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Appel à la transparence dans les essais sur les microbicides

[South Africa] Selinah Mashinini, a single HIV-positive mother who lives with her sister and children in Alexandra township. [Date picture taken: 11/2006] Giséle Wulfsohn/IRIN
Women are still blamed

La confusion règne au sujet des risques liés aux essais de microbicides, après l’interruption d’un essai la semaine dernière, les premiers résultats ayant montré que ce prophylactique pouvait augmenter le risque d’infection au VIH au lieu de le diminuer.

La ministre sud-africaine de la Santé, Manto Tshabalala-Msimang, a ordonné une enquête sur ces essais impliquant plus de 600 femmes de la province du KwaZulu-Natal, qui faisaient partie d’un programme de recherche sur Ushercell, un microbicide en phase de test au Bénin, en Afrique du Sud, en Ouganda ainsi qu’en Inde.

La semaine dernière, l’organisation américaine de recherche en matière de santé reproductive, CONRAD, qui finançait le programme, a annoncé qu’elle interrompait ces essais.

Les microbicides incluent différents produits (gels, films, éponges) qui contribuent à prévenir la transmission du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles. Jusque là, aucun microbicide ne s’est avéré efficace.

Il y a eu une indignation publique autour des derniers développements de cette affaire, intensifiée par la presse à sensation décrivant ces femmes comme des «cobayes» et affirmant que les participants à ces essais de microbicides étaient poussés à fréquenter des bars et autres lieux de divertissement similaires et à avoir des rapports sexuels non protégés.

Le Conseil pour la recherche médicale (MRC), qui a mené l’enquête, a démenti les déclarations des media, en affirmant que ces essais cliniques pour la prévention du VIH étaient menés avec l’accord préalable du Comité d’éthique de recherche biomédicale de l’Université du KwaZulu-Natal.

«Conformément à notre protocole d’accord [MRC] avec les participants et le ministère de la Santé, les participants bénéficient de l’assistance des chercheurs du MRC, qui leur expliquent les éventuels avantages et risques pour la santé que présentent de tels essais», a déclaré à IRIN/PlusNews le principal enquêteur du MRC dans le cadre des essais Ushercell, Roshini Govinden.

Evoquant des considérations éthiques, Mme Tshabalala-Msimang a ainsi déclaré que «tout en soutenant toute forme d’innovation à travers la recherche, le gouvernement sud-africain est néanmoins déterminé à préserver la bonne santé de ses populations».

La ministre a demandé au Conseil national de l’éthique en matière de recherche sur la santé de chercher à savoir si les éventuels participants avaient reçu des informations suffisantes leur permettant de prendre la décision réfléchie de participer.

Au cours des dernières années, d’autres essais avaient soulevé des inquiétudes quant au traitement des volontaires africains : en 2004, une série d’articles de l’agence de presse américaine Associated Press révélait que les autorités sanitaires américaines avaient dissimulé l’information sur les effets potentiellement négatifs de la Nevirapine, un antirétroviral, et affirmait qu’il existait des failles dans l’étude ougandaise chargée de mesurer l’innocuité et l’efficacité de ce médicament.

Le parti sud-africain au pouvoir, le Congrès national Africain (ANC), a par la suite accusé les autorités sanitaires officielles américaines ainsi que les activistes locaux luttant contre le sida de «conspiration avec une firme pharmaceutique, les poussant à mentir pour promouvoir la vente de la Nevirapine», mais également d’utiliser les Africains comme des cobayes.

En Afrique de l’Ouest, en 2005, les essais d’un autre antirétroviral, le Tenofovir, avaient été interrompus après l’éclatement d’un conflit entre les chercheurs et les activistes sur la manière dont les essais étaient menés.

Les communautés sont-elles impliquées?

Dawn Cavanagh, un défenseur des microbicides, reste sceptique face à l’indignation provoquée par les essais de microbicides, car le public avait montré peu d’intérêt pour la recherche sur les microbicides en Afrique du Sud, avant la couverture médiatique de cette semaine.

«Espérons que toute cette indignation se traduira en énergie et en activisme, et que davantage de personnes seront impliquées», a-t-elle dit, car la participation de la communauté à la recherche en cours sur les microbicides n’était qu’une «politique de pure forme».

M. Govinden, du MRC, a déclaré que «bien qu’il n’y ait eu aucun groupe consultatif communautaire officiel, du fait de l’ampleur du domaine de recherche, il demeure vital de nouer des partenariats dans le cadre des essais cliniques de prévention du VIH. En outre, les parties prenantes au niveau des communautés avaient été impliquées dans le processus de recherche, dès le début…avec des mises à jour régulières sur la progression des essais. »

Mme Cavanagh, qui évolue dans une ONG locale, le Forum pour la responsabilisation des femmes, et sensibilise les femmes sur les microbicides, a récemment remis en question les systèmes mis en place pour assurer l’implication des communautés dans ces essais.

La plupart des mécanismes locaux de soutien ne disposent pas d’une responsabilité suffisante et manquent d’autonomie, car ayant été mis sur pied par les agences de recherche.

«Comment des personnes ordinaires, d’un niveau à la base, qui n’ont jamais été exposées à un discours de ce niveau peuvent-elles s’engager [aux côtés des chercheurs] et traiter avec ces derniers d’égal à égal ?», a-t-elle demandé.

Les standards ainsi que les principes de référence concernant la manière d’intégrer les communautés à la recherche sur les microbicides «n’étaient même pas appliqués correctement», s’est-elle indignée.

Le public, les activistes et les communautés n’ont pas non plus joué leur rôle. «Nous ne sommes pas parvenus à maîtriser les choses, espérant quelque part que quelqu’un d’autre viendrait gérer les choses à notre place», a-t-elle reconnu.

Selon Mme Cavanagh les chercheurs ne pouvaient pas ignorer les communautés, dans le cadre de la création d’une méthode efficace de prévention du VIH pour les femmes.

«Sans une réelle participation des femmes à ce processus de recherche, personne ne les utilisera [les microbicides]», a-t-elle analysé.

Le MRC est parvenu à récupérer 250 échantillons Ushercell des participants à l’essai. D’autres essais de microbicides se poursuivent à travers le monde.

hh/kn/he/



This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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