Dokubo-Asari, le chef du NDPVF (Niger Delta People's Volunteer Force), un mouvement en conflit ouvert avec les autorités nigérianes au sujet de la manne pétrolière, a été arrêté il y a trois jours.
Il a comparu devant la cour jeudi où un juge a ordonné sa mise en détention pendant deux semaines, le temps pour la justice de constituer un dossier d’accusation.
« Voilà une preuve évidente de la dictature dans ce pays », a lancé à la presse Dokubo-Asari, vêtu d’un uniforme bleu, alors qu’il était conduit au camion cellulaire de la police.
De sources policières, on indique que le chef de la milice a été arrêté suite aux récentes déclarations qu’il a faites sur son combat pour la désintégration du Nigeria, au cours d’un entretien accordé à un journal.
Le ministre de la Justice, Bayo Ojo déclarait jeudi que les chefs d’accusation d’association de malfaiteurs et de trahison, passibles de la peine de mort, seront retenus contre Dokubo-Asari et lui seront notifiés dans deux semaines.
“Personne ne peut intimider le gouvernement. Le gouvernement ne croisera jamais les bras devant des gens qui tentent de l’impressionner”, a indiqué M. Ojo.
Le NDPVF de Dokubo-Asari avait menacé mercredi de tout détruire dans le delta du Niger, une région qui fournit la quasi-totalité des 2,5 millions de barils de pétrole produits chaque jour au Nigeria, pour exiger la libération de leur chef.
Jeudi, ses militants avaient indiqué avoir pris le contrôle des installations pétrolières des sociétés Chevron et Royal Dutch Shell.
« Ce matin nous avons pris le contrôle de deux stations de pompage appartenant à la société Chevron et d’une autre station appartenant au groupe Shell » a déclaré à IRIN l’adjoint de Dokubo-Asari. « Nous en avons marre ».
Sans fournir plus de détails, un représentant de Chevron a confirmé que des milices armées, se déplaçant en hors-bord, contrôlaient leurs installations pétrolières d’Idama.
La Royal Dutch Shell n’a ni confirmé ni démenti les allégations selon lesquelles ses installations avaient été attaquées par les miliciens. A en croire les informations recueillies par l’agence de presse Reuters, le personnel non essentiel de la société avait été évacué d’une des plates-formes pétrolières de la société.
Le géant pétrolier a également recommandé à son personnel travaillant au siège de la compagnie, au terminal pétrolier de Port Harcourt, de ne pas se rendre au travail compte tenu de la situation qui prévaut actuellement.
Des centaines d’agents de police ont été envoyées en renfort cette semaine dans la région du delta où la tension est encore vive.
Selon des témoins, des militants armés de machettes et de fusils d’assaut ont manifesté dans Port Harcourt, incendié des pneus dans les rues et bloqué une artère principale de la ville. Mais nul ne sait de quelles ressources, en hommes et en armes, dispose le mouvement sécessionniste.
L’année dernière, Dokubo-Asari avait menacé de s’attaquer à l’industrie pétrolière du Nigeria. Cette menace avait provoqué une hausse spectaculaire du cours du baril de pétrole qui avait atteint des niveaux record. Après des échanges de coups de feu entre ses militants et l’armée, l’affrontement a été évité de justesse après l’entrevue que le chef de la milice a eue avec le président nigérian Olusegun Obasanjo.
Dokubo-Asari avait accepté de désarmer et de restituer des centaines d’armes en échange d’une amnistie et d’importantes sommes d’argent.
Le militant révolutionnaire Dokubo-Asari est considéré comme un héro par la communauté Ijaws, le groupe ethnique majoritaire dans la région du delta du Niger dont les habitants revendiquent un meilleur partage et contrôle de la manne pétrolière.
Le delta du Niger a été instable pendant des années car les minorités ethniques de la région s’estiment spoliées de leurs richesses et exploitées par les joint-ventures dirigées par le gouvernement nigérian et les compagnies pétrolières internationales.
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