En 2008, quelque 17 000 élèves sur les plus de 80 000 qui avaient passé les examens d’entrée à l’école secondaire (diplôme d’étude fondamentale - DEF) n’y ont pas été admis, selon le ministère de l’Education. Environ 40 pour cent de ces élèves étaient des filles.
Mariam Coulibaly, 17 ans, a expliqué à IRIN qu’elle avait obtenu son DEF en juin 2008, à Bamako, la capitale. Mais deux mois plus tard, a-t-elle raconté, son nom ne figurait pas sur les listes des élèves admis dans les établissements secondaires pour l’année scolaire 2008-09.
« Le directeur [de l’école secondaire] m’a dit que j’avais dépassé l’âge limite de 16 ans », a rapporté Mariam Coulibaly. « Je lui ai demandé ce que je pouvais faire et il m’a dit qu’il était désolé ?de ne pas pouvoir m’aider? ».
Mariam a expliqué à IRIN qu’elle avait été contrainte de redoubler une année parce qu’elle était tombée malade. Les trois critères d’admission dans les établissements secondaires maliens sont : l’obtention du DEF, l’âge de l’élève et ses performances académiques, selon le ministère de l’Education.
Arouna Coulibaly, le père de Mariam, a estimé qu’il était « injuste et paradoxal » que le gouvernement ne permette pas à sa fille de progresser.
« Ils [le gouvernement] nous encouragent à envoyer nos enfants à l’école, surtout nos filles », a-t-il dit. « Et ensuite, on leur dit [aux élèves] de partir sous prétexte qu’ils sont trop âgés. L’école ne peut pas enseigner à des enfants de tous les âges ? ».
Rokiatou Sow, la mère de Mariam, a expliqué à IRIN que la famille avait été forcée d’inscrire Mariam dans une école privée en octobre 2008. « Elle est devenue une charge pour notre famille. Si on ne lui payait pas son cursus secondaire, qu’est-ce qui lui arriverait ? ».
Les parents de la jeune fille ont expliqué qu’ils paieraient 600 dollars par an pour les quatre prochaines années, afin de lui permettre d’étudier la comptabilité. Dans les établissements secondaires publics, en revanche, les élèves n’ont rien à payer.
Au Mali, le salaire moyen s’élevait à 500 dollars en 2007, selon la Banque mondiale.
D’après la Coalition pour la défense des droits de l’enfant, un organisme à but non-lucratif, les élèves qui obtiennent leur DEF mais ne montent pas de classe, en particulier les filles, sont victimes d’une « violation manifeste » de la Convention des Nations Unies sur les droits de l’enfant, que le Mali a signée en 1990.
« Les enfants ont le droit d’étudier jusqu’au bout », a déclaré Almadi Cissé, membre de la coalition.
Faire face au problème
Le gouvernement est conscient de la « gravité » du problème, selon Sidibé Aminata Diallo, ministre de l’Education de base.
« Le nombre d’élèves qui n’avancent pas [jusqu’au cursus secondaire] mais qui ont leur DEF devient chaque année plus problématique encore », selon la ministre. « La croissance de la population étudiante est due au fait que le gouvernement s’est particulièrement efforcé d’augmenter le taux d’inscription à l’école primaire ».
Le gouvernement du Mali a adhéré à l’Objectif du millénaire pour le développement, fixé en 2000, qui porte sur l’augmentation du taux d’inscription à l’école primaire pour tous et de l’éducation de base pour les jeunes adultes d’ici à 2015.
Mme Diallo a toutefois déclaré qu’il n’y avait pas assez de classes, ni d’enseignants dans les établissements secondaires pour répondre au nombre d’inscriptions croissant. De 2002 à 2007, le pourcentage d’élèves inscrits à l’école primaire a augmenté de 56 à 68 pour cent pour les filles, et de 78 à 88 pour cent pour les garçons, selon le gouvernement.
Quoi qu’il en soit, d’après Mme Diallo, les élèves qui ne poursuivent pas leurs études au cursus secondaire ne sont pas « jetés à la rue ».
La ministre a expliqué que le gouvernement construisait actuellement des centres de formation professionnelle supplémentaires pour faire face à ce problème. Environ 35 pour cent des élèves du primaire ne rempliront pas les critères requis pour intégrer le secondaire en 2010, a en outre indiqué la ministre.
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