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Assainir l’exploitation minière pour éviter des décès - Nations Unies

Map showing Zamfara State, Nigeria. Based on OCHA/ReliefWeb ReliefWeb
Tandis que le nombre d’enfants empoisonnés par le plomb continue à s’accroître, une équipe des Nations Unies a recommandé au gouvernement d’assainir le secteur de l’exploitation minière artisanale, plutôt que de l’anéantir.

Quelque 400 enfants ont succombé à la contamination par le plomb au cours des six derniers mois, selon Médecins Sans Frontières (MSF), mais on soupçonne que des milliers d’autres ont également été contaminés. Les chiffres officiels ne seront publiés qu’une fois terminée l’enquête du Centre américain de prévention et de contrôle des maladies (CDC).

Le gouvernement a interdit l’exploitation artisanale de l’or quand des taux élevés de contamination par le plomb ont été découverts dans l’Etat de Zamfara en juin 2010, mais de nombreux villageois ont ignoré l’interdiction et évité de signaler aux services sanitaires les enfants malades ou mourants, par peur des représailles, a indiqué MSF.

De plus, les familles confinent le traitement du minerai d’or à l’intérieur des maisons, en partie pour dissimuler leurs activités, ce qui augmente le risque d’empoisonnement pour les jeunes enfants.

Le nombre d’enfants affectés serait donc nettement supérieur au chiffre initialement rapporté.

« Les effets de la contamination par le plomb durent toute la vie », a dit Matthew Conway, conseiller à l’Unité conjointe OCHA/PNUE (Bureau pour la Coordination des Affaires Humanitaires/Programme des Nations Unies pour l’environnement) pour l’environnement. Selon MSF, l’empoisonnement au plomb provoque une baisse du Q.I., des difficultés d’apprentissage, des troubles comportementaux, une élévation de la tension artérielle, des problèmes rénaux, l’anémie, une faiblesse musculaire, l’infertilité chez les hommes et des risques d’enfants mort-nés chez les femmes.

L’augmentation brutale du nombre de morts et de maladies liées au plomb est liée au fait que le secteur de l’exploitation minière a connu d’importantes rentrées d’argent, a expliqué M. Conway, ce qui a amené les activités à « atteindre des niveaux quasi industriels », quand les familles ont commencé à acheter des broyeurs industriels, de la dynamite et de grandes quantités de mercure pour extraire et transformer le minerai d’or.

Interdire momentanément, mais pas à long terme

Une étude menée par OCHA et le PNUE et publiée le 4 octobre a conclu qu’il ne fallait pas interdire l’exploitation minière à long terme. « N’interdisez pas l’exploitation minière : Mieux vaut mettre l’accent sur des pratiques plus sûres [qui sont] accessibles et bon marché, une régulation qui n’étouffe pas l’esprit d’entreprise, [et la] mise en place de coopératives qui permettront de stocker le minerai [d’or] et de le transformer en toute sécurité loin des villages, plutôt que dans les quartiers où vivent les familles ».

Cependant l’exploitation doit être interrompue pendant la décontamination des villages. Au village de Dareta, l’équipe a mesuré d’importants taux de mercure dans l’air, ce qui suggère que les communautés ont déjà repris l’exploitation minière.

« Nous espérons que ce n’est pas le cas, sinon nous allons nous trouver dans un cercle vicieux de contamination et de remédiation », a dit Ian von Lindern, directeur de Terragraphics, une firme d’ingénierie environnementale américaine qui décontamine actuellement les village les plus touchés.

A Dareta, plus de 100 enfants de moins de cinq ans sont morts, victimes d’un empoisonnement au plomb, entre mars et juin 2010, a dit M. von Lindern.

Des vêtements de protection et des bottes en caoutchouc

Pour M. von Lindern, il n’y a pas besoin d’une technologie très sophistiquée pour introduire des techniques d’exploitation minière plus sûres, mais un changement d’attitude chez les mineurs est indispensable.

« Il suffit pour les mineurs d’utiliser des vêtements de protection, des bottes en caoutchouc et des masques, quand ils sont dans les carrières et durant les opérations de traitement », a-t-il dit à IRIN. « Le traitement devrait avoir lieu le plus loin possible des villages dans des endroits où les enfants n’ont pas accès », a-t-il ajouté.

Les mineurs devraient se laver immédiatement après l’extraction ou le traitement du minerai, mettre des vêtements propres et ne jamais amener dans leur village ni minerai, ni outils, ni vêtements portés durant le travail, a conseillé TerraGraphics. « S’ils adoptent ces simples précautions, la contamination par le plomb sera quasiment inexistante dans leurs villages », a dit M.von Lindern.

Les Nigérians devraient adopter les bonnes pratiques d’autres pays comme l’Indonésie, a expliqué M. Conway, qui a préconisé d’organiser pour les mineurs des ateliers de pratiques sans danger, telles que la façon d’utiliser le mercure et des alternatives moins dangereuses que le mercure.

Sécurité de stockage

L’équipe des Nations Unies a analysé la nappe phréatique dans cinq des sept villages contaminés et a découvert que la contamination de l’eau potable dans la plupart des puits publics dépassait nettement les normes de l’Organisation mondiale de la Santé (l’OMS) et que les puits privés étaient encore pires. Cependant dans le village de Kersa, où les familles traitaient le minerai d'or hors du village, l’eau des puits contenait des taux de plomb acceptables.

Une des idées avancées par les Nations Unies est d’encourager les mineurs à former des coopératives dans lesquelles les membres mettent leur argent en commun pour gérer des installations de stockage sûres, de façon à ce que les gens n’aient pas à garder de minerai d’or chez eux. « Les gens risquent leur vie pour ramasser le truc ; ce n’est pas pour le laisser dehors et se le faire voler », a fait remarquer M. Conway.

Toutefois la protection des femmes est plus problématique. Elles filtrent la poussière d’or dans leur maison, leur domaine privé. Leur demander d’aller travailler dans un espace public serait difficile à accepter pour beaucoup d’entre elles, dans cette société islamique traditionnelle.

La question financière

Pour changer les attitudes et les pratiques à long terme, il faut un financement, de même que pour l’opération immédiate de décontamination, a souligné l’équipe des Nations Unies, qui a demandé au gouvernement nigérian de déclarer que cette contamination par le plomb était une situation de « crise », afin d’attirer les fonds internationaux.

Le Fonds central d’intervention d’urgence des Nations Unies (CERF) a débloqué deux millions de dollars de financement de départ, « mais personne jusqu’à présent n’est venu compléter », a dit M. Conway. « L’ampleur du problème est bien plus vaste. C’est une situation complexe et chacun doit faire de gros efforts à long terme pour trouver des solutions ».

Pour certains, c’est le gouvernement lui-même qui devrait accorder les ressources nécessaires à la décontamination et réformer l’exploitation minière artisanale.

L’une des manières de lever des fonds est d’impliquer les investisseurs éthiques, a fait remarquer M.Conway ; en effet, non seulement l’or mais le plomb lui-même, peuvent être commercialisés et devenir source de profits.

TerraGraphics est capable de décontaminer les sources d’eau à condition que les financements se matérialisent.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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