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Des ressources limitées face à l’afflux de demandeurs d’asile afghans

Afghan refugees UNHCR/R.Arnold
Depuis le début de l’année, l’Indonésie se bat pour faire face un afflux de demandeurs d’asile afghans, d’après des responsables.

Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a déclaré qu’entre le 1er janvier et le 31 août, il avait enregistré 1 371 demandeurs d’asile afghans, et que durant le premier semestre 2009, il avait enregistré une hausse de 925 pour cent du nombre de demandeurs d’asile par rapport à l’ensemble de l’année 2008.

L’UNHCR en a reconnu officiellement 142 en tant que réfugiés.

Cependant les responsables de l’immigration indonésienne ont déclaré que le nombre actuel se chiffrait plutôt en milliers, car beaucoup rentrent dans le pays sans être enregistrés.

« Nous avons commencé à noter une augmentation en août 2008. Ce n’est pas régulier chaque mois, mais en général, cela augmente… avec des chiffres en hausse », a dit à IRIN Robert Ashe, le représentant régional de l’UNHCR à Jakarta.

Les Afghans représentent plus de 60 pour cent des 2 414 demandeurs d’asile et réfugiés actuellement enregistrés par l’UNHCR en Indonésie.

La plupart disent venir de Ghazni, la province centrale de l’Afghanistan, et 80 pour cent appartiennent au groupe ethnique des Hazara (principalement des Chiites, représentant environ neuf pour cent de la population).

Destination Australie

La majorité des Afghans vus par l’UNHCR ont réussi à arriver en Indonésie en utilisant des agents, y compris des passeurs et des trafiquants, et l’Australie constitue leur principale destination.

La plupart ont également transité par le Pakistan ou l’Iran, ils fuient la violence généralisée plutôt que des persécutions individuelles.

« La principale raison [de l’augmentation] c’est le facteur de répulsion [‘push factor’] – la situation se détériore en Afghanistan », a souligné M. Ashe de l’UNHCR.

« Il est possible que nous recevions aussi des réfugiés afghans venant du Pakistan. Comme la situation au Pakistan s’est détériorée… Ils pensent qu’ils doivent se rendre dans des endroits plus sûrs », a-t-il ajouté.

D’énormes risques

Les migrants afghans qui voyagent par bateau vers l’Indonésie prennent d’énormes risques : les eaux qui entourent l’Indonésie comptent parmi les plus dangereuses au monde, et souvent des bateaux à peine capable de naviguer, remplis au-delà de leur capacité, dérivent ou coulent.

En mai, neuf réfugiés afghans se sont noyés lorsque leur embarcation a chaviré près de l’île indonésienne de Sumatra.

Ali Reza Noori, un réfugié reconnu par l’UNHCR, faisait partie des milliers d’Afghans non-enregistrés qui ont essayé, sans succès, d’atteindre plusieurs fois l’Australie par bateau. La dernière tentative « horrible » lui a presque coûté la vie, a-t-il dit.

« La pompe du bateau s’est cassée au bout de quelques jours. Il y avait 140 personnes à bord. Tout le monde a paniqué et s’est mis à prier. Nous avons dû boire de l’eau de mer », a-t-il dit à IRIN, dans une maison fournie par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), à Puncak, près de Jakarta.

L’embarcation a été repérée par les autorités indonésiennes après avoir dérivé pendant 14 jours, alors que les provisions venaient d’être épuisées.

Se battre pour faire face

Le gouvernement indonésien, démuni sur le plan financier, a été surpris par la soudaine augmentation du nombre d’Afghans entrant dans le pays à la recherche d’une vie meilleure.

« Pour l’Indonésie, le problème est qu’ils n’ont qu’une capacité limitée dans leurs centres de rétention, et cet afflux important – quand ils ont commencé à prendre les gens - a épuisé leur capacité », a dit M. Ashe.

L’Indonésie ne fait pas partie de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés, elle ne possède pas non plus de système pour déterminer le statut de réfugié, et les demandeurs d’asile ne bénéficient donc d’aucun statut officiel.

Le pays n’a pas de loi contre le trafic d’immigrés clandestins, les délinquants sont souvent poursuivis sous une autre législation, comme les lois relatives à l’immigration, et ils ne sont emprisonnés que pour un temps limité, a souligné M. Ashe.

« Empêcher les passeurs d’opérer n’est pas suffisant », a-t-il ajouté.

Des centres de rétention saturés

Ali Ahadi, un autre réfugié, est parti avec sa femme, quatre enfants et il a payé 4 000 dollars à des passeurs – une somme énorme, étant donné le revenu par habitant en Afghanistan, équivalent à 300 dollars – pour le voyage vers l’Australie via l’île indonésienne de Flores, près de Bali.

Le bateau qui devait venir les chercher n’est jamais venu, et M. Ahadi s’est retrouvé dans un centre de rétention appelé Kalideres, près de Jakarta.

« Ca ressemble à une prison. Ils mettent six personnes dans une chambre qui devrait en accueillir deux, et ils ferment la porte à clé », a-t-il dit à IRIN depuis la ville de Medan, où il vit dans une maison de l’OIM en tant que réfugié reconnu.

Maroloan Barimbing, un porte-parole des services de l’immigration indonésienne, a admis que les centres de rétention étaient surpeuplés.

« L’Indonésie possède 12 centres de rétention, mais ils ne sont pas conçus pour accueillir autant de réfugiés. Le plus grand peut recevoir 50 personnes, mais la plupart ne peuvent accueillir que 30 personnes », a-t-il dit.

De nouveaux centres ont été construits pour abriter 600 réfugiés de plus, de toutes nationalités, mais cela n’est pas suffisant.

« Nous ne pouvons pas gérer ça tout seul. Nous devons faire comprendre à la communauté internationale que cela ne devrait pas être le problème de l’Indonésie (seule) », a ajouté M. Barimbing.

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This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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