« Ouadda-Djalle a été reprise dimanche sans aucune résistance de la rébellion », a indiqué Cyriaque Gonda, le porte-parole de la Présidence.
La reconquête d’Ouadda-Djalle, dans la préfecture de Vakaga, met fin à l’occupation de plusieurs villes du nord par l’Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR), une coalition de groupes rebelles qui a déclenché le 30 octobre un mouvement insurrectionnel menant à la prise de la ville de Birao, capitale de la province de Vakaga. La ville d’Ouadda-Djalle se trouve à une centaine de kilomètres au sud de Birao.
Depuis la reprise d’Ouadda-Djalle, le capitaine Diego Albator Yao, responsable des opérations militaires de l’UFDR, est injoignable.
Selon les forces rebelles, elles auraient pris les armes pour « protester contre la politique exclusionniste » du gouvernement de M. Bozizé qui, après avoir renversé le Président Ange-Félix Patassé, en mars 2003, a instauré un pouvoir basé sur des considérations ethniques.
Outre Ouadda-Djalle et Birao, l’armée centrafricaine, avec l’aide des troupes françaises, a successivement repris les villes d’Ouadda, Sam-Ouandja et Ndele. En effet, liée par des accords de coopération militaire avec la République centrafricaine (RCA), et à la demande du Président Bozizé, la France a fourni un soutien logistique à l’armée centrafricaine pour mater la rébellion dans le nord et le nord-ouest du pays.
Six avions de combat et quatre hélicoptères ont été utilisés pour bombarder les positions des rebelles dans les villes occupées. En outre, des troupes de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) étaient aux côtés des troupes centrafricaines lors de la reconquête d’Ouadda et de Sam-Ouandja.
Selon certaines sources militaires à Bangui, la capitale, quelque 300 soldats français et 380 hommes des forces de la CEMAC auraient pris part aux opérations.
« Les forces loyalistes ont brillamment repris toutes les villes contrôlées par la rébellion qui est actuellement en déroute », a déclaré lundi le porte-parole de la Présidence, M. Gonda.
Pourtant, beaucoup d’habitants de Bangui ont du mal à croire que l’armée a pu reprendre toutes les villes précédemment détenues par les rebelles.
Pour le chauffeur François Bassole, c’est l’avenir du pays qui est préoccupant. « Le gouvernement a annoncé que l’armée avait repris le contrôle de tout le territoire, mais les rebelles se terrent encore dans la brousse, et ils peuvent revenir », a-t-il déploré.
Un point de vue que partage un officier de l’armée qui a requis l’anonymat. Le problème reste entier, a-t-il souligné, malgré la reprise de toutes les villes.
« C’est bien d’avoir repris toutes ces villes, mais le plus difficile reste à faire : Débarrasser la région de ces bandes armées », a-t-il ajouté.
Depuis fin octobre, la rébellion a intensifié ses opérations dans le nord de la RCA et les autorités centrafricaines avaient alors accusé le Soudan de soutenir les rebelles de l’UFDR. Au mois de novembre, après la prise des villes du nord et du nord-est, Bangui avait affirmé que les rebelles venaient de la région du Darfour, des affirmations aussitôt démenties par le Soudan. La rébellion, pour sa part, avait soutenu qu’elle n’avait aucun lien avec le Soudan.
La recrudescence des activités de la rébellion dans le nord a provoqué le déplacement de milliers de civils dont certains se sont réfugiés au Soudan, et d’autres dans la brousse. Selon certains témoignages, des viols auraient été commis dans certaines villes assiégées et le gouvernement et les rebelles de l’UFDR s’accusent mutuellement d’abus des droits de l’homme.
Jusqu’à présent, aucune organisation humanitaire n’a pu dresser un tableau précis de la situation des populations civiles dans la région, puisque cette dernière est inaccessible depuis la prise de Birao par les rebelles.
Selon Maurizio Giuliano, chargé de l’Information publique au Bureau du Coordonnateur résident et humanitaire des Nations Unies à Bangui, en République centrafricaine, certaines organisations humanitaires se sont rendues dimanche à Birao.
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