« [Le gouvernement] utilisera les fonds destinés aux subventions pour les personnes âgées, puisqu’il dispose actuellement de 46 millions de rands (6,5 millions de dollars) sur ce compte, l’objectif étant de rembourser la somme dans les meilleurs délais, » indique un rapport du ministère des Finances à destination du Parlement, expliquant comment cela permettrait de régler les 38 millions de rands (5,4 millions de dollars) de la facture des frais de scolarité des OEV.
La somme de 1,15 million de dollars restant sur le compte n’était pas suffisante pour couvrir les paiements trimestriels de pension dus en mars, et les pensions ont, par conséquent, été suspendues.
Début mars, le premier ministre adjoint Themba Masuku a dit au Sénat swazi qu’un budget supplémentaire pourrait garantir que les subventions aux personnes âgées soient disponibles d’ici la fin du mois.
Quelque 5 % de la population swazie – qui est de l’ordre d’un million de personnes – a 60 ans ou plus, et a droit à une pension. Environ deux tiers des Swazis vivent sous le seuil de pauvreté.
« Priver les personnes âgées pour assurer les besoins des OEV, c’est une façon de déshabiller Pierre pour habiller Paul » |
Mais un pain coûte environ 1 dollar, aussi la plupart des gens subsistent-ils grâce à la farine de maïs qu’ils agrémentent d’épinards sauvages, d’herbes comestibles, d’emasi (lait fermenté) et à l’occasion, de viande.
« Ce n’est pas possible de vivre avec cette somme d’argent , mais ça peut aider à survivre » a dit Gogo Khumalo, une veuve de 70 ans vivant dans la petite ville de Mliba, à 100 kilomètres à l’est de Mbabane, la capitale.
Comme beaucoup de grand-mères swazies, c’est elle qui a la charge de cinq petits-enfants, âgés de cinq à 19 ans ; leur mère a quitté le foyer pour aller chercher du travail en ville, après la mort de son mari, le gendre de Mme Khumalo, il y a quelques années.
Le Swaziland a le taux de prévalence de VIH le plus élevé du monde, 26,1 %, et parmi les Swazis de 15 à 49 ans, un sur quatre vit avec le virus.
« Ils nous disent à la radio le jour où nous devons venir [toucher nos pensions] et ce sont les voisins qui me le disent, parce que la pile de la radio que mon fils m’a donnée est morte, » a dit Mme Khumalo. Ce mois-ci, le service radio du gouvernement a dit aux personnes concernées de ne pas venir chercher leur pension.
Protestations
On a récemment assisté à Mbabane aux manifestations anti-gouvernementales les plus importantes depuis des années ; celles-ci ont été provoquées par [le choix] de mettre en place des « projets de prestige », comme un nouvel aéroport international qui doit coûter un milliard de dollars, plutôt que des services sociaux.
Des enseignants, des infirmières et des étudiants constituaient le plus gros des 5 000 à 7 000 manifestants, et le fait qu’on utilise les pensions des personnes âgées – qui sont souvent celles qui soignent, nourrissent et offrent un toit aux enfants rendus orphelins par l’épidémie de SIDA – pour payer les frais de scolarité de ces enfants, ne leur a pas échappé.
« Nous devons établir des priorités. Priver les personnes âgées pour assurer les besoins des OEV, c’est une façon de déshabiller Pierre pour habiller Paul, » a dit à IRIN Solomon Thwala, un instituteur. « Il existe des sources de financement autres que de mettre [la vie des] personnes âgées en danger. »
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