JOHANNESBURG
Les activistes sud-africains engagés dans la lutte contre le sida ont dénoncé la manière ‘négationniste’ avec laquelle le président Thabo Mbeki a choisi de faire face à la pandémie qui ravage le pays.
Dans une récente entrevue accordée à la presse locale, le Président sud-africain a de nouveau affirmé que le service public n’était pas confronté à la crise du VIH/SIDA, alors que des recherches menées dernièrement par le Human Sciences Research Council (HSRC) prouvent le contraire.
Selon Mark Heywood, responsable du AIDS Law Project, le président Thabo Mbeki a pour habitude de minimiser l’étendue véritable de la pandémie.
«Il l’avait déjà fait par le passé et il continue à le faire aujourd’hui. Cela n’a pas de sens que le gouvernement dépense des millions de dollars pour combattre une maladie qui n’existe pas», a souligné Mark Heywood.
En effet, quelques semaines auparavant, le ministre des Finances, Trevor Manuel, avait annoncé que plus de 258 millions de dollars américains seraient débloqués, en 2006-2007, au profit de la lutte contre le VIH/SIDA.
La communauté scientifique, après avoir effectué d’intenses recherches, a confirmé que la population en général, mais également le service public et plus particulièrement l’éducation nationale, étaient touchés par la pandémie, a souligné M.Heywood.
Dans une étude menée l’année dernière auprès de plus de 20 000 individus vivant dans 54 districts différents, le HSRC avait estimé qu’au moins 10 000 enseignants avaient un besoin urgent de médicaments antirétroviraux (ARV).
Cependant, aux yeux du Président Mbeki, ces résultats ne sont que de pures hypothèses.
«Rien n’a jamais été dit sur ce que vous indiquez là [le rapport sur les enseignants], sur ce type de dépérissement à cause du sida. Je n’ai jamais rien vu de la sorte», a-t-il affirmé au journal City Press.
Bien qu’étant incapable de dire si Thabo Mbeki a lu ou non le rapport publié, le docteur Olive Shisana, directeur général du HSRC, se dit néanmoins persuadé que les enseignants séropositifs pâtissent de la négligence de leur Président.
«Les chiffres sont là. Les résultats de l’enquête ont révélé qu’environ 12,7 pour cent des enseignants vivaient avec le VIH, et qu’au moins 10 000 d’entre eux avaient besoin de suivre un traitement ARV immédiatement», a expliqué le docteur Shisana.
Le syndicat démocratique des enseignants d’Afrique du Sud (SADTU) a mis en place un programme de distribution d’ARV au profit des enseignants. Mais jusqu’à présent, moins de la moitié des enseignants séropositifs a pu bénéficier du programme.
«SADTU fait tout son possible, mais il a besoin du soutien du gouvernement afin d’atteindre son objectif. Seulement 3 000 personnes sur les 10 000 qui ont besoin d’un accès au traitement reçoivent des ARV de la part de SADTU», a fait savoir le docteur Shisana, qui soutient la mise en place d’un programme de distribution d’ARV qui soit propre aux enseignants sud-africains.
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