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Pour un carnaval sans risque

Chaque année à la même période, les costumes bariolés, masques, percussions et danses endiablées envahissent Luanda, la capitale angolaise, pendant trois jours de fête ininterrompue, censée se terminer mardi. «Le carnaval est un espace de libération, mais également de risques, en raison des excès d’alcool, de drogues, de sexe et de violence sexuelle», a expliqué Antonio Coelho, président du Réseau angolais des organisations contre le sida (Anaso). Face à ce constat, Anaso a décidé de profiter de la grande parade du samedi pour sensibiliser les jeunes sur les risques d’infection au VIH que constituent certaines de ces pratiques, en utilisant les talents de vedettes angolaises de la chanson et du spectacle. Le réseau a donc créé le Bloco Vermelho (la Troupe rouge), qui cette année a rassemblé pour la parade quelque 1 500 jeunes, tous vêtus de rouge et de blanc. Ces jeunes ont dansé sur des chansons spécialement composées pour l’occasion par Sebem, un célèbre compositeur de kuduro, une musique au rythme entraînant. «Mon ami, fais attention. Mon ami, le danger te guette. Mon ami, cette année, pour le carnaval, chantons : les préservatifs, c’est cool, les préservatifs, c’est chouette», dit une chanson scandée par le Bloco Vermelho. Le roi Sebem et la reine Miss Angola ont pris la tête de Bloco Vermelho. Le rôle du prince est revenu au joueur de basket-ball Jean Jacques da Conceição et celui des princesses à Miss Luanda et à Raquel de Lomba, actrice d’une série télévisée populaire. Des personnalités politiques du parti au pouvoir mais également de l’opposition ainsi que le ministre délégué à la Santé et les autorités municipales ont emboîté le pas aux célébrités du Bloco Vermelho, suivis par des jeunes dansant, chantant et distribuant des préservatifs. Parmi eux, Paulo Domingos a expliqué à PlusNews qu’un de ses amis l’avait persuadé de participer à l’événement, malgré ses réticences au départ. «Il a finalement réussi à me convaincre, [j’ai hésité] car les voisins pensent que si tu rejoins le Bloco Vermelho c’est que tu dois être séropositif et à la première crise de paludisme, ils commencent à commérer», a-t-il affirmé. C’est la quatrième année consécutive que le Bloco Vermelho participe au carnaval. En 2002, la troupe s’appelait le Bloco Azul (la Troupe bleue) et rassemblait des activistes oeuvrant pour la protection de l’environnement et la défense des droits de l’homme. L’année suivante, Anaso a opté pour une troupe dédiée à la lutte contre le VIH/SIDA et vêtue de rouge.
[Angola] Bloco Vermelho rehearsal. They do AIDS prevention during carnival. [Date picture taken: February 2006]
Les chansons et les danses du Bloco Vermelho abordent les problèmes de la vie quotidienne
Depuis, la taille et la popularité de Bloco Vermelho n’ont cessé de croître. «Depuis ces cinq dernières années, notre carnaval compte un nouvel élément: les blocos, les troupes. Ces derniers attirent des jeunes des classes moyennes, vivant dans les villes», a expliqué Carlos de Jesus Vieira Lopes, directeur du carnaval. Traditionnellement, les Grupos Carnavalescos (les groupes du carnaval) représentent l’élément central de la parade, auquel participent les populations des bidonvilles et des environs de Luanda. Ces groupes reflètent à la fois la culture africaine et la culture coloniale portugaise. Le sida, un problème de société que doit aborder le carnaval «Le carnaval occupe une place très importante dans notre culture, c’est une manifestation culturelle par excellence où tous les arts sont représentés», a expliqué M. Vieira Lopes. A travers leurs chansons, leurs danses et leurs costumes, les Grupos abordent les problèmes de la vie quotidienne et de l’actualité et se moquent de la vie politique de leur pays. Les principaux événements de l’année 2005 - la défaite de l’Angola à la Coupe d’Afrique des Nations, la naissance de quadruplés et l’épidémie de choléra- étaient représentés par des sculptures en carton, en tissu ou en fil. «Le sida est un nouvel élément de notre culture et il a été intégré au carnaval», a dit Américo Kwononoca, directeur du musée d’anthropologie. Dans un champ appartenant à l’armée angolaise, à Kassequel do Lourenço, à proximité de l’aéroport de Luanda, des jeunes femmes et des jeunes hommes tournoient de manière à former le ruban, emblème de la lutte contre le sida, sous la direction de Domingos João Souza, un jeune homme séropositif âgé de vingt-six ans. Il y a trois ans, Domingos João Souza, qui vit à proximité de la caserne, a entendu de la musique, puis sa curiosité l’a poussé à rejoindre le groupe. Aujourd’hui, il est chargé de diriger les répétitions. «Au début, j’étais inquiet d’apprendre que j’étais séropositif. Mais aujourd’hui, je sais qu’il faut que chacun de nous apprennent aux autres la manière de se protéger, sinon le sida continuera à tuer», a-t-il dit. L’épidémie du VIH/SIDA est relativement nouvelle en Angola et le taux de prévalence est estimé à un peu moins de quatre pour cent. L’impact du virus n’est pas encore très visible, notamment dans la capitale. «Le Bloco Vermelho est un bon moyen d’attirer l’attention des personnes sceptiques et de leur démontrer que le sida existe», a annoncé Américo Kwononoca. «Faites attention. Parlez-en à vos amis, le danger guette tout le monde. Chantez et dansez pour un carnaval sans sida, faisons la fête, mais faisons-la sans prendre de risques», dit la chanson.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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