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Briser les chaînes qui lient au VIH, mais comment ?

Si le Ghana ne change pas radicalement sa manière d’appréhender le VIH/SIDA, le pays ne parviendra pas à limiter la progression de la pandémie, selon un rapport national sur l’état du développement humain en 2004. Pour la première fois depuis 1997, date à laquelle le premier rapport thématique a pu être publié avec l’appui d’agences des Nations unies, un document fait référence au VIH/SIDA. Intitulé “Casser les chaînes du VIH, un défi pour le développement humain”, il fait clairement référence à la situation ‘d’esclavage’ dans laquelle se trouve le pays. “Contrairement à il y a dix ans, il est désormais évident que les acteurs les plus importants sont aujourd’hui impliqués dans les campagnes de sensibilisation, pour plus de compassion”, a expliqué le rapport. “Il y a néanmoins des secteurs vis-à-vis desquels plus d’efforts pourraient vraiment faire la différence.” Selon les auteurs du rapport, il est devenu essentiel que les campagnes nationales abordent tous les aspects du développement humain -- tels que la santé, mais aussi l’éducation, l’économie, la gestion politique. L’argument sous-jacent du rapport, présenté fin octobre par le conseiller du chef de l’Etat pour le VIH/SIDA, le professeur Fred T. Sai, est que les tentatives pour accélérer le développement au Ghana et atteindre les objectifs que se sont fixés les Etats-membres des Nations unies pour ce millénaire échoueront… à moins que l’Etat et la société dans son ensemble ne prennent le dessus sur l’épidémie. Et le pays en est loin, selon les auteurs du rapport qui ont souligné que si le taux de prévalence demeure assez bas -- 3,1 pour cent des personnes infectées selon la dernière étude sentinelle en 2003 --, il est cependant proche du seuil des cinq pour cent, à partir duquel on considère l’épidémie comme ‘généralisée’ à toutes les couches de la société. Trouver des solutions communes “En raison de styles de vie à risque, comme des rapports sexuels précoces ou de multiples partenariats sexuels, que l’on retrouve dans nos sociétés, il serait extrêmement dangereux de limiter le facteur risque à certains groupes sociaux”, a dit le rapport. Plus inquiétant, selon ses auteurs, l’enquête de 2004 a montré que si les taux d’infection au VIH ont diminué dans 14 des 35 zones étudiées, six sites sentinelles, tous situés dans le sud du pays, enregistraient un taux de prévalence de plus de cinq pour cent. Le sud du Ghana, où la population est plus dense qu’au nord, est le plus touché par l’épidémie : le taux de prévalence y varie entre trois et 6,5 pour cent, tandis que les régions du nord du pays, qui ont toujours été moins affectées, affichent un taux moyen de 1,8 pour cent. Afin de s’adresser à tous, et notamment à l’âme profondément religieuse des Ghanéens, les auteurs du rapport ont dit encourager les réponses communautaires, tandis que les structures gouvernementales s’occuperont de mobiliser plus de ressources pour former des infirmiers et des médecins. “Les organisations religieuses devraient être encouragées, non seulement à sensibiliser le public à plus de compassion, mais aussi pour ouvrir le débat concernant une certaine façon de vivre, les mécanismes de survie et des obligations sociales, qui évidemment jouent un rôle dans la propagation de l’épidémie”, selon le rapport. Bien que les Eglises aient répondu présentes à l’appel des autorités, intégrant le VIH/SIDA dans leurs activités courantes et créant des comités spécifiques, elles doivent de toute façon composer avec la question éminement morale du préservatif, en général banni des discours aux fidèles ou présenté en dernier recours. Pour les auteurs du rapport, il est désormais temps de faire une plus large place aux solutions conçues par les communautés pour des problèmes les affectant directement – comme les enfants infectés par le virus, ou affectés par le décès d’un ou de leurs parents. “Le Ghana est le témoin d’une situation où les institutions non-familiales, notamment les ONG et les organisations à base communautaire, prennent une place de plus en plus importante dans la prise en charge des orphelins”, a signalé le rapport. En septembre dernier, le ministère de la Femme et de l’Enfance a dit vouloir appuyer financièrement ceux qui viendront en aide aux 200 000 enfants devenus orphelins du sida à la suite de la disparition de leurs parents. Selon le ministère, il est essentiel de tenter de préserver ces enfants du traumatisme psychologique provoqué par la mort de leurs parents et la vie en orphelinat. Le rapport a suggéré que les facteurs qui sont susceptibles d’entraîner une prise de risque puis une infection au VIH (déplacement, migration, pauvreté, vulnérabilité liée au genre ou à l’âge) soient abordés au niveau national. Respecter les droits de tous Ce partage des responsabilités entre la communauté et l’Etat doit répondre, selon le rapport, à une seule préoccupation : conserver intacts les droits de ceux qui vivent avec le VIH/SIDA, mais également préserver ceux des autres membres de la société, “le plus grand défi auquel doit faire face la lutte contre le VIH/SIDA au Ghana”. Bien que de plus de plus de personnes vivant avec le sida reçoivent des traitements antirétroviraux (ARV) au Ghana, des milliers d’entre elles continuent de dissimuler leur statut, de crainte d’être rejetées par leur entourage, selon des travailleurs humanitaires. Ces personnes éprouvent des difficultés à trouver du travail, un logement, mais aussi à conserver de bonnes relations avec leurs amis ou leur famille, selon Kakra Ankobiah, directeur de programmes à la Fondation de lutte contre le sida en Afrique de l’Ouest (West African AIDS Foundation – WAAF). Selon M. Ankobiah, interrogé par PlusNews en octobre, les “ARV permettent à un plus grand nombre de patients de rester en vie… mais personne ne veut leur donner un travail. Les propriétaires et les autres locataires expulsent ou marginalisent ceux qui révèlent leur sérologie. Notre société n’a pas encore résolu ce type de problèmes”. Le rapport a ainsi souligné le faible rôle d’intégration joué par les entreprises, pourtant premier lieu de socialisation chez les adultes. De nombreuses entreprises ne se sont toujours pas aperçues de l’impact que la pandémie pourrait avoir sur leur production, tandis qu’employeurs et salariés ont toujours du mal à accepter de travailler aux côtés de personnes vivant avec le VIH/SIDA. Les filiales des compagnies multinationales ont plus de possibilités d'appliquer des programmes intégrés que la plupart des entreprises ghanéennes, moins sensibilisées et moins conscientes des problèmes rencontrés par les personnes vivant avec le virus. Les entreprises locales ont aussi moins de ressources pour assurer une prise en charge complète de leurs salariés. Une étude menée au Ghana par l'organisation internationale Family Health International (FHI) en 2003 a révélé que le coût du traitement des infections opportunistes, qui se développent sur les organismes affaiblis par le virus, s’élève à 33 dollars par an au début de l'infection à VIH. Le traitement par ARV peut aller jusqu'à 1 120 dollars par an. Là encore, les auteurs du rapport ont insisté sur la nécessité de proposer des solutions négociées entre partenaires sociaux, comme des emplois à mi-temps qui pourraient permettre aux personnes compétentes, bien que vivant avec le virus, de continuer à travailler au profit de l’entreprise et de leurs familles. “La situation idéale”, ont-ils écrit, “serait celle où les gens sont stimulés par l’information qu’ils reçoivent des media et d’autres, au point de se protéger et de faire attention aux dommages qu’ils pourraient causer à autrui par leur seul comportement.”

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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