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La rue, terrain propice au VIH/SIDA

[DRC] Bumi house in Lubumbashi takes care of street children and gives them an opportunity to go to school. [Date picture taken: July 2006]
Anne Isabelle Leclercq/IRIN
Nick avait sept ans lorsqu’il a été accusé de sorcellerie et s’est enfui de son village. Arrivé seul par un train de nuit à Lubumbashi, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC), l’un de ses premiers combats d’enfant des rues a été d’apprendre à se défendre contre la violence.

«Les plus grands [des enfants des rues] nous embêtent, ils nous arrachent notre argent, nos vêtements, notre nourriture et puis ils veulent nous forcer à ‘faire les rapports sexuels’. Les soldats aussi nous embêtent», raconte ce garçon frêle âgé aujourd’hui de 10 ans, qui flotte dans son tee-shirt délavé barré d’un ‘Luttons contre le sida et la séparation familiale’, souvenir de la Journée de l’enfant africain le 16 juin dernier.

Peu après son arrivée, Nick s’est rendu chez des religieuses qui l’ont orienté vers la maison Bumi (‘La vie’, dans l’une des langues locales), une ONG qui accueille les «shegue», surnom donné aux enfants des rues par l’artiste congolais Papa Wemba.

La majorité des quelque 5 000 enfants qui auraient trouvé refuge dans les rues de Lubumbashi, capitale du Katanga, une région très touchée par des années de guerre, a été chassée par leur famille, qui, trop pauvres pour pouvoir les nourrir, les ont accusé de sorcellerie pour s’en séparer.

Outre la sorcellerie, les maladies sont également une raison de se défaire de ces enfants. «Peu à peu, on s’est rendu compte qu’il y avait aussi le problème des maladies chroniques, comme le sida, on chasse les enfants [infectés au VIH] parce qu’ils coûtent trop cher, ou, même s’ils ne sont pas séropositifs, parce leurs parents sont morts du sida et que les familles veulent récupérer l’héritage», a dit Thérèse Ilunga, co-fondatrice avec son mari, de Bumi.

A leur arrivée à la maison Bumi, ces enfants bénéficient d’un contrôle médical général dans le centre sanitaire que gère l’association. En cas de doute, le test de dépistage du VIH est proposé aux plus grands, et fait aux plus petits : sur les quelque 140 enfants que Bumi accueillait en juillet, environ 10 d’entre eux étaient séropositifs et sont pris en charge par l’association et ses partenaires.

S’il est souvent difficile de savoir dans quelles circonstances a eu lieu la contamination au VIH, en revanche une chose est certaine: les conditions de vie dans la rue exposent les «shegue» au virus, surtout les filles.

«Les filles des rues sont quasiment toutes contraintes à se prostituer pour survivre, elles le font pour leur copain, pour le groupe qui les entoure et pour les clients», a constaté Bony, chargé de la protection pour le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) à Lubumbashi.

Et les violences que ces enfants, garçons ou filles, subissent, sont courantes. Parmi les 300 à 400 enfants des rues qui fréquentent quotidiennement le centre Bakanja, fondé par les pères salésiens, dans le centre-ville, beaucoup finissent par reconnaître qu’ils en ont été témoins ou victimes.

«Les grands [ont] des rapports sexuels avec les petits, beaucoup, surtout la nuit, ils leur offrent un repas et après ils disent qu’il faut ‘faire des rapports’», a expliqué Franklin, 19 ans. Pour sa part, il a passé la moitié de sa vie dans les rues de Lubumbashi et affirme y avoir toujours échappé. «Je me suis fait beaucoup taper mais maintenant j’ai grandi, je tape aussi, je me défends.»

Car lorsqu’il s’agit de se protéger, ces enfants sont souvent livrés à eux-mêmes. Les agresseurs bénéficient même de la complaisance des forces de l’ordre, a affirmé Franklin. Les autorités locales reconnaissent cette réalité, contre laquelle elles essayent de lutter avec le soutien de leurs partenaires.

L’Unicef a soutenu l’ouverture de centres d’information sur le VIH/SIDA pour les jeunes, qu’ils viennent de la rue ou non. Quatre de ces centres ont été mis en place à Lubumbashi, où ils proposent des activités ludiques et des informations sur l’épidémie, ainsi que des préservatifs.

Surtout, pour tous les acteurs humanitaires travaillant avec les enfants des rues, le meilleur moyen de les protéger des violences et d’une éventuelle infection au VIH est de retisser les liens familiaux ou communautaires qui ont été rompus par la guerre, la pauvreté ou la maladie.

Dans un contexte où le nombre d’enfants des rues ne cesse d’augmenter, ce travail est nécessaire, a conclu Mme Ilunda, de Bumi. «Si nous n’agissons pas au niveau des familles et si nous acceptons de prendre [tous les enfants] sans rien dire, nous aurons toute la ville ».

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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