« Pourquoi continuons-nous d’accorder des aides [aux orphelins et enfants vulnérables (OEV) et de payer les pensions et les frais de scolarité des élèves du primaire] ? On dirait qu’on essaie d’impressionner certaines personnes », a dit le parlementaire Patrick Gamedze devant l’Assemblée le 13 octobre. Son collègue, Nichodemus Mashwama, a également appelé à mettre fin au versement d’allocations gouvernementales pour les élèves du primaire, même si cela est prévu dans la Constitution.
D’autres députés ont appuyé la demande de M. Mashwama en faveur d’un amendement constitutionnel abolissant les allocations gouvernementales dont l’objectif était de permettre l’atteinte d’une scolarisation primaire universelle. Certains ont questionné le fait que les députés soient tenus responsables pour les frais de scolarité, les pensions de vieillesse et d’invalidité et les allocations pour les OEV alors que le gouvernement n’a pas d’argent pour les payer.
Le Swaziland – un pays qui dépend des bailleurs de fonds – est plongé dans une crise financière depuis que les recettes de l’Union douanière d’Afrique australe (Southern Africa Customs Union, SACU) se sont taries à la suite du ralentissement de l’économie mondiale en 2008. Récemment, le ministre des Finances Majozi Sithole a aussi admis que la corruption au sein du gouvernement avait coûté au pays près du double de la part du budget annuel consacrée aux services sociaux.
« Au cours des trois derniers mois, aucun bénéficiaire, qu’il ait un compte ou non, n’a reçu d’argent du gouvernement » |
Début octobre, le ministre par intérim de la Justice et des Affaires constitutionnelles, Magwagwa Gamedze, a dit au groupe de travail des Nations Unies pour l’examen périodique universel du Swaziland que le gouvernement respectait son obligation constitutionnelle de payer pour l’éducation primaire grâce à un programme qui finance l’éducation des enfants inscrits en première et deuxième année. Le programme doit par ailleurs être étendu aux enfants de la première à la cinquième année d’ici 2015.
Alors que les institutions financières internationales exigeaient une restructuration des finances de l’État comme condition préalable à l’attribution d’un prêt au Swaziland, l’Afrique du Sud a quant à elle proposé un prêt de 350 millions de dollars pour sauver le pays de la faillite. Un protocole d’accord doit d’abord être signé pour permettre le versement de l’argent.
Le gouvernement swazi a démontré peu d’intérêt pour le protocole, qui mentionne notamment parmi les conditions du prêt la mise en place de « mesures de confiance » axées sur la démocratie, les droits de l’homme et les réformes fiscales, ainsi que la « restructuration des systèmes budgétaires ».
Le Times of Swaziland, le seul journal indépendant du pays, a fait remarquer avec pessimisme que le protocole d’accord avait toutes les chances de « rester lettre morte ».
Le Premier ministre adjoint, Themba Masuku, a lancé le débat sur l’avenir des services sociaux en proposant de suspendre les allocations accordées aux personnes âgées « Nous ignorons où trouver l’argent pour payer les pensions des personnes âgées », a-t-il dit.
Paiements partiels
« Le montant est si faible – seulement 600 rands (80 dollars) par mois – que peu de personnes âgées peuvent se permettre d’ouvrir un compte et de payer les frais de gestion élevés qu’exigent les banques », a dit à IRIN Amos Zwane, président de la Swaziland Old Age Society.
« Au cours des trois derniers mois, aucun bénéficiaire, qu’il ait un compte ou non, n’a reçu d’argent du gouvernement », a dit M. Zwane. « Nous nous rendons aux points de collecte, mais il n’y a rien. Et on ne nous donne aucune explication ».
Sharon Dlamini, qui habite à Ewandle, dans la région centrale de Manzini, a dit à IRIN : « Je fais une heure d’autobus pour venir chercher ma pension et il n’y a rien pour moi. Mes petits-enfants souffrent. Il y a bien longtemps que je n’utilise plus cet argent pour moi, car je dois payer leurs frais de scolarité et subvenir à tous leurs besoins ».
Cette veuve de 65 ans a également ajouté : « Et maintenant, ils souffrent. Même si je devais porter des haillons et souffrir de la faim, j’étais contente de les aider parce qu’ils n’ont personne d’autre que moi pour s’occuper d’eux. Mais maintenant, nous ne recevons plus rien ».
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