Ceux qui ont accepté l’offre sont mieux lotis que lui, pense-t-il.
« Les gens n’ont pas de travail, ils ont faim et vivent dans la misère, alors ils acceptent de faire n’importe quoi moyennant une petite rémunération », a-t-il expliqué à IRIN, refusant de donner son nom de crainte d’être tué par les insurgés.
Le périphérique de Farah qui relie les provinces du sud et de l’ouest est un axe dangereux pour les convois humanitaires. Des dizaines de camions d’aide alimentaire affrétés par le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies y ont été attaqués en 2008, et la province de Farah est considérée comme un foyer de l’insurrection : les insurgés y ont pris le contrôle de deux régions au cours des deux dernières années, selon les autorités locales.
Shakir a été expulsé d’Iran trois fois en 2006-2008 et sa recherche d’emploi à Pushtroad, sa région d’origine, n’a pas abouti jusqu’ici. « Je ne peux pas me marier, ni fonder une famille parce que je n’ai pas d’argent. Où que j’aille [pour trouver du travail], je rentre bredouille », a-t-il confié.
« Les Talibans paient 500 à 1 000 afghanis [10 à 20 dollars] la journée d’action contre le gouvernement et les forces américaines », a expliqué Lutfullah, 23 ans, de la province d’Helmand.
En comparaison, les employés du gouvernement gagnent moins de deux dollars par jour.
Les insurgés ont les moyens de financer leurs activités grâce aux importantes recettes du trafic de drogue, des enlèvements de travailleurs de la santé et de ressortissants étrangers contre rançon, et d’autres activités criminelles.
Selon un rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, en 2008, « les seigneurs de la guerre, les barons de la drogue et les insurgés… ont perçu près d’un demi-milliard de dollars de taxes prélevées sur la culture, la production et le trafic de drogue ».
La pauvreté, moteur de l’insurrection ?
Les violences insurrectionnelles et l’insécurité qui va de pair ont considérablement augmenté ces deux dernières années, faisant un nombre croissant de victimes civiles, et provoquant des déplacements de population et une dégradation des conditions de vie dans l’ensemble du pays, selon les Nations Unies et d’autres organisations humanitaires.
Les insurgés profitent de la pauvreté, du chômage, de la mauvaise gouvernance et du désenchantement général suscité par les opérations de reconstruction et de développement post-Taliban, selon les experts.
La plupart des jeunes hommes qui rejoignent les rangs des Talibans et commettent des attentats suicides sont « pauvres, sans instruction et facilement influençables », selon une étude menée en 2007 par les Nations Unies sur la nature des attentats suicides en Afghanistan.
Pour survivre, dans le sud et l’est, les hommes jeunes ont le choix entre devenir toxicomanes, immigrer clandestinement en Iran ou dans d’autres pays, ou rejoindre les rangs des insurgés, selon les habitants et les experts.
Comme l’a déclaré Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies, « la misère des peuples piégés au cœur de conflits civils non-résolus ou des populations plongées dans une extrême pauvreté… risque d’augmenter leur attrait pour le terrorisme ».
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