Mandaté par l’Union africaine (UA), Mbeki a convoqué cette nouvelle réunion après que les forces rebelles qui occupent le nord de la Côte d’Ivoire ont, à deux reprises, manqué d’honorer les échéances (le 14 mai, puis le 27 juin) fixées pour le début du désarmement, conformément au précédent accord de paix de Pretoria d’avril dernier.
Les forces rebelles refusent de restituer leurs armes, aux motifs que le président Gbagbo doit d’abord désarmer les milliers de miliciens qui soutiennent ses forces armées et accélérer les réformes politiques dont le principe de l’application a été accepté il y a deux ans.
Dans l’entretien qu’il a eu avec la presse, en marge des pourparlers, le ministre des Affaires étrangères sud-africain, Aziz Pahad, a mis l’accent sur la nécessité pour Gbagbo d’accélérer les réformes et a tenté de convaincre les forces rebelles de reprendre leur place au sein du gouvernement de réconciliation nationale de la Côte d’Ivoire.
Notant les "retards prolongés et graves" dans la mise en œuvre des accords du premier sommet de Pretoria, Pahad a déclaré : « l’unité totale du gouvernement de réconciliation nationale n’a pas été rétablie et il ne reste plus beaucoup de temps pour organiser le premier tour des élections présidentielles prévue le 30 octobre ».
Pahad a particulièrement insisté sur le nécessité pour le parlement d’approuver le projet de loi portant sur la révision de la composition de la Commission électorale nationale. Le vote de cette loi, qui donnerait aux forces rebelles et aux partis de l’opposition parlementaire une plus grande représentation dans la Commission, est bloqué par le FPI (Front populaire ivoirien), le parti de Gbagbo.
Dans une brève intervention faite avant sa rencontre à huis clos avec les leaders ivoiriens, Mbeki a indiqué que les participants à ce sommet examineraient les progrès accomplis dans la mise en œuvre du précédent accord de Pretoria.
"Nous examinerons chaque point et prendront les mesures appropriées pour faire avancer le processus de paix", a indiqué le président.
Silvere Nebout, conseiller en communication du président Gbagbo, s’est dit confiant quant à la tenue de l’élection présidentielle à l’échéance prévue.
« Nous croyons encore que les élections se tiendront le 30 Octobre », a indiqué Nebout.
« La clé, bien évidemment, est le processus de désarmement, pour lequel aucun progrès n’a été réalisé », a-t-il ajouté.
Alassane Ouattara, leader de l’opposition et adversaire de Gbagbo aux prochaines élections présidentielles, a profité d’une pause dans les pourparlers pour confier à IRIN que les "négociations avançaient bien" ; il n’a fait aucun autre commentaire.
Le conseiller juridique de Mbeki, Mojanku Gumbi, a indiqué que le sommet, appelé déjà « Pretoria II » par la presse ivoirienne, s’était poursuivi tard dans la soirée de mardi.
Les principaux protagonistes du conflit ivorien étaient présents à ce sommet : le président Gbagbo, le chef des rebelles, Guillaume Soro, le premier ministre Seydou Diarra, Hendi Konan Bédié, l’ancien président de la République et chef de file du PDCI (Parti démocratique de la Côte d’Ivoire),le parti d’opposition le plus important à l’Assemblée nationale, et Ouattara, le leader en exil du RDR (Rassemblement des républicains), un parti d’opposition fortement soutenu par le mouvement des forces rebelles.
Toutes les délégations ivoiriennes sont arrivées dimanche en Afrique du sud.
Mbeki est le dernier d’une série de médiateurs internationaux qui ont tenté de mettre un terme à trois années de guerre civile en Côte d’Ivoire. Il a été mandaté en novembre dernier par l’Union africaine (UA), après que les forces aériennes de Gbagbo ont rompu le cessez-le-feu de 18 mois en lançant une série de raids aériens sur les positions des rebelles dans le nord.
Depuis lors, une fragile trêve a été instaurée. Mais en l’absence de progrès réel dans le processus de désarmement des forces rebelles et des milices pro-gouvernementale, un regain de tension est perceptible et certains diplomates envisagent ouvertement un report possible des élections pour disposer de plus de temps pour organiser le scrutin présidentiel.
Il n’y a plus eu d’affrontements directs entre le gouvernement et les forces rebelles depuis novembre dernier, mais plus de 100 personnes ont trouvé la mort, début juin, lors d’une série d’affrontements intercommunautaires qui a eu lieu près de la ville de Duékoué, une ville de l’ouest, située à proximité de la ligne de front.
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