1. Accueil
  2. Southern Africa
  3. Eswatini
  • News

Une aide pour les anciens, accablés par le fardeau du sida

Gogo «mamie» Mkwanaze, 72 ans, sait déjà ce qu’elle fera de l’argent qu’elle va recevoir suite à la décision du gouvernement de réévaluer le système des pensions pour les personnes âgées afin de les aider à supporter le poids de l’épidémie de VIH qui décime leurs enfants. «Mes petits-enfants ont besoin de chaussures et d’uniformes scolaires, l’école rouvre dans deux mois, et j’élève ces enfants toute seule, vous savez», a dit en souriant Gogo Mkwanaze, qui, en dépit de ses maigres ressources, assume la charge de ses deux petits-enfants, Sipho, sept ans, et sa soeur Imbali âgée de 11 ans, depuis la disparition de leurs parents. Selon le gouvernement, sa décision d’augmenter de 60 pour cent le montant des pensions données aux Swazi âgés de plus de 60 ans s’est fondée sur le constat que les besoins des personnes âgées s’étaient accrus ces dernières années. Leurs conditions de vie se sont détériorées avec la dégradation de l’économie et suite à la disparition progressive des cellules familiales traditionnelles, dans lesquelles les générations vivaient toutes ensemble et se prenaient en charge mutuellement. «J’ai de la chance que des jeunes garçons qui vivent dans le voisinage acceptent de labourer mon champs, je leur donne des mangues de mon jardin, mais j’ai vu une vieille dame comme moi qui essayait de cultiver sa terre elle-même, je n’aurais jamais pu imaginer voir ça un jour», a dit Gogo Mkwanaze, en secouant la tête en signe de désapprobation. Un programme élaboré par Sipho Shongwe, le ministre de la Santé et de la Sécurité sociale, et approuvé par le Parlement va permettre d’augmenter les pensions versées aux personnes âgées, de 120 rands (20 dollars) à 200 rands (33 dollars). D’autre part, les paiements qui s’effectuaient jusqu’à maintenant sur une base trimestrielle deviendront mensuels lorsque le nouveau système rentrera en vigueur, à la fin de l’année. Le Parlement a prévu un budget de 30 millions de rands (cinq millions de dollars) pour financer l’initiative, qui doit toucher 43 000 Swazi de plus de 60 ans, sur une population d’environ un million de personnes. Selon les prévisions du gouvernement, le nombre de personnes âgées pourrait rester stable pendant quelques années en raison de l’impact alarmant du VIH/SIDA. Plus de 40 pour cent de la population adulte sexuellement active est séropositive, et l’espérance de vie a chuté de 46 ans il y a une décennie, à 36 ans aujourd’hui. Le poids de l’épidémie, notamment parmi les populations jeunes, signifie aussi que les plus jeunes ne peuvent plus soutenir leurs parents âgés, qui au crépuscule de leur vie, sont accablés par la lourde charge d’avoir à élever leurs petits-enfants après que ces derniers aient perdu leurs parents. Dans l’espoir de gagner un peu d’argent, de plus en plus de femmes âgées viennent s’établir en ville pour vendre des articles qu’elles fabriquent ou les produits de leur terre. Au marché de Manzini, dans le centre du Swaziland, Agnes Masuku, une sexagénaire, vend de larges cuillères en bois, et des ustensiles de cuisine qu’elle et son neveu fabriquent. «Les arbres qui nous fournissent le bois sont de moins en moins nombreux, un jour il n’y en aura plus, je suis soulagée que le gouvernement augmente nos pensions», a dit Masuku. Mais, réaliste, elle sait que la nouvelle allocation mensuelle ne la mènera pas loin. «Qu’est-ce que 200 rands par mois quand une miche de pain noir coûte 3,50 rands (0,55 dollar), un sac de cinq kilos de maïs 22 rands (3,5 dollars), et un litre de lait 8,50 rands (1,4 dollar)? Les frais de transports en commun ont aussi tellement augmenté...» Le double impact de l’exode rurale et du sida Selon Mkuluza Zwane, directeur de l’association des personnes âgées Umtfunti, qui milite en faveur des personnes âgées auprès du gouvernement, le besoin pressant d’augmenter les pensions se faisait sentir depuis plusieurs années. Il a reconnu qu’une personne «ne pouvait pas s’en sortir» avec 200 rands. «Mais si [cette personne] a un endroit où vivre et un jardin, l’allocation constitue une aide supplémentaire appréciable», a-t-il ajouté. Zwane a dit que le logement n’était généralement pas un problème qui affectait les personnes âgées au Swaziland parce qu’elles avaient de petites concessions familiales, même si ces dernières étaient des structures en terre et en bois, sans électricité ou eau courante. L’inquiétude est ailleurs, a convenu Sylvester Mahlalela, un volontaire communautaire dans la région rurale de Mliba, au nord du Swaziland. «Le double problème de la migration vers les villes, où la jeune génération va et où les emplois sont censés se trouver, et du sida qui décime les jeunes, a drainé la vitalité hors des zones où elle se trouvait généralement», a-t-il commenté. «On trouve maintenant des personnes âgées vivant seules ici. Historiquement, les anciens étaient entourés de leurs proches qui prenaient soin d’eux», a-t-il dit. Les coûts de transport, que doit assumer Mme Masuku lorsqu’elle essaie d’acheminer ses biens au marché, constituent un véritable souci pour les personnes âgées, a dit Mahlalela. Lorsque le ministère de la Santé et de la sécurité sociale a planché sur sa nouvelle politique en matière de pensions, l’association Umtfunti a plaidé en faveur de réformes qui permettraient de mettre l’argent à disposition des personnes âgées là où elles se trouvent, plutôt que d’obliger ces dernières à voyager sur de longues distances pour aller toucher leur pension. «Les anciens dépensent une partie de leurs allocations pour se rendre dans les centre régionaux, où les paiements leurs sont versés non pas en liquide mais en chèque», a expliqué Mahlalela. «Ils ne peuvent pas assumer les frais liés à un compte bancaire et ils vivent de toute façon loin des banques. C’est difficile pour eux de trouver des endroits où on accepte d’échanger leur chèque contre des liquidités dans les zones rurales». Dans le cadre du nouveau système, la compagnie swazi des postes et télécommunications, qui contrôle le réseau national de téléphone et de services postaux, donnera aux bénéficiaires des pensions des paiements en liquide dans des centres communautaires. Ce service sera facturé au gouvernement à hauteur d’un rand par bénéficiaire. Les personnes âgées auront aussi le choix de se déplacer quatre fois par an pour recevoir un trimestre d’allocations en une fois, plutôt que de faire le déplacement chaque mois. Le nouveau système de pensions a été perçu par les personnes âgées comme une petite victoire qui a mis du temps à arriver, a dit Mahlalela. «Mais elle montre que les Swazi respectent toujours leurs anciens».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

Partager cet article

Get the day’s top headlines in your inbox every morning

Starting at just $5 a month, you can become a member of The New Humanitarian and receive our premium newsletter, DAWNS Digest.

DAWNS Digest has been the trusted essential morning read for global aid and foreign policy professionals for more than 10 years.

Government, media, global governance organisations, NGOs, academics, and more subscribe to DAWNS to receive the day’s top global headlines of news and analysis in their inboxes every weekday morning.

It’s the perfect way to start your day.

Become a member of The New Humanitarian today and you’ll automatically be subscribed to DAWNS Digest – free of charge.

Become a member of The New Humanitarian

Support our journalism and become more involved in our community. Help us deliver informative, accessible, independent journalism that you can trust and provides accountability to the millions of people affected by crises worldwide.

Join