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Les réformes de Gbagbo déçoivent les partis de l’opposition

[Cote d'Ivoire] Opposition leader Alassane Ouattara (second from left), President Gbagbo (center) and former president Henri Bedie (right) having an informal conversation in July 2004 in Accra. UN photo/ Sekinde Debebe
Opposition leader Alassane Ouattara (second from left), President Gbagbo (center) and former president Henri Bedie (right) together with rebel representatives have struck repeated, failed, deals
Les réformes cruciales promulguées par décret par le président Laurent Gbago ne sont pas conformes aux termes de l’accord de paix signé à Pretoria sous l’égide des autorités sud-africaines et censé ouvrir la voie aux élections présidentielles d’octobre, ont indiqué mercredi l’opposition et le mouvement rebelle des Forces nouvelles qui occupent le nord de la Côte d’Ivoire.

Selon la coalition du G7, qui regroupe le mouvement rebelle des Forces nouvelles et les quatre principaux partis de l’opposition parlementaire, les trois réformes clés promulguées par décret, le 15 juillet dernier, par le président Gbagbo, ne sont pas conformes à la lettre et à l’esprit de l’accord de Pretoria.

Ces réformes portent sur la nationalité, la naturalisation et la définition des pouvoirs et de la composition de la Commission électorale indépendante.

« Le G7 affirme une nouvelle fois que ces réformes ne correspondent pas aux dispositions de l’accord signé à Pretoria », a déclaré Alphonse Djédjé Mady, président du G7, lors d’une conférence de presse tenue à Abidjan.

Selon Alphonse Djédjé Mady, les lois promulguées par M. Gbagbo, qui n’ont pas été approuvées par l’Assemblée nationale, limiteraient le nombre de personnes autorisées à voter lors des élections d’octobre et restreindraient les pouvoirs de la Commission électorale indépendante, qui ne serait plus en mesure de superviser efficacement le scrutin.

En Côte d’Ivoire, les immigrés originaires d’autres pays d’Afrique de l’Ouest représentent, avec leurs descendants, environ un quart de la population totale (16 millions d’habitants).

Depuis le début de la guerre civile, il y a trois ans, beaucoup sont persécutés par les sympathisants du président Gbagbo. Il faut donc s’attendre à ce que la plupart d’entre eux votent pour les candidats de l’opposition, si on leur accorde le droit de vote pour les prochaines élections présidentielles.

Selon M. Djédjé Mady, les amendements apportés par le président Gbagbo au code de la nationalité ne permettent pas aux descendants de ressortissants étrangers nés entre le 20 décembre 1961 et le 25 janvier 1973 d’obtenir la nationalité ivoirienne.

De ce fait, de nombreux partisans potentiels de l’opposition, ayant entre 32 et 44 ans, ne pourront pas avoir de carte d’électeur.

Toujours selon M. Djédjé Mady, ni le gouvernement ni l’opposition n’aurait été consulté avant la mise en place des réformes. Au vu de la situation, le G7 a demandé l’intervention du président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur officiel du conflit ivoirien.

Les lois portant sur l’obtention de la nationalité, des permis de travail et du droit de vote sont très controversées en Côte d'Ivoire depuis l’accession au pouvoir de l’ancien président Henri Konan Bedié, dans les années 1990.

L’ex-président avait créé le concept de l’ « Ivoirité », une doctrine nationaliste selon laquelle les vrais Ivoiriens sont ceux dont les aïeux vivaient déjà à l’intérieur des frontières géographiques du pays.

Selon les défenseurs de ce concept, l’Ivoirité définit une identité culturelle dans un pays où des millions de personnes ont des origines burkinabées, maliennes, guinéennes, etc.

Ses détracteurs, en revanche, perçoivent l’Ivoirité comme l’expression d’un sentiment ultra-nationaliste, qui engendre des actes de discrimination à l’encontre des populations immigrées et des citoyens naturalisés.

Le mécontentement causé par les réformes jette un pavé dans la mare politique ivoirienne à un moment critique. Il intervient en effet juste après la flambée de violence de ce week-end, et quelques jours seulement avant le début, maintes fois repoussé, du processus de désarmement des forces rebelles.

Samedi soir, des individus armés non identifiés ont pris d’assaut une gendarmerie et un commissariat de la banlieue d’Abidjan. Ils ont ensuite libéré 217 prisonniers incarcérés à la prison d’Agboville, une ville située 80 km au nord, avant d’être dispersés par l’armée.

Selon le général Philippe Mangou, chef d’état-major de l’armée nationale, sept membres des forces de sécurité et 17 assaillants auraient été tués au cours des affrontements.

Selon les sympathisants du président Gbagbo, les attaques auraient été commanditées par les rebelles.

La coalition du G7 a demandé une enquête approfondie pour faire la lumière sur cet incident, mais M. Djédjé Mady a suggéré lundi qu’il suspectait les hommes du président d’avoir organisé l’attaque dans le but de déstabiliser davantage un processus de paix fragile.

Dimanche prochain commencera le transfert de plus de 40 000 combattants rebelles vers des sites de cantonnement. Par la suite, à la fin du mois de septembre, les combattants devront restituer leurs armes aux forces de maintien de la paix des Nations unies.

Mais ce processus semble à présent menacé, aucune avancée n’ayant été constatée concernant le désarmement et la démobilisation des milliers de miliciens pro-gouvernementaux du sud du pays, une région contrôlée par le gouvernement.

Selon les termes de l’accord de paix de Pretoria II, signé le 29 juin, l’armée devait commencer à désarmer ces milices au début du mois de juillet.

La Côte d’Ivoire est coupée en deux depuis septembre 2002, à la suite d’une tentative de coup d’Etat destinée à renverser le président Gbagbo.

L’accord de paix de Linas Marcoussis signé en janvier 2003 s’était soldé par un échec. Alors que des tensions continuaient de secouer la Côte d’Ivoire, donnant lieu à des flambées de violence répétées, les acteurs du conflit multipliaient les sommets de réconciliation pour tenter de relancer le processus de paix. C’est dans ce contexte que s’inscrit le sommet de Pretoria II, dernière rencontre en date.

Charles Blé Goudé est le leader des Jeunes patriotes, un mouvement de jeunes militants partisans de Gbagbo. Mardi dernier, il a fait une apparition à la télévision nationale pour inciter ses camarades à perturber les rassemblements politiques de l’opposition.

A la suite de cet appel, des Jeunes patriotes ont encerclé le quartier général du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et passé à tabac des sympathisants, selon M. Djédjé Mady, secrétaire général du parti.

Mercredi dernier, la coalition du G7 a annoncé son intention de poursuivre en justice M. Blé Goudé pour avoir passé à tabac et torturé des partisans de l’opposition.

This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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