L’une après l’autre, les femmes qui rendent visite à leur amie malade, Aïssatou Baïlo Diallo - une enseignante de 42 ans à Conakry, la capitale de Guinée - sont submergées par l’émotion et quittent son chevet en pleurs. Mme Diallo fait des allers et retours à l’hôpital depuis qu’elle a été violée lors de l’attaque du stade, le 28 septembre 2009, et sa santé s’est rapidement détériorée ces dernières semaines. Trois ans après le massacre du stade, la douleur est toujours vive.
Il y a trois ans, dans le stade du 28 septembre à Conakry, des centaines de personnes ont été blessées ou tuées et des centaines de femmes violées par des militaires qui réprimaient un rassemblement pacifique contre la candidature présidentielle de Moussa Dadis Camara, auteur d’un coup d’État. Le stade tire son nom de la date du 28 septembre 1958, lorsque les Guinéens ont voté contre l’adoption de la Constitution française.
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Pourtant, si la douleur des survivants perdure, leur détermination aussi. Les personnes qui auraient été torturées, violées ou blessées par les forces de sécurité en Guinée déclarent qu’elles sont déterminées à poursuivre la procédure judiciaire. Les experts juridiques affirment que la solidarité des victimes – y compris le serment de ne pas accepter d’argent contre leur silence – fait une différence énorme.
Les associations juridiques et de défense des droits humains déclarent que la lutte contre l’impunité en Guinée avance lentement mais sûrement. Ces derniers mois, des ministres du gouvernement actuel et antérieur ont été accusés de crimes perpétrés lors de l’attaque du stade. D’autres fonctionnaires sont également accusés de crimes survenus après, y compris de torture.
Mais un travail plus dur et délicat reste à venir. La Cour pénale internationale (CPI), qui a lancé une enquête préliminaire en Guinée quelques jours après l’attaque, surveille la situation de près ; elle se saisira de l’affaire si les autorités guinéennes l’abandonnent. La procureure de la CPI, Fatou Bensouda, a déclaré après une visite en avril 2012 qu’elle trouvait la progression encourageante et que la CPI prendrait le relais si la Guinée abandonnait les poursuites. « Il n’y a pas de troisième option », a-t-elle déclaré.
Thierno Ousmane Diallo, un des hommes qui auraient été torturés par les forces de sécurité en 2010, affirme qu’il a reçu plusieurs menaces de mort depuis que l’affaire a été rendue publique. « Je fais ces déclarations ouvertement, car je sais que je dis la vérité », a-t-il déclaré à IRIN. « Nous avons peur, oui – mais nous devons être courageux. C’est arrivé à des gens avant nous et maintenant cela nous arrive. Nous pouvons faire quelque chose pour que d’autres n’aient pas à subir cela à l’avenir ».
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