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La malnutrition infantile en forte hausse dans le nord

A woman with her malnourished child at the Maroua regional hospital in Cameroon's Far North region. August 2010 Reinnier Kazé/IRIN
Le nord du Cameroun, comme une grande partie de la bande sahélienne occidentale de l’Afrique, enregistre un taux de malnutrition infantile exceptionnellement élevé en cette saison de soudure entre les récoltes. Ce taux est élevé, même pour une région pauvre où la nutrition déficiente est courante et où les cinq millions d’habitants pour la plupart n’ont pas accès à l’eau salubre ou aux systèmes d’assainissement.

Six enfants sont morts de malnutrition à l’hôpital de Kousséri dans le nord du Cameroun, rien qu’en juillet. Fanta Abba Adam, qui s’occupe de 23 enfants au Centre de nutrition thérapeutique de l’hôpital, a dit à IRIN : « Nous n’avons généralement pas autant de morts ».

« Nous sommes submergés par les cas de malnutrition », a dit à IRIN Mahamat Ousman, responsable local du ministère de la Santé. Les travailleurs sanitaires des centres de santé répartis sur le district de Kousseri viennent habituellement s’approvisionner à l’hôpital central une fois par mois, a t-il ajouté, mais depuis juin, beaucoup sont venus quatre fois par mois.

« Dans un des 10 centres de santé de Kousséri, les cas de malnutrition [modérée et sévère] sont passés de 75 en mai à 166 en juillet », a-t-il dit.

Même en-dehors de la période de soudure, 55 000 enfants de moins de cinq ans des régions du nord du Cameroun et de l’Extrême-Nord souffrent de malnutrition aiguë sévère, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Ceci correspond à environ 70 pour cent des enfants de moins de cinq ans sévèrement malnutris du pays, alors que la région ne compte qu’un tiers des enfants camerounais.

Les enfants qui sont morts ou ceux qui sont dans un état grave à l’hôpital de Kousséri « sont arrivés à l’hôpital dans un état de malnutrition avancé et avec des complications médicales », a expliqué à IRIN M. Abba, le directeur du centre nutritionnel. « Dans ces cas-là, il est presque impossible de les sauver ».

Très souvent l’arrivée trop tardive dans les centres médicaux vient d’une certaine réticence à admettre l’état de malnutrition d’un enfant, a dit M. Abba à IRIN. Mais l’accès aux soins pose aussi des problèmes : 20 des 43 districts sanitaires dans le nord et l’Extrême-Nord ont le personnel qualifié, l’équipement et les moyens de fournir gratuitement des traitements contre la malnutrition, selon les responsables du ministère de la Santé. Ceux-ci affirment que le traitement de la malnutrition est en cours d’intégration dans les autres centres et que la lenteur de la procédure est due en partie au manque de fonds.

Cependant, selon un travailleur sanitaire qui a demandé à garder l’anonymat, le manque de structures s’explique en partie par le fait que beaucoup de responsables gouvernementaux ne sont pas conscients de l’ampleur du problème de la malnutrition au Cameroun.

La pauvreté

Comme dans les autres pays d’un bout à l’autre de l’Afrique de l’Ouest et du centre, les causes de la malnutrition au Cameroun sont multiples : l’échec des récoltes qui s’ajoute à la pauvreté chronique, de mauvaises pratiques de sevrage et d’alimentation des nourrissons, et un manque d’accès aux services essentiels.

Map of Cameroon
Photo: IRIN
Pour Falmata Ousmanou, jeune femme de 24 ans, la pauvreté et l’absence de soutien financier de son ex-mari sont la cause de la malnutrition aiguë de son enfant de 18 mois. A l’hôpital central de la ville de Maroua dans l’Extrême-Nord, elle a parlé à IRIN en tenant dans ses bras l’enfant qui pèse 4,6 kilos.

Elle a dit qu’elle savait bien qu’à un certain âge, son bébé avait besoin de vitamines et de minéraux, mais qu’elle n’avait tout simplement pas les moyens de les lui fournir.

« Quand mon bébé avait 11 mois, les travailleurs sanitaires m’ont conseillé de lui donner de la bouillie enrichie de beurre de cacahuètes et de lait », a dit Mme Ousmanou qui, à 24 ans, a trois enfants et en a perdu un quatrième.

« Mais depuis, il ne cesse de perdre du poids. Je pense que cela vient d’un manque de minéraux. La bouillie de maïs que je lui donne a rarement tous les ingrédients qu’il faudrait. Quelquefois, je n’ai même pas de bouillie à lui donner. Parfois je suis obligée d’emprunter de la farine à mes voisins, mais je ne peux pas faire cela tout le temps ».

Inondations et choléra

Augustin Ndongmo Nanfack, nutritionniste du ministère de la Santé, rentre d’une visite dans la région de l’Extrême Nord. Il a indiqué que de fortes inondations et une épidémie de choléra dans cette zone exacerbaient le problème de la nutrition.

« La situation est inquiétante », a-t-il dit à IRIN. « Je crains qu’avec les inondations, qui ont détruit les récoltes, la situation nutritionnelle n’empire encore ». Un peu partout en Afrique de l’Ouest et du centre, les inondations sont en train de détruire les récoltes que les familles avaient plantées dans l’espoir de compenser les déficits vivriers provoqué par la sécheresse ou les pluies erratiques de 2009.

rk/np/cb/og/ail 

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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