il y a deux semaines. Comme les chalutiers étrangers ne peuvent s’exprimer en langues locales, les professionnelles du sexe ont des difficultés à négocier l’utilisation du préservatif. En outre, les éducateurs locaux ont à disposition des fonds limités qui ne les permettent pas de sensibiliser au VIH/SIDA les pêcheurs étrangers ou de négocier pour monter à bord des bateaux internationaux. Selon Christiaan Keulder, les pêcheurs locaux constituent également une population vulnérable au virus. En effet, les initiatives de sensibilisation au VIH/SIDA sont, en règle générale, peu adaptées à ce groupe de personnes. La méfiance des propriétaires et des équipages qui dirigent ces chalutiers obligent les pêcheurs à se montrer prudents vis-à-vis de ces initiatives. «Les personnes censées nous donner ces informations [sur le VIH/SIDA] sont nos chefs, les conducteurs d’embarcation. Mais ils sont tous étrangers et ils ne prêtent pas vraiment attention à nous. Ce qui importe à leurs yeux, c’est le travail et le poisson. Vous savez, ces étrangers ont toujours en tête cette idée qu’il faut que nous continuions à souffrir pour qu’ils puissent revenir chez nous», peut-on lire dans le rapport de l’étude du IPPR, citant le témoignage d’un pêcheur local. La forte consommation d’alcool au sein des communautés locales et le style de vie risqué que mènent les pêcheurs sont aussi des facteurs ayant contribué à augmenter les taux de prévalence du VIH/SIDA parmi les pêcheurs locaux. Bateaux et discothèques La prostitution est illégale en Namibie. Les discothèques sont devenues le lieu de rencontre des professionnelles du sexe et des membres d’équipage des chalutiers étrangers. «Les propriétaires de boîtes de nuit ne font pas des affaires en proposant aux gens de faire la fête, mais [plutôt] en leur offrant la possibilité de rencontrer des professionnelles du sexe», a souligné M. Keulder. Selon l’étude du IPPR, les propriétaires de discothèques se mettent en rapport avec les autorités portuaires afin de connaître les horaires d’arrivée des bateaux au port de Walvis Bay, puis ils informent les professionnelles du sexe. «La symbiose qui existe entre les boîtes de nuit et les professionnelles du sexe n’est pas aussi accidentelle qu’elle y paraît … tout est planifié», a expliqué M. Keulder. Selon l’étude du IPPR, il y a deux catégories de professionnelles du sexe à Walvis Bay. D’un côté, les femmes de‘classe supérieure’, dont les clients sont en règle générale des pêcheurs étrangers et des hommes d’affaires. Elles sont appelées par les propriétaires des discothèques, lorsque les pêcheurs étrangers arrivent. Puis de l’autre côté se trouvent les professionnelles du sexe dites de ‘classe inférieure’. Ces dernières travaillent la plupart du temps dans des bars illégaux ou dans la rue; leurs clients sont des pêcheurs locaux et des chauffeurs routiers, qui les paient parfois même en alcool. Cependant, les professionnelles du sexe figurent parmi les personnes les mieux informées sur le VIH/SIDA. En effet, elles ont participé à divers programmes d’éducation sur le VIH/SIDA, des préservatifs leur sont fournis gratuitement et elles peuvent se faire dépister au VIH. Malgré tout, la violence à laquelle elles sont exposées ainsi que la consommation excessive d’alcool et de drogue les confrontent à des risques d’infection au virus, a conclu M.Keulder.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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