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Développer des stratégies contre la stigmatisation liée au VIH

Lorsque les travailleurs sociaux ont réalisé que les villageois dans la province de Manica dans le centre du Mozambique fuyaient les obsèques des voisins connus ou soupçonnés d’être infectés au VIH, ils ont réunis les responsables locaux et les chefs traditionnels pour trouver une solution. «On a expliqué comment le VIH/SIDA se transmettait et comment le rejet isolait les familles au moment où elles étaient le plus dans le besoin», a dit Hortensia Gathigi, une Kenyane qui travaille avec Kubatsirana, une organisation confessionnelle active dans huit districts des provinces de Manica et de Sofala, à environ 500 kilomètres au nord de la capitale Maputo. Une fois que les chefs ont rapporté ces messages à leurs communautés, la participation aux funérailles a commencé à augmenter, une petite victoire, certes, mais pas pour les membres de ces familles qui souffraient du rejet. Mme Gathiri et d’autres acteurs de la lutte contre le sida ont présenté le résultat de leurs études lors d’une récente conférence sur la stigmatisation et la discrimination organisée à Pretoria, la capitale sud-africaine, par l’initiative régionale contre le sida en Afrique australe, un projet de l’organisation anglaise de développement Voluntary services overseas. L’organisation Kubatsirana a mené une étude dans la province de Manica et identifié un certain nombre de formes de discrimination à l’encontre des personnes vivant avec le VIH. Au sein de leur famille, ces personnes subissent des reproches, souffrent d’isolement et d’abandon. Au marché les clients n’achètent pas les produits vendus par des personnes séropositives, et dans les transports en commun, les chauffeurs chassent ces personnes parce que les autres passagers refusent de partager un siège avec eux. Au point d’eau, les femmes et les enfants s’enfuient lorsque des voisins séropositifs arrivent avec leur seau. Dans les églises, les pasteurs prêchent que le sida est une punition divine. Enfin dans les centres de santé, les patients séropositifs sont les derniers à être examinés et les premiers à être blâmés par le personnel médical. «Le Mozambique en est là où était le Kenya au début des années 90 – rongé par la peur et les préjugés», a dit Mme Gathiri. L’épidémie de VIH est relativement ‘nouvelle’ au Mozambique. De nombreuses régions n’étaient pas accessibles durant la guerre civile qui a duré 17 ans, ce qui a contribué à propager le virus. Et lorsque la guerre a pris fin en 1994, le pays s’est ouvert et quatre millions de personnes déplacées pendant le conflit sont rentrées chez elles. Le taux de prévalence du VIH s’élève à 16,2 pour cent au niveau national, mais atteint 19 pour cent à Manica et 26 pour cent à Sofala, les provinces qui bordent le Zimbabwe, un pays dans lequel près d’une personne sur quatre vit avec le virus. Paradoxalement, le Mozambique est l’un des deux seuls pays de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC, en anglais), à avoir voté une loi pour protéger les droits des personnes vivant avec le VIH sur les lieux de travail, l’autre pays étant la Namibie. En 1998, la première association de Mozambicains vivant avec le virus, Kindlimuka, a constaté que de plus en plus de travailleurs étaient forcés d’effectuer un test de dépistage du VIH ou licenciés parce qu’ils étaient séropositifs. En collaboration avec les syndicats, le réseau mozambicain des organisations contre le sida (Monaso, en anglais) et les institutions légales, Kindlimuka a fait pression sur les députés et a contribué à rédiger un projet de loi contre la discrimination, une loi finalement adoptée en 2002. Kindlimuka et les syndicats ont ensuite traduit cette loi dans les langues locales avant de faire le tour des entreprises pour leur expliquer. Mais la loi ne protège que les employés du secteur formel. Or ces derniers ne représentent que six pour cent des travailleurs infectés par le virus. Une loi plus large protégeant les droits de toutes les personnes vivant avec le VIH et interdisant la discrimination dans les écoles et les hôpitaux est actuellement en cours de rédaction. «A travers ce processus, nous avons appris que le plaidoyer et la pression étaient essentiels, que nous devons établir des partenariats avec les autres institutions et que nous devons être patients», a dit Carlos Castro de Kindlimuka. Mme Gathiri a ajouté que la clé du succès était d’impliquer les gouvernements et les chefs religieux dès le départ. « Nous ne l’avons pas fait à Chimoio [la capitale de la province de Manica] et nous avons échoué», a-t-elle souligné. Fondé en 2002 et actif dans toutes les provinces, le réseau national d’associations de personnes vivant avec le VIH, Rensida, a fait pression avec succès pour être représenté au niveau des structures nationales de la lutte contre le sida. «Nous avons fait beaucoup de bruit jusqu’à ce qu’on accepte de nous donner notre place», a dit le coordinateur de Rensida, Amos Sibambo. «Notre slogan est ‘Rien ne peut être fait pour nous sans nous’». Mettre en place des groupes de soutien est une stratégie clé de Rensida. «Nos vies changent après avoir rejoint l’un de ces groupes», a dit M. Sibambo. «Nous reconstruisons notre confiance en nous, nous développons une vie sociale et rencontrons des nouveaux frères et soeurs, notamment pour ceux d’entre nous qui ont été abandonnés par nos familles», a-t-il expliqué.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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