L’essai clinique sur les propriétés de l’antirétroviral Tenofovir pour prévenir l’infection au VIH au Ghana se poursuit, mais les 400 volontaires de l’étude bénéficient désormais d’une prise en charge médicale et psychologique gratuite, ont dit les autorités.
“Les participantes qui ont des problèmes médicaux directement liés à leur participation à l’essai reçoivent des soins gratuits. Celles qui sont infectées au VIH ont également accès aux soins et à l’assistance dus aux personnes séropositives”, a expliqué à PlusNews le docteur Edith Clarke du département de médecine préventive au ministère de la Santé.
L’accès à une prise en charge gratuite et complète pour les volontaires des essais cliniques qui seraient contaminées au cours de ces études a été l’une des revendications majeures des associations de lutte contre le sida, en Afrique comme en Europe.
Des essais similaires ont en effet été menés au Cambodge, au Cameroun et au Nigeria sous la supervision de l’organisation Family Health International (FHI), basée aux Etats-Unis, avant d’être interrompus puis abandonnés sous la pressions des activistes locaux.
Au Cameroun, les associations avaient dénoncé, dès janvier 2005, le manque de préparation des volontaires aux risques encourus ainsi que l’absence de traitements antirétroviraux (ARV) offerts aux patientes au cours de l’essai.
Le médicament concerné est un ARV fabriqué et commercialisé depuis trois ans par le laboratoire américain Gilead sous le nom de Viread. Au Ghana, cet essai est mené depuis juin 2004, pour deux ans, sur 400 travailleuses vivant dans la ville portuaire de Tema, à 25 kilomètres à l’est d’Accra, la capitale.
Les volontaires sont réparties en deux groupes, l’un recevant chaque jour un comprimé de Ténofovir, l’autre un comprimé ne contenant pas de principe actif. A la fin des essais, toutes les femmes sont soumises à nouveau à un test de dépistage du VIH.
“Les personnes affectées sont conseillées et orientées vers les organisations qui offrent des services médicaux et un soutien psychologique appropriés ainsi que vers les structures spécialisées dans le VIH dans la zone de l’étude, soit Accra et Tema dès que les besoins apparaissent”, a expliqué le docteur Clarke.
Elle a précisé que le ministère de la Santé, la Commission pour l’alimentation et les médicaments ainsi que l’organisation internationale Family Health International (FHI), qui supervise l’opération, ont mis en place des contrôles éthiques stricts pour éviter que les volontaires soient pénalisées au cours de l’essai.
Les professionnelles du sexe et les personnes vivant avec le VIH/SIDA sont également représentées dans les structures qui contrôlent et surveillent le déroulement du test, a-t-elle expliqué.
Selon le docteur Clarke, aucune des volontaires de l’étude n’est sous traitement ARV pour le moment, mais certaines auraient été infectées par le VIH. Elle n’a pas souhaité donner plus de détails.
“Les résultats indiquent jusqu’à présent que le taux de séro-conversion parmi les volontaires est bas comparé à celui de la population générale des femmes très exposées. Aucune volontaire infectée n’a encore besoin d’ARV”, a-t-elle précisé.
Selon des études récentes menées dans les milieux de la prostitution, les taux de séroprévalence parmi les professionnelles du sexe atteindraient 70 pour cent dans certaines régions, des niveaux d’infection bien au-dessus du taux moyen de prévalence de la population adulte, estimé à 3,1 pour cent au Ghana.
“Si le Tenofovir se révèle sûr et efficace pour prévenir l’infection au VIH, alors les individus les plus exposés, comme ces femmes au Ghana, auront de grandes chances d’en bénéficier”, a ajouté le docteur Clarke.
Des essais cliniques similaires sont actuellement menés sur des homosexuels aux Etats-Unis, ainsi qu’en Thaïlande et au Botswana, financés à hauteur de 6,5 millions de dollars par la Fondation Bill et Melinda Gates. Un autre essai serait prévu sur des hétérosexuels au Malawi, selon FHI.
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