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Entre grève générale et menace de sanctions – la présidence controversée de Faure Gnassingbe

Lomé semblait vivre au ralenti mardi, au premier jour de la grève générale décrétée par l’opposition en réaction à la nomination controversée de Faure Gnassingbe à la présidence de la république suite au décès de son père.

La circulation dans les rues de la capitale était plus fluide que d’habitude et la plupart des écoles étaient fermées. Les banques et les marchés sont restés ouverts, mais n’avaient l’affluence des autres jours.

Les autorités togolaises ont brouillé les émissions de Radio France Internationale (RFI) à Lomé et exigé de certaines chaînes de radio locales qu’elles arrêtent de diffuser des informations hostiles à l’investiture du président Faure Gnassingbe.

Faisant fi des dispositions de la constitution, la hiérarchie militaire togolaise avait installé samedi à la tête de ce petit pays d’Afrique de l’ouest Faure Gnassingbe, après le décès de son père et doyen des chefs d’état africains, Gnassingbe Eyadema, lors de son évacuation sanitaire pour des soins à l’étranger.

En réaction à la condamnation internationale de cette confiscation du pouvoir considérée comme un coup d’état, l’assemblée nationale du Togo a précipitamment amendé la constitution dimanche pour légitimer la nomination de Faure Gnassingbe

Mais cette initiative des parlementaires togolais ne semble pas avoir atténué les critiques de la communauté internationale.

Lundi dernier, le conseil de la paix et de la sécurité de l’Union africaine (UA) a sévèrement critiqué la prise de pouvoir de Faure Gnassingbe, la qualifiant "violation manifeste et inacceptable de la constitution togolaise" et a menacé d’imposer des sanctions à son régime.

"Les sanctions seraient une suspension du pays de toutes les instances de l’UA, ce qui lui interdirait toute participation aux réunions," a indiqué à IRIN Adam Thiam, le porte-parole de l’organisation.

Réagissant à la décision du nouveau président d’interdire pendant deux mois toute manifestation publique au Togo, les chefs des partis d’opposition ont appelé la population à rester à la maison pendant deux jours pour manifester leur colère contre le non respect de la démocratie au Togo.

Grégory, un fonctionnaire de l’Etat, fait partie des milliers de personnes qui ont répondu à l’appel des partis d’opposition.

"C’est aux togolais mêmes de réagir, car ce sont eux qui souffrent," a-t-il confié mardi à IRIN.

Mais pour les autres habitants de Lomé, ce jour n’a rien de particulier. Chacun vaquait à ses occupations habituelles.

"Moi, je suis désolé, je ne suis plus partant pour les grèves de l’opposition, car nous avons fait une grève pendant près d’un an dans ce pays et cela n’a rien donné" a fait remarquer un habitant sans décliner son identité.

A l’extérieur de la capitale, les opinions étaient tout aussi partagées.

"Les rues sont un peu moins chargées, mais nous sommes venus au travail et la journée se déroule normalement," a déclaré au téléphone un travailleur humanitaire togolais depuis la ville de Dapaong, proche de la frontière avec le Burkina Faso.

Crainte et pauvreté

Pour certains diplomates, l’arrêt complet des activités n’est jamais une option réaliste étant donné le niveau élevé de pauvreté de ce pays de cinq millions d’habitants et le fait que la plupart des togolais étaient en colère après les événements du week-end dernier.

"Il est difficile d’observer un arrêt total du travail dans un pays où la situation économique s’est dégradée. Les personnes qui ont un travail ne peuvent se permettre de faire la grève," a indiqué un diplomate occidental en poste à Lomé. "Et puis les gens ont très peur des forces de sécurité. Des décennies de répression et de violation des droits de l’homme ont créé un très fort sentiment de peur."

Mardi, les premiers signes de censure de la presse sont apparus. Les émissions de Radio France Internationale (RFI) ont été brouillées à Lomé et ses relais coupés à l’extérieur. Par ailleurs, les responsables de trois stations de radio privées ont été rappelés à l’ordre par les autorités et invités à cesser la diffusion de programmes en direct où les auditeurs exprimaient leurs opinions sur les derniers changements survenus dans leur pays.

"Cette décision entrave la liberté de la presse et la libre expression," a déclaré à IRIN Aristide Kpopufe, le directeur de la radio Nostalgie FM, une des stations de radio concernée par cette mise en garde des autorités. "Les gens doivent avoir la possibilité d’exprimer ce qu’ils pensent de la situation au Togo. "

Alors que le président nouvellement nommé devait s’adresser à la nation à la télévision nationale, les condamnations se multiplient à travers le monde contre le Togo, une ancienne colonie française coincée entre le Ghana et le Bénin.

"Nous exhortons les autorités à assurer une transition pacifique pour organiser au plus tôt des élections présidentielles crédibles et démocratiques", a indiqué dans un communiqué le ministère britannique des Affaires étrangères.

La France, les Etats-Unis et le Nigeria, la superpuissance régionale, ont appelé à une transition rapide et démocratique après quatre décennies de pouvoir autoritaire et personnel du défunt président.

En vertu de l’ancienne constitution, de nouvelles élections présidentielles devraient avoir lieu dans les 60 jours suivant le décès du président Eyadema et l’intérim devrait être assuré par le président de l’assemblée nationale Fambare Ouattara Natchaba.

Mais, dominé par le parti politique du président défunt, le Rassemblement du peuple togolais, l’assemblée nationale a précipitamment été convoquée en session extraordinaire pour destituer Natchaba et le remplacer par Faure Gnassingbe, 39 ans, afin de légitimer son investiture à la tête de l’Etat togolais.

L’assemblée nationale a également amendé la constitution pour permettre à Faure Gnassingbe de terminer le mandat de son père qui expire en 2008.

Les chefs d’Etat de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont convoqué un sommet extraordinaire au Niger pour débattre de la crise togolaise.

Pour l’Union européenne (UE), la manière dont le transfert du pouvoir s’est opéré au Togo suscite bien des interrogations sur la reprise de l’aide financière à ce pays.

L’aide de l’UE avait été suspendue depuis 1993 pour mauvaise gouvernance, absence de démocratie et violation des droits de l’homme. Les deux parties avaient renoué le dialogue l’année dernière, le Togo espérant ainsi bénéficier bientôt d’une reprise l’aide financière de l’UE.

"La situation actuelle nous ramène à la case départ. Elle repose le problème de la démocratie et de la place de l’armée dans le régime togolais" a déclaré à RFI Louis Michel, le commissaire européen au développement et à l’aide humanitaire.




This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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