Les affrontements entre les soldats du gouvernement et les rebelles séparatistes du Front moro de libération islamique (MILF) dans le sud des Philippines se sont intensifiés à la fin du Ramadan, ont déclaré des responsables de l’armée à IRIN, le 1er octobre.
Depuis le 29 septembre, les échanges de tirs entre les combattants du MILF et les soldats du gouvernement dans une zone marécageuse proche de Datu Piang, une ville du sud du pays, située sur l’île de Mindanao, ont fait sept morts et 12 blessés chez les belligérants.
Des affrontements ont également éclaté le 1er octobre dans les villes de Datu Saudi Ampatuan et Midsayap. À Midsayap, une patrouille de l’armée a croisé une faction du MILF, composée de 30 hommes, et la confrontation a donné lieu à des affrontements violents. Aucune victime n’a été déplorée dans le camp du gouvernement ; en revanche, selon les responsables de l’armée, plusieurs rebelles du MILF pourraient avoir été tués ou blessés.
Le lieutenant-colonel Ernesto Torres, porte-parole de l’armée, a déclaré à la presse, à Manille, que l’armée se préparait à de nouvelles attaques du MILF, un mouvement qui compte 12 000 hommes : ce dernier a en effet averti, il y a quelque temps, qu’il lancerait de nouvelles attaques éclairs après le Ramadan.
« Il semble y avoir de plus en plus d’incidents, en particulier dans la province de Maguindanao. Nous prévoyons qu’il y aura davantage d’attaques, à mesure que les opérations de poursuite progresseront », a prévenu M. Torres.
Selon lui, les victoires de l’armée sur le champ de bataille ont « gravement affaibli » les capacités du MILF, mais à présent que le mouvement s’est scindé en groupes armés plus restreints, dispersés dans la jungle de Mindanao, il reste capable de mener des attaques surprises.
Photo: Jason Gutierrez/IRIN |
Des villageois fuient les attaques du MILF |
L’armée a limité ses frappes aériennes et ses attaques à l’artillerie contre les positions du MILF par respect, pendant le Ramadan, mais le mois saint s’étant écoulé, les canons peuvent de nouveau être chargés « lorsque [l’armée] se trouve confrontée à une force massive du MILF », selon M. Torres.
Plus d’un demi-million de personnes ont été touchées et, selon les organisations humanitaires, la situation humanitaire actuelle est désespérée. Une femme enceinte et cinq enfants ont notamment été tués au cours d’une frappe aérienne lancée par l’armée près de Datu Piang, il y a trois semaines.
La présidente Gloria Arroyo a exclu toute reprise des pourparlers de paix avec les rebelles du MILF tant que ceux-ci n’auront pas été désarmés.
Les hostilités à grande échelle ont débuté le 10 août, quelques jours à peine après que la Cour suprême eut émis une ordonnance visant à suspendre l’exécution d’un accord qui aurait permis au MILF d’obtenir le contrôle d’une vaste région autonome. Umbra Kato et Abdurahman Macapaar (également connu sous le nom de Commandant Bravo), deux hauts dirigeants du MILF, ont alors lancé des raids dans plusieurs villes de Mindanao, faisant plus de 60 morts au sein de la population civile.
Ils ont également incendié des habitations et pillé des commerces au cours des plus sanglantes flambées de violence –selon les propos des experts de l’armée et des forces de sécurité- survenues depuis 2003 ; cette année-là, le MILF avait conclu une trêve avec le gouvernement.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dit s’être entretenu à la fois avec l’armée et avec le MILF, pour exhorter les deux parties à ne pas se mêler aux populations civiles.
« C’est tout [et ce n’est] pas négociable », a déclaré à la presse Felipe Donoso, directeur pays du CICR, cette semaine. « Nous avons demandé à l’armée de ne pas utiliser les écoles publiques comme bases temporaires ; quant au MILF, il ne devrait pas se mêler à la population civile ».
Selon M. Donoso, la situation « reste tendue » en raison des attaques, qui se multiplient. « Nous sommes très préoccupés », a-t-il déclaré.
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