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Les tensions électorales, un mal pour un bien ?

A l’approche du deuxième tour des élections présidentielles, prévu le 8 septembre, il semble toujours peu probable que la Sierra Leone replonge dans le chaos et la guerre civile des années 1990, selon plusieurs responsables internationaux – et ce, malgré les avertissements du président sortant Ahmed Tejan Kabbah, qui a menacé de déclarer l’état d’urgence à la suite des émeutes électorales qui ont eu lieu à Kono, la principale ville productrice de diamants, le 27 août, et à l’agression d’au moins six personnes à Freetown.

« Nous surveillons de près la situation, mais nous ne nous attendons pas à ce que les choses empirent considérablement », a assuré à IRIN Victor Angelo, directeur du Bureau intégré des Nations Unies en Sierra Leone (BINUSIL), le 28 août.

Selon son porte-parole Christian Stohmann, ces violences sont le signe qu’il existe de fortes tensions, le deuxième tour s’annonçant serré. « Mais les chefs des partis font de leur mieux pour réfréner les ardeurs de leurs partisans et nous pensons que les forces de sécurité sont à présent bien entraînées et qu’elles sont en mesure de maintenir la situation sous contrôle ».

Selon bon nombre d’observateurs, ces tensions seraient même une bonne nouvelle pour la démocratie.

Jusqu’en 2005, les analystes pensaient que le Parti du peuple de Sierra Leone (PPSL), actuellement au pouvoir, remporterait une victoire certaine ; or, cette année-là, une faction menée par Charles Margai, ancien ministre de l’Intérieur membre du PPSL, s’est désolidarisée pour former un nouveau parti, le Mouvement du peuple pour un changement démocratique (MPCD).

Cette scission a affaibli le PPSL, qui au premier tour des élections, le 11 août, a perdu sa majorité à l’Assemblée au profit du principal parti d’opposition, le Congrès de tout le peuple (APC).

Aujourd’hui, à l’approche du deuxième tour des élections présidentielles, qui se déroulera le 8 septembre, M. Margai apporte son soutien à Ernest Koroma, le chef de l’opposition.

Une course ouverte

Tous les grands pontes s’accordent à dire qu’au moment des élections, la balance pourrait encore pencher d’un côté ou de l’autre. « Ce qui se passe, c’est que les candidats sont en train de se rendre compte qu’ils doivent agir s’ils s’attendent à ce que les électeurs votent pour eux ; quant aux électeurs, ils sont en train de se rendre compte que leurs voix comptent vraiment », selon George Biguzzi, l’évêque de Makeni – une ville du nord du pays – un des principaux médiateurs au cours du conflit.


Photo: Tugela Ridley/IRIN
Un habitant du bidonville de Kroo Bay écoute les informations sur le déroulement des élections présidentielles à Freetown, en Sierra Leone, le 11 août 2007

Ce qui se passe également, c’est que l’ancien système de vote, reposant sur des axes régionaux et ethniques, est peut-être en passe d’être remplacé, a-t-il expliqué. « Le PPSL, le parti au pouvoir, bénéficiait d’un soutien quasi monolithique de la part des Mandes [communément considérés comme le plus grand groupe ethnique de Sierra Leone, et basés dans le sud]. Aujourd’hui, les électeurs mandes sont divisés entre le PPSL et le nouveau MPCD, et certains d’entre eux risquent également de voter pour l’APC [qui a pour base de soutien traditionnelle les groupes ethniques du nord du pays] », selon l’évêque.

Aucun des grands pontes ne sait précisément combien de partisans mandes de M. Margai voteront pour un candidat n’appartenant pas à leur groupe ethnique.

Scissions possibles

Selon un diplomate, qui a demandé à conserver l’anonymat, le pays pourrait tout de même se diviser en fonction des axes ethnorégionaux ; les résultats ne seraient alors acceptés que par une seule moitié du pays. « Il s’agit d’un scénario catastrophe à la suite duquel la paix fragile que nous avons mis tant de temps à consolider pourrait s’effondrer ».

Les Konos, un groupe ethnique lié aux Mandes, sont des électeurs clés dans le cadre du deuxième tour. Selon plusieurs sources, ils auraient prêté un serment d’allégeance collectif au parti au pouvoir, le PPSL ; pourtant, individuellement, bon nombre d’entre eux semblent vouloir rompre avec la tradition et voter pour le candidat de l’opposition.

Cela pourrait en partie expliquer les tensions à l’origine des émeutes qui ont eu lieu dans la région.

Les émeutes

Les émeutiers de Kono ont détruit une maison ainsi que d’autres biens, et tiré au lance-pierre les uns sur les autres, a rapporté Santigie Koroma, l’inspecteur adjoint de la police de Kono, sur les ondes de la radio des Nations Unies le 28 août, ajoutant cependant que la blessure la plus grave avait été un pouce cassé.

Malgré tout, les autorités de Kono ont imposé un couvre-feu du crépuscule à l’aube et, le lendemain, tout était rentré dans l’ordre, selon M. Koroma.

A Freetown, le 27 août, la police a eu recours au gaz lacrymogène pour disperser les partisans du parti au pouvoir et de l’opposition, qui se lançaient des pierres. Selon plusieurs témoins, des centaines de représentants des forces de sécurité se trouvaient dans la zone, en état de haute alerte.

dh/nr/cb/nh/ads


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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