Acclamé à son arrivé lundi à Yenagoa, la capitale de l’Etat de Bayelsa, par des milliers de sympathisants, le gouverneur Diepreye Alamieyeseigha a remercié Dieu de lui avoir permis de rentrer chez lui.
Alamieyeseigha a été arrêté en septembre par Scotland Yard à l’aéroport Heathrow, en Grande Bretagne, alors qu’il s’apprêtait à rentrer au Nigeria après un séjour en Allemagne. Il avait été accusé de blanchiment de la somme de 1,8 millions de livres, soit plus de 3 millions de dollars américains, trouvée dans sa maison à Londres.
Mis en liberté sous caution, son passeport a été confisqué et une interdiction de sortie du territoire lui a été notifiée.
Son immunité diplomatique a été rejetée par les autorités britanniques, une décision soutenue par le président nigérian Olesegun Obasanjo qui a demandé que des poursuites judiciaires soient engagées contre le gouverneur. Cette décision s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la corruption des personnalités politiques au Nigeria, pays producteur de pétrole.
Selon Transparency International, une organisation basée à Berlin, le Nigeria a fait des progrès dans la lutte contre la corruption. Dans son indice de perception de la corruption publié en 2005, le Nigeria est classé 152ème sur les 159 pays étudiés, alors qu’en 2004, il était classé à l’avant dernière place.
Lors de sa comparution devant la Cour, M. Alamieyeseigha, qui est membre People’s Democratic Party, le parti au pouvoir au Nigeria, a clamé son innocence. Il a plus tard accusé M. Obasanjo d’avoir organisé son arrestation pour le punir du soutien qu’il avait apporté au Vice-président Atiku Abubakar lors du conflit politique qui a déchiré le parti.
Nuhu Ribadu, le président de la Commission pour les délits économiques et financiers a déclaré à la presse que le gouverneur s’était enfui habillé en femme et avait voyagé sous une fausse identité. Il a avoué regretter que son institution ne puisse arrêter et poursuivre M. Alamieyeseigha qui, selon la constitution nigériane, bénéficie de l’immunité que lui confère son statut de gouverneur.
La Haute commission britannique au Nigeria a qualifié la fuite du gouverneur de « choquante et lamentable », et ajouté que la Grande-Bretagne espérait encore pouvoir le traduire en justice.
« La police métropolitaine de Londres demandera à la Cour qui a ordonné sa liberté sous caution de délivrer un mandat d’arrêt contre lui si toutefois il revenait en Grande-Bretagne », a déclaré le porte-parole britannique, Graeme Bannatyne.
M. Alamieyeseigha est le deuxième gouverneur d’un Etat nigérian à être accusé de blanchiment d’argent en Grande-Bretagne. Joshua Dariye, le gouverneur de l’Etat du Plateau avait été arrêté l’année dernière et avait bénéficié plus tard d’une liberté sous caution, ce qui lui avait permis de rentrer Nigeria. Mais par la suite, il ne s’est pas présenté aux rendez-vous fixés par la police.
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