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Les étudiants, une cible des campagnes de dépistage

Ibrahim Thioye, un jeune musulman, est confiant, alors qu’il attend pour faire son test de dépistage du VIH : «sans peur ni appréhension quelconque», confie-t-il. Même attitude pour John, qui comme Ibrahim est étudiant en droit à l’Université Cheikh Anta Diop de la capitale Dakar. «J’ai confiance en moi-même et à la fidélité de ma copine. A chaque occasion, nous utilisons les capotes : pas d’inquiétude, on se protège !», a expliqué le jeune homme, alors qu’il fait la queue, comme des dizaines d’autres, devant le centre de dépistage temporairement installé à l’occasion d’une campagne initiée par le Léo Club, une antenne du Lion’s Club International. Pour l’anniversaire de leur association, en décembre, le Léo Club a décidé de rompre avec les habituelles et discrètes visites qu’effectuent les jeunes dans les quartiers. Cette fois-ci, les 40 000 étudiants du campus sont visés par Aby, Tacko, Alpha ou Ermelindo, qui arborent des tee-shirts barrés d’un : «La jeunesse consciente combat le sida». Ces activistes espèrent que plus de personnes connaîtront leur statut sérologique et seront informées des risques de contamination au VIH/SIDA, dans un pays qui se vante d’avoir l’un des taux de séroprévalence parmi les plus bas d’Afrique, autour d’un pour cent de la population. Selon une étude nationale de démographie et de santé (EDS), réalisée en 2005, les jeunes gens âgés de 15 à 24 ans, et notamment les filles, sont les plus vulnérables aux nouvelles infections, un constat inquiétant qui pousse les autorités à soutenir ce type d’initiative, à même de sensibiliser les étudiants aux dangers de l’épidémie -- en 2004, environ six pour cent des personnes infectées au VIH/SIDA au Sénégal avaient moins de 15 ans,. “Nous ne devons pas attendre que la pandémie de sida s’accélère pour réagir’, a expliqué Baba Goumbala, le secrétaire exécutif de l’ONG Alliance nationale contre le sida, une coalition d’associations et d’ONG africaines. Les membres du Leo Club ont donc pris d’assaut le campus, l’inondant autant que possible de prospectus et de préservatifs, et organisant les séances de dépistage. «C’est un bon début», a commenté Alpha Ndiaye. Derrière une table chargée de brochures, de livres et d’un millier de capotes gratuites, le jeune homme s’est dit ravi de voir «des garçons qui pensent à se protéger contre le virus et de nombreuses filles venues pour poser beaucoup de questions sur l’infection». Le professeur Papa Salif Sow, qui dirige le département des maladies infectieuses à l’hôpital de Fann, à Dakar, a estimé que les jeunes filles doivent impérativement être informées des risques qu’elles courent. «Nous allons davantage les protéger pour qu’il n’y ait plus de nouvelles infections», a expliqué le professeur Sow à PlusNews, ajoutant que des enquêtes vont être lancées pour apprécier le niveau de connaissances et de risques dans les établissements scolaires et universitaires. Protéger les filles, un impératif au Sénégal Selon Ndèye Sané, responsable de la branche ‘Jeune’ de l’ONG panafricaine Society of Women Against AIDS (SWAA) au Sénégal, aucune des étudiantes dépistées sur le campus au cours de l’opération ne s’est révélée séropositive. «Elles sont assez bien informées et savent qu’il vaut mieux connaître son statut que de continuer à vivre dans le doute», a-t-elle dit, approuvée par Maty, l’une des 300 étudiantes de la Cité universitaire Claudel de Dakar. «Je suis séronégative ! J’étais rassurée avant et je le suis davantage après les résultats du dépistage». Pour le docteur Ndobe Seck, qui travaille sur le campus universitaire, «les étudiants constituent la population la mieux informée, la plus avertie et la plus protégée [du VIH/SIDA] grâce à leur niveau instruction». Ils peuvent aussi se procurer des préservatifs gratuits auprès du service médical de l’université et s’informer autant qu’ils le souhaitent sur les modes de contamination du virus. «Nous les sensibilisons à faire le dépistage ici ou dans les centres de dépistage anonyme et volontaire», a expliqué le docteur Seck. Sur les 40 000 étudiants qui viennent régulièrement en consultation dans son cabinet, une quinzaine est séropositive, selon le docteur. Néanmoins, les médecins estiment que seuls 10 pour cent de la population sénégalaise connaissent leur statut sérologique. «Compte tenu de la prostitution clandestine sur le campus, des personnes vivent avec le sida ici, voyez les garçons qui entrent et sortent avec des filles alors qu’ils n’ont parfois même pas de quoi se payer une capote ! », s’est désolé Samba, l’un des 10 000 résidents du campus. A 150 francs CFA les trois (28 cents américains), une boîte de préservatifs vaut un repas, a-t-il expliqué, regrettant que beaucoup d’étudiants hésitent encore à s’approvisionner gratuitement auprès du service médical de l’université. Alors, pour convaincre les plus réticents, les acteurs de la santé ont un discours bien rôdé, qui insiste sur le fait que le dépistage est loin d’être une sentence de mort. «Avec le dépistage, on ne doit plus avoir peur», a dit Awa Diop, présidente du Club d’éducation familiale de l’école supérieure John Kennedy de Dakar. «Si le résultat est positif, les traitements existent» et ils sont gratuits au Sénégal, a poursuivi Mme Diop. Pour Ndèye Sané, de SWAA, cela ne fait aucun doute que le dépistage rassure et apaise car, «mieux vaut connaître son statut que de continuer à vivre dans le doute.»

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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