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De l'eau, de l’eau partout, sauf dans les robinets

C’est la saison des pluies en Guinée, l’un des pays les plus arrosé d’Afrique de l’ouest, mais dans de beaucoup de villes de l’intérieur les robinets ne distribuent plus d’eau potable depuis quelques mois.

De nombreux fleuves comme les fleuves Sénégal et Niger prennent leur source en Guinée que l’on surnomme le « le château d’eau » de l’Afrique de l’ouest. Dans certaines régions de l’intérieur du pays, il tombe en moyenne de près de quatre mètres d’eau par an.

Mais les pannes survenues dans certains centres de traitement de la compagnie nationale des eaux ont, pendant des semaines, perturbé la distribution d’eau potable dans de grandes villes de l’intérieur comme Kindia et Labé. La ville de N’zérékoré, par exemple, près de la frontière libérienne, est privée d’eau depuis 5 ans.

Ce n’est pas le seul paradoxe dans ce pays où, malgré ses larges réserves de bauxite, d’or, et de diamant, la majorité des habitants vivent avec moins d’un dollar par jour.

Même la capitale n’a pas échappé à cette pénurie. Ainsi, alors que le quartier des affaires dispose d’une infrastructure relativement fiable, les habitants de beaucoup d’autres secteurs de Conakry doivent aller chercher de l’eau.

« Cela fait deux ans que nous n’avons pas eu d’eau potable dans le quartier », a déclaré à IRIN Thiany Yansane, un élu local. « C’est la raison pour laquelle je garde toujours des jerricans dans ma voiture que je remplis d’eau au bureau ».

Selon Mohammed Dangoura, un représentant de la Croix Rouge à Conakry, deux raisons, toutes liées à la pauvreté du pays, expliquent la difficulté de la population à avoir accès à l’eau potable. Premièrement, la majorité de la population n’a tout simplement pas les moyens de payer pour cette prestation. Deuxièmement, la compagnie nationale des eaux n’est pas en mesure d’en assurer la distribution.

Pas d’accès à l’eau potable

Dans un rapport publié en juin, l’organisation multinationale indépendante Crisis Group a prévenu que la Guinée allait devenir le prochain Etat ouest-africain en situation de faillite.

Le président Lansana Conté, arrivé au pouvoir à la faveur du coup d’état de 1984, est gravement malade et n’a désigné aucun successeur. Quant à l’opposition, elle n’a pas encore fourni une alternative crédible. L’avenir du pays est donc incertain et le présent est d’autant plus difficile qu’on assiste actuellement à l’effondrement de l’Etat.

« Cette [question d’eau] fait partie des nombreux problèmes auxquels les Guinéens sont confrontés dans leur vie quotidienne », a déclaré Mike McGovern, le directeur de projet Afrique de l’ouest chez Crisis Group, ajoutant que des difficultés similaires existent dans d’autres secteurs comme ceux du transport, de la santé et de l’éducation.

« Il n’y a pas d’excuse valable pour les problèmes actuels », a-t-il affirmé à IRIN. « Le pire, c’est que c’est un pays riche qui devrait être en mesure d’offrir certains services à son peuple, mais il ne fait pas ».

Les coupures d’eau sont fréquentes en Guinée, mais la pénurie actuelle est particulièrement difficile pour ce pays majoritairement musulman où une grande partie de la population observe depuis la semaine dernière le jeûne du Ramadan, une période pendant laquelle les musulmans ne mangent et ni ne boivent durant toute la journée. Et lorsque la nuit tombe et que le jeune est rompu, les gens ont besoin de se réapprovisionner en eau, ce que le gouvernement reconnaît sans aucune difficulté.

« Nous avons convoqué tous les responsables de centres de l’intérieur [du pays] à Conakry afin que tout le monde puisse avoir de l’eau pendant le mois saint du Ramadan», a déclaré la semaine dernière à IRIN Fatoumata Binta Diallo, la ministre de l’énergie.

Mais une semaine après le début de cette période de jeûne, le problème n’est toujours pas résolu et le gouvernement a décide lundi de changer la direction de la compagnie des eaux, Acheick Mouctar Youla.

Peu de temps avant son remplacement à la tête de la compagnie, M. Youla avait confié à IRIN qu’il y avait des problèmes de distribution. Ceux-ci s’expliquaient par le mauvais entretien des installations et par la hausse du prix de l’essence indispensable au fonctionnement des centres de traitement des eaux. Selon lui, les 24 centres de l’intérieur du pays ont besoin de 10 000 litres par mois, ce qui représente une facture de 9 000 dollars américains.

Des problèmes qui ne sont pas nouveaux

Mais le problème d’approvisionnement en eau ne remonte pas à la récente augmentation du cours mondial du baril de pétrole.

Les rapports très heurtés qui existaient entre le gouvernement et les compagnies étrangères et que M. McGovern qualifiait de désastreux ont amené les autorités guinéennes à rompre les contrats de distribution d’eau et à nationaliser les installations du pays en fin 2000.

« Ca s’est empiré depuis qu’ils sont partis », a déclaré M. McGovern.

Selon des représentants de la compagnie des eaux qui ont souhaité garder l’anonymat, les ennuis financiers de la structure sont le résultat d’une mauvais gestion et de problèmes liés à la collecte de l’argent, étant donné que beaucoup de personnes s’approvisionnent en eau illégalement.

Selon M. McGovern, la décision du gouvernement guinéen de nationaliser ses installations est une vieille pratique qui consiste à accuser les étrangers lorsqu’on veut masquer la mauvaise gouvernance des nationaux.

« Mais la grande majorité des Guinéens ne croit plus à cette rhétorique, ce qui est un changement d’attitude progrès important », a-t-il déclaré à IRN.

Ce changement pourrait expliquer certains événements survenus cette semaine. En effet, le gouvernement a également annoncé mardi qu’il avait réglé un vieux contentieux avec trois compagnies d’électricité étrangères.

Les Françaises Saur et Electricité de France (EDF) et le Canadien Hydro-Québec ont accepté d’éponger 70 pour cent des dettes que le gouvernement leur devait, laissant un total de 3 millions d’euros (3,6 millions de dollars américain) qui devront être payés dans les 36 prochains mois.

Ces dernières années, la corruption et l’absence de démocratie ont amené les bailleurs étrangers à être de plus en plus réticents à accorder des prêts à la Guinée. Pour le représentant d’EDF, André Jaujay, ce nouvel accord pourrait changer la donne.

« En basant notre collaboration sur des de financements étrangers, nos sociétés seront heureuses de devenir de sérieux partenaires de la Guinée », a t-il affirmé, parlant au nom des trois multinationales signataires de l’accord.

Mais en attendant, les Guinéens n’ont toujours pas d’eau.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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